«On a besoin d’innovation, de faire les choses différemment. L’ancien système est brisé. Nous avons la chance de non seulement réviser le système actuel, mais aussi de créer des nouvelles façons de fournir des soins qui sont réalisables et durables, qui vont répondre aux besoins de notre population.»

La présidente de l’Association des infirmières praticiennes du Nouveau-Brunswick estime que le gouvernement provincial doit adopter des politiques semblables au reste du pays si on veut régler les problèmes dans notre système de santé.

«Le Nouveau-Brunswick est l’une des dernières juridictions au Canada à reconnaître, respecter et intégrer complètement les compétences des infirmières praticiennes (IP) pour la prestation des soins primaires», mentionne Chantal Ricard.

«Dans les autres provinces, il existe des modèles de financement qui permettent à ces praticiennes de travailler de façon indépendante, aux côtés d’autres professionnels de la santé dans des cabinets privés.»

Ces possibilités de pratique n’existent pas au Nouveau -Brunswick, selon elle.

«Les IP veulent être incluses dans les décisions et les discussions sur l’accès aux points de services et participer à l’élaboration des solutions,»

Sauf que tout ça va prendre de la volonté politique et surtout du financement, avance celle qui est infirmière depuis 2004 et praticienne depuis 2015.

«Beaucoup d’infirmières praticiennes quittent notre système de santé et la province. Ça va être difficile de les faire revenir parce que les possibilités d’emplois sont bien meilleures ailleurs», souligne Chantal Ricard.

«Avec le vieillissement de notre population et l’augmentation des maladies chroniques chez nos patients, les gens ont besoin de soins de santé primaires plus complexes. Ces soins nécessitent plus de temps», ajoute-t-elle.

«Présentement, nos fournisseurs de soins ont du mal à gérer ces besoins. Vous pouvez imaginer ce que l’avenir nous réserve.»

Là où elle rejoint le Collège des médecins de famille du Nouveau-Brunswick, c’est sur le travail en équipe et sur la collaboration entre les différentes professions dans le réseau.

«Les déclarations du Dre Boulay (la présidente du Collège des médecins) ou elle remet en question le rôle des infirmières praticiennes en temps que praticiennes indépendantes qui fournissent des soins de santé primaires sont déphasées par rapport au reste du pays et par rapport à l’expérience actuelle de nos patients et aux attentes des Néo-Brunswickois», croit celle qui oeuvre dans le milieu carcéral.

Rappelons que le Dre Karine Boulay avait mentionné la semaine dernière que les médecins et les infirmières praticiennes n’étaient pas interchangeables, mais complémentaires.

Les infirmières praticiennes ont un plus grand champ de pratique et sont plus autonomes que les infirmières traditionnelles.

Elles ont des habiletés d’évaluation des patients, peuvent poser des diagnostics, commander des tests, les interpréter, développer des traitements et prescrire des médicaments.

«On n’a jamais dit que les infirmières praticiennes et les médecins sont interchangeables. Mais il faut dire que le champ d’exercice d’une praticienne est large et chevauche beaucoup sur celui d’un médecin qui offre des soins primaires.»

Selon les chiffres avancés par Chantal Ricard, les infirmières praticiennes s’occupent présentement de 800 à 1000 patients.

«Nous faisons déjà partie de la solution. Les infirmières praticiennes sont beaucoup utilisées dans notre système de santé.»

Beaucoup de progrès

Melanie Desjardins-Bard est une infirmière praticienne à Grand-Sault.

Elle dit sentir la volonté de collaboration entre les médecins et les infirmières praticiennes.

«On n’est pas en train de créer une guerre entre les médecins et les infirmières. On a vraiment un intérêt commun de placer le patient au premier plan et de travailler côte à côte pour améliorer notre système de santé», raconte celle qui est infirmière praticienne depuis 2013.

Elle dit avoir vu une belle évolution de sa profession au cours de la dernière décennie.

«Au début de ma pratique, on n’avait pas le droit de prescrire des narcotiques. C’était un restriction qu’on avait. À la fin de 2014, on a finalement obtenu ce droit.»

Depuis 2016, les infirmières praticiennes ont le droit d’admettre des patients avec le programme extramural.

«Ça évite à nos patients de devoir se rendre à l’urgence puisque nous avons accès à toutes les ressources avec ce programme extra-mural. Comme on sauve beaucoup d’admissions à l’hôpital, on fait une grosse différence», souligne Mélanie Desjardins-Bard.

Les infirmières praticiennes ont d’ailleurs fait partie de la solution durant la pandémie, précise-t-elle.

«On assurait des soins autant virtuels qu’en personne. Beaucoup de patients ne pouvaient pas aller à l’urgence à cause des restrictions.»

Si elle pouvait compter sur plus de ressources (comme des infirmières auxiliaires pour faire le triage des patients, des inhalothérapeutes, des travailleurs sociaux), l’infirmière pourrait voir plus de monde..

Pour le moment, elle dessert 1200 patients.

Selon elle, le fait d’offrir plus de services dans la communauté permettrait de désengorger le système de façon importante.

«Les études montrent que les soins en communauté sont très appréciés par les gens..On veut offrir un meilleur accès au soin de santé et que les gens soient pris en charge rapidement.»

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