Jean-Marie LeBlanc a été hospitalisé à l’Hôpital régional d’Edmundston, en juin 2021, alors qu’il était en attente d’une place dans un foyer de soins de niveau 3. - Archives
Décès à l’Hôpital régional d’Edmundston: une famille en quête de réponses
La famille de Jean-Marie LeBlanc, décédé en décembre 2021 de ce qui serait une asphyxie par aspiration alimentaire, est toujours à la recherche des conclusions d’un rapport d’autopsie pour expliquer clairement les causes de sa mort.
Selon Gérald LeBlanc, fils du défunt, son père a été hospitalisé à l’Hôpital régional d’Edmundston, en juin 2021, alors qu’il était en attente d’une place dans un foyer de soins de niveau 3. Il était âgé de 89 ans.
Le 15 novembre, un drame survient. Il est victime d’une agression de la part d’un co-chambreur.
Selon M. LeBlanc, son père aurait reçu des coups de poing à la tête, en plus d’être étranglé avec le cordon de la robe de chambre de l’agresseur.
«Mon père s’est débattu avec ses mains pour retenir le cordon qui l’étranglait. Une chance que mon père avait des bras forts, car on voyait bien les égratignures et lacérations sur son cou. Mon père était assis dans sa chaise gériatrique pour le souper lorsque ça s’est produit», raconte Gérald LeBlanc.
Une plainte a été faite à la Force policière d’Edmundston quelques jours plus tard, mais la famille a constaté que l’état physique et mental de Jean-Marie LeBlanc s’est détérioré rapidement, à la suite de l’agression.
«Il ne pouvait plus parler et il avait beaucoup de difficulté à avaler ses aliments. Ils ont dû changer son alimentation en lui donnant des aliments en purée et des liquides épais. Il était anxieux et craignait d’être attaqué à nouveau par l’agresseur. Il est finalement décédé trois semaines après cette attaque», indique M. LeBlanc.
Dans cette optique, la famille a demandé qu’une autopsie soit faite afin d’obtenir la cause exacte du décès et le coroner a été informé le lendemain matin d’après Gérald LeBlanc.
Il explique ensuite que le 14 janvier 2022, le bureau du coroner a confirmé à la famille qu’une enquête avait été enclenchée, mais qu’il était en attente du rapport final d’autopsie.
«C’est là que l’on a commencé à se questionner sur ce qui se passait, étant donné qu’il n’y avait pas encore de rapport. Personne ne semblait avoir de rapport d’autopsie.»
Le 16 mai 2022, le coroner en place informe les membres de la famille de Jean-Marie LeBlanc qu’il n’a pas encore reçu le rapport. En juin, le dossier est envoyé à un autre coroner, car celui-ci prend sa retraite.
Le 13 décembre 2022, à la suite d’un autre appel au bureau du coroner, la famille apprend que le dossier a été transféré à un troisième coroner et que le dossier n’était pas encore complété.
«Depuis ce temps, aucune nouvelle de la part de la force policière ni de la part du procureur, ou de l’hôpital. Treize mois se sont écoulés et nous sommes encore en attente malgré toutes les démarches faites de notre part, c’est inacceptable», soutient Gérald LeBlanc.
«Tout a changé»
Même si Jean-Marie LeBlanc est décédé trois semaines après son agression, son fils se demande tout de même si celle-ci n’a pas été un facteur.
«La santé de notre père était très bonne avant l’agression et après cette attaque brutale, tout a changé. Il est devenu une personne confuse et on croit qu’il y a eu une gestion inadéquate du dossier de la part de l’hôpital.»
Bref, la famille LeBlanc dénonce un manque de transparence.
«L’hôpital ne veut pas collaborer avec nous, car c’est un dossier médical. La police dit qu’elle n’a pas de rapport d’autopsie et le coroner nous dit que le rapport n’est pas complet.»
«On déplore qu’il n’y ait pas de rapport d’autopsie. S’ils disent que l’attaque n’est pas une cause du décès, c’est une chose, mais on aimerait qu’il puisse y avoir une enquête publique pour prévenir ce genre de choses à l’avenir.»
Conscients des retards
Selon Geoffrey Downey, responsable des communications pour le bureau du procureur général, les services du coroner sont conscients des retards dans cette affaire et prévoient de rencontrer la famille sous peu pour faire le point sur l’état de l’enquête.
De son côté, le Réseau de santé Vitalité, par l’entremise de sa vice-présidente principale à la Performance, à la Mission universitaire et aux Stratégies, Brigitte Sonier Ferguson, a fait savoir qu’il ne pouvait divulguer de détails sur les patients, conformément à la Loi sur l’accès et la protection en matière de renseignements personnels sur la santé.
«Toute plainte que nous recevons est prise au sérieux, fait l’objet d’une analyse puis d’un suivi auprès du patient intéressé ou de ses proches (…) Par ailleurs, les enquêtes du coroner ne relèvent pas de la responsabilité du Réseau de santé Vitalité, mais bien du ministère de la Justice et de la Sécurité publique», a aussi répondu Mme Sonier Ferguson.
Verdict de non-responsabilité pour l’accusé
L’individu responsable de l’agression du 15 novembre 2021, Steve Thibault, était de retour en Cour provinciale d’Edmundston, vendredi.
Au terme d’une courte audience, le juge a conclu – après avoir écouté le procureur de la Couronne et l’avocat de la défense et lu l’évaluation psychiatrique faite au Centre hospitalier Restigouche – que l’accusé n’était pas responsable des ses actes au moment de l’incident, puisqu’il souffrait de troubles mentaux.
Selon les faits relatés par les avocats, des membres du personnel ont été alertés par des bruits venant de la chambre dans laquelle se trouvaient les deux hommes. Ils ont donc vu l’accusé en train d’étrangler la victime avec son cordon de robe de chambre. Jean-Marie LeBlanc a aussi été frappé au visage.
L’avocat de la défense a ajouté que l’accusé était en état de psychose et qu’il avait même tenté de s’évader une heure avant le drame. Il s’est aussi interrogé sur le fait qu’il ne se trouvait pas dans le secteur de la psychiatrie et qu’il n’était pas attaché. Il a toutefois indiqué qu’il ignorait pourquoi ce n’était pas le cas.
Le dossier de Steve Thibault sera remis dans les mains de la commission d’examen du Nouveau-Brunswick. Ce groupe est chargé de rendre ou de réviser une décision concernant des personnes accusées et déclarées inaptes à subir un procès ou non criminellement responsables pour cause d’aliénation mentale.
Le tribunal ou la commission d’examen peut rendre les décisions suivantes concernant l’accusé atteint de troubles mentaux:
- L’accusé peut être détenu dans un hôpital psychiatrique jusqu’à ce que la commission d’examen recommande une absolution sous condition ou inconditionnelle.
- L’accusé peut être autorisé à vivre dans la communauté sous la supervision d’intervenants en santé mentale. C’est ce qu’on appelle l’absolution sous condition.
- L’accusé peut jouir d’une absolution inconditionnelle. Cela signifie que l’accusé est libéré sans condition dans la communauté.