Malgré le plafonnement des loyers de 3,8% imposé par le gouvernement Higgs l’an dernier, le prix moyen des logements a bondi de 8,9% au Nouveau-Brunswick entre octobre 2021 et octobre 2022.

D’après l’Enquête sur les logements locatifs de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la forte augmentation du prix des loyers se poursuit au Nouveau-Brunswick.

Entre octobre 2019 et octobre 2022, le loyer moyen des appartements a bondi de 25% à l’échelle de la province. Entre les mêmes mois de 2021 et de 2022, l’augmentation a été de 8,9%.

La hausse des prix des loyers a aussi été plus forte ici qu’ailleurs au pays.

À l’échelle canadienne, le loyer moyen des logements de deux chambres a connu une augmentation de 5,6%, contre 9,5% au Nouveau-Brunswick.

Dans les villes de Fredericton, Moncton et Saint-Jean, le prix moyen des appartements a respectivement grimpé de 9,4%, 6,7% et 12,1% entre octobre 2021 et 2022.

Les nouvelles données de la SCHL font craindre le pire à l’opposition officielle. Elle s’inquiète que les Néo-Brunswickois pourraient être confrontés à des hausses de loyer salées en 2023 puisque le gouvernement Higgs a décidé qu’un plafond sur les augmentations n’est plus nécessaire.

«Malgré le plafonnement de 2022, l’augmentation a pratiquement été équivalant à celui de l’inflation. Ça, c’est avec la protection! Imaginez sans plafonnement, s’est indigné Benoît Bourque, porte-parole libéral en matière de logements. Il n’y a aucune mesure depuis 2023, ça veut donc dire que les propriétaires ont le beau jeu d’augmenter les loyers comme ils veulent.»

Pour Megan Mitton, porte-parole du Parti vert en matière de logement, la décision de ne pas reconduire le plafond de 3,8% ne fera qu’aggraver la crise du logement dans la province.

«À Saint-Jean, le prix moyen du loyer d’un appartement de deux chambres a connu une augmentation de 15%. Les salaires n’augmentent pas d’autant et c’est vraiment difficile pour beaucoup de gens d’y arriver. J’aimerais voir une réaction plus forte de la part du gouvernement», se désole-t-elle.

Un plafonnement inefficace

Comment expliquer que le plafonnement de 3,8% des loyers instauré en 2022 par Fredericton ait tout de même pu mener à des augmentations comme celles décrites dans le rapport de la SCHL?

D’après Matthew Hayes, porte-parole de la Coalition des locataires du Nouveau-Brunswick, c’est la faiblesse des mesures mises de l’avant par le gouvernement qui explique l’inefficacité du plafonnement.

Par exemple, la limite d’augmentation des loyers ne s’appliquait qu’aux logements occupés. Rien n’empêchait un propriétaire d’augmenter le tarif de location d’un appartement au-dessus du seuil fixé par Fredericton à la suite d’un départ d’un locataire.

M. Hayes plaide donc pour la mise en place permanente d’un plafond sur la hausse des loyers, accompagné d’un mécanisme de contrôle des vacances.

«C’est une forme de contrôle de loyer qui inclut les unités vacantes, donc, si je laisse mon appartement, la personne qui arrivera ensuite sera toujours dans un appartement qui fait l’objet d’un contrôle des prix», explique le militant.

L’effet des nouvelles constructions

L’augmentation de 8,9% du loyer moyen à l’échelle de la province comprend le prix de location pour les appartements nouvellement construits en 2022 et ceux qui étaient déjà sur le marché locatif.

Pour l’économiste Richard Saillant, ces nouveaux logements ont contribué «à faire augmenter le prix moyen des loyers de manière assez importante.» Ils ne suffisent toutefois pas à expliquer l’augmentation rapportée, analyse-t-il.

M. Saillant fait remarquer que les données de la SCHL indiquent que le prix des loyers des unités déjà présentes sur le marché a lui aussi grimpé en flèche, enregistrant un bond de 7,1% entre octobre 2021 et octobre 2022.

Il est donc lui aussi d’avis que l’absence d’un mécanisme de contrôle sur les logements vacants a contribué à faire grimper le prix de loyers, tout comme le manque de protection contre les rénovictions.

«Pour que l’on puisse avoir une augmentation de 7,1%, les hausses de prix de loyer, à la suite de la signature de nouveaux baux ou de rénovictions, auront été considérables», dit M. Saillant.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick n’a pas souhaité commenter l’enquête de la SCHL.

Invitée à dire si les chiffres contenus dans le rapport pourraient justifier la mise en place d’un nouveau plafond sur les loyers, une porte-parole de Service NB a rappelé dans un courriel les diverses mesures mises en place par le gouvernement du Nouveau-Brunswick afin de protéger les locataires de la province.

Il a aussi été impossible de savoir quel pourcentage d’augmentation des loyers justifierait de nouvelles mesures.

«Nous continuerons à examiner et à traiter les problèmes de logement dans notre province et nous introduirons d’autres mesures si nécessaire», s’est contenté d’écrire Jennifer Vienneau.

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