Des opposants aux travaux de coupe de nettoyage sur l’ancien champ de tir attendent à l’entrée, du côté de Pont-Lafrance, afin de surveiller l’arrivée de la machinerie forestière. - Acadie Nouvelle: Bernard Haché
Déboisement de l’ancien champ de tir: des citoyens sur place pour s’opposer
Le ministère de la Défense nationale a indiqué, lundi, que les travaux de déboisement de l’ancien champ de tir de Tracadie allaient reprendre le jour même. Mardi, des citoyens qui s’y opposaient étaient déjà sur le pied de guerre.
Ils étaient une dizaine, mardi midi, à attendre les abatteuses à l’entrée de l’ancien champ de tir, du côté de Pont-Lafrance.
Le meneur du groupe, Raynald Brideau, a expliqué à l’Acadie Nouvelle que le déneigement du chemin Adélard avait commencé et que les citoyens, s’il le fallait, allaient passer la nuit sur place pour fermer la route à la machinerie forestière.
Cinq ou six policiers se sont pointés aux environs de midi pour parer à toute confrontation. Voyant qu’aucun incident n’allait momentanément se produire, ils sont repartis en milieu d’après-midi.
Des opposants aux travaux de coupe de nettoyage sur l’ancien champ de tir attendent à l’entrée, du côté de Pont-Lafrance, afin de surveiller l’arrivée de la machinerie forestière. À droite dans la photo, portant une casquette noire, Raynald Brideau, un des principaux organisateurs du mouvement d’opposition. – Acadie Nouvelle: Bernard Haché
L’opposition s’organise
Jeff Rousselle, l’auteur d’une pétition appelant à protéger l’ancien champ de tir, a rapporté à l’Acadie Nouvelle que les travaux de déboisement, du côté de Leech, ne débuteront que lundi prochain.
Afin de rappeler au gouvernement provincial, le propriétaire des terres en question, que la population n’approuve pas ses projets de bleuetières, une manifestation aura lieu dimanche matin à l’intersection des chemins Tommy et Leech.
M. Rousselle s’est souvenu que l’an dernier une manifestation avait réuni 400 personnes.
«On va s’arranger pour que tout le monde revienne», a-t-il ajouté.
Serge Brideau, bien connu pour son implication au sein de la SANB et dans le domaine musical avec le groupe les Hôtesses d’Hilaire, est également préoccupé par l’avenir de l’ancien champ de tir.
Depuis quelques années, il ne ménage plus les efforts pour protéger les 18 000 hectares de terre (45 000 acres) qui composent ce que les gens du coin appellent communément le «camp d’armée».
Il fait partie des organisateurs de la prochaine manifestation et il espère que le public répondra nombreux. «On voudrait le plus de monde possible.»
M. Brideau s’est toutefois montré amer devant la tournure des événements.
Depuis 2020, avec d’autres défenseurs de l’ancien champ de tir, il a multiplié les rencontres avec les élus provinciaux et fédéraux. La ministre de l’Agriculture, de l’aquaculture et des Pêches, Margaret Johnson, avait même accepté de visiter l’ancien champ de tir et ses environs.
«On lui a montré le grand désert bleu, en haut de Saint-Sauveur jusqu’à Brantville et Tabusintac», s’est souvenu M. Brideau.
Les efforts de sensibilisation n’auront cependant rien donné, a-t-il conclu.
Déception
«On avait juste demandé un moratoire et une consultation publique. Ça n’a jamais été fait, a constaté Serge Brideau. C’était simplement de la poudre aux yeux. Le gouvernement (provincial) persiste et signe.»
M. Brideau a d’autre part rappelé que de nombreux sites archéologiques autochtones ont été découverts sur l’ancien champ de tir. Plus d’une soixantaine, selon lui.
«À Gagetown, les Premières Nations ont demandé un arrêt de la décontamination, ce qu’elles ont obtenu. Des groupes des Premières Nations ont demandé la même chose pour le camp d’armée, mais ça n’a pas marché.»
«On prépare une manifestation dimanche. Je ne sais pas quoi faire après. On est à bout de souffle. On est tous des bénévoles et l’essence, ça coûte cher…»
«L’an passé, on a bravé le froid, des températures de -20°C. Tout le monde est resté paisible, mais cette année, il y a des producteurs…»
M. Brideau fait référence aux terres récemment offertes aux producteurs de bleuets: environ 2500 acres. Le projet total devrait doubler ce nombre.
«2500, 5000 acres… et ensuite, ce sera combien?», s’est-il demandé.
«Ce n’est pas nous autres qui mangerons ces bleuets-là. Ils seront exportés vers les marchés asiatiques et l’argent restera dans les mains d’un petit groupe de gens», a ajouté celui qui voudrait voir les terres profiter davantage à la population locale.