L’Université de Moncton a lancé sa stratégie 2023 – 2028. Elle souhaite renforcer son rôle unique dans l’enseignement postsecondaire: être une institution pour la communauté acadienne. En même temps, elle veut mieux intégrer ses étudiants étrangers et diversifier ses représentants.

«L’Université de Moncton n’est pas une université comme les autres. Elle a une osmose essentielle avec la communauté acadienne. Lorsqu’elle a la grippe, toute la communauté tousse, a déclaré le recteur, Denis Prud’homme. On ne peut pas y agir comme dans n’importe quelle grande université nord-américaine. Nous avons des responsabilités supplémentaires.»

C’est notamment ce principe qui a guidé l’élaboration de la stratégie 2023 – 2028 de l’U de M. Pendant sa présentation mardi, Dr Prud’homme a annoncé qu’il essaierait de faire en sorte que l’établissement génère des conséquences aussi importantes pour les Acadiens que lors de son lancement en 1963.

«En travaillant ensemble, nous continuerons à faire de l’Université de Moncton l’établissement phare en Acadie dans l’avancement des savoirs liés aux grands enjeux de société et, conséquemment, le premier choix pour les personnes désirant étudier en français», a-t-il assuré.

Le recteur veut aussi que l’U de M agisse comme catalyseur de la transformation du Nouveau-Brunswick et de la Francophonie. Il a évoqué par exemple les problèmes d’itinérance, de manque de logement, de toxicomanie, de protection de l’environnement, d’éducation et de santé.

Université engagée

«Nous parlons d’une université engagée, a précisé Dr Prud’homme. Ça veut dire sortir de nos salles de classe, de nos bureaux, de nos laboratoires et aller vers la communauté pour lui apporter notre expertise et notre aide. Nous devons prévenir les crises en prenant des initiatives avec nos partenaires de la société civile.»

Il a indiqué qu’il réfléchissait à créer un «incubateur de réflexion» sur des enjeux sociaux et des chaires de recherche au sein même de son établissement (en plus des chaires de recherche du Canada, par exemple).

«Travailler avec la communauté, ça prend du temps et ça ne se finit pas toujours par un article scientifique, a reconnu le Dr Prud’homme. Mais ç’a des conséquences importantes pour la société. Nous devons donc développer des façons de mieux mesurer les répercussions économiques, mais aussi sociales de l’U de M.»

Il a ajouté qu’il souhaite mieux mesurer et valoriser l’implication communautaire des professeurs, qui est peu prise en compte dans leurs évaluations.

«Une recherche qui est faite avec et pour la communauté va prendre beaucoup plus de temps qu’une étude en laboratoire avec des animaux, a avancé le recteur. Or, c’est facile d’évaluer le nombre d’articles écrits par un chercheur, moins de mesurer la répercussion sociale de l’amélioration des soins à domicile. C’est à nous de nous doter d’outils de mesure.»

 

Diversité valorisée

En même temps que d’être l’université de sa communauté, l’U de M souhaite s’ouvrir à la diversité.

«Les universités ont joué un rôle important dans le domaine de l’équité, de l’inclusion et de l’autochtonisation en donnant l’exemple, a soutenu Dr Prud’homme. Nous devons jouer un rôle.»

Le recteur a annoncé une mise à jour de la politique d’équité, diversité, inclusion et décolonisation de l’U de M. Il a ajouté que son établissement pratiquera la discrimination positive dans son recrutement avec des critères plus précis, plus de discipline et plus de sensibilisation.

«C’est encore plus important aujourd’hui, alors que 30% de notre clientèle est internationale. Ça vient enrichir la discussion, les idées et la créativité», a affirmé Dr Prud’homme.

La présidente de l’Association étudiante de l’U de M sur le campus de Shippagan, Aminata Nadia Wendyam Ouedraogo, lui a demandé des solutions pour mieux lier étudiants étrangers et acadiens.

«Il y a une culture de silos, notamment interculturels, au sein de notre institution, a reconnu Dr Prud’homme. Si nous voulons bénéficier des étudiants internationaux, nous devons mettre en place des mesures pour faciliter les interactions avec eux et favoriser la mixité.»

Il a suggéré de former les professeurs, de changer l’organisation des classes et de proposer des activités en dehors du cursus universitaire.

«Nous avons des étudiants internationaux, mais nous ne sommes pas encore une université internationale, a jugé Dr Prud’homme. Nous avons beaucoup de travail à faire pour atteindre cet objectif.»

La conseillère au service des bourses et de l’aide financière, Marielle DeGrâce, a évoqué les difficultés des étudiants étrangers à obtenir des bourses et des prêts étudiants.

«La majorité de nos bourses se destinent aux étudiants canadiens du Nouveau-Brunswick, a admis le recteur. Les critères sont tellement précis, que les bénéficiaires de certaines d’entre elles doivent obligatoirement venir de Neguac, par exemple. C’est une culture à changer chez nos donateurs.»

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