La mise à l’essai de nouveaux casiers sans cordage a été concluante ce qui fait qu’un plus grand nombre de crabiers pourra tester en 2023 cette nouvelle technologie, développée afin de minimiser les risques que posent les engins de pêche pour les empêtrements de baleines.

En 2022, Pêches et Océans Canada a livré 21 permis de pêche expérimentale afin de permettre la mise à l’essai d’engins de pêche sans cordage dans la zone 12 du sud du golfe Saint-Laurent.

L’adoption de casiers sans cordage est de plus en plus présentée comme une solution afin de permettre aux crabiers de poursuivre leurs activités de pêche dans des zones fermées en raison de la présence de baleines.

D’après Paul Robichaud, conseiller aux pêches et chargé de projet à la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP), l’expérience a connu un tel succès que 31 pêcheurs devraient poursuivre les essais lors de la prochaine saison.

«Ça s’était très bien passé, relate M. Robichaud. C’est sûr que ça nécessite de petits ajustements, comme avec n’importe quelle technologie, mais en général, on considère que l’expérience a été très positive. Nos pêcheurs qui ont utilisé cette technologie ont été contents de pouvoir pêcher dans des zones fermées, ç’a permis, dans bien des cas, d’aller capturer du crabe qu’il n’aurait pas été possible de capturer autrement.»

Plusieurs prototypes

Plusieurs entreprises s’affairent à développer des systèmes de casiers sans cordage afin d’éviter les empêtrements de baleines.

L’an dernier, les pêcheurs membres de la FRAPP et de l’Association des crabiers acadiens ont mis à l’essai un système développé par l’entreprise américaine EdgeTech et la firme d’ingénierie Corbo, à Caraquet.

D’après M. Robichaud, la FRAPP s’intéresse aussi à une technologie de Devocean, à Rimouski. Un prototype de l’entreprise pourrait même être testé cette année si les crabiers obtiennent davantage de permis auprès du MPO.

Depuis 2018, l’entreprise TH MR planche elle aussi sur un concept de bouée sans cordage.

Comme d’autres prototypes, la bouée est dotée d’un déclencheur acoustique. Le système permet d’enrouler le cordage dans une coquille afin de la maintenir immergée à quelques mètres au-dessus des casiers. Lorsque la bouée reçoit un signal envoyé depuis le pont du bateau, le cordage est libéré du caisson, la faisant remonter à la surface de l’eau.

Marcel Rancourt, responsable du développement des affaires de TH MR, était de passage à la piscine du Super 8 de Caraquet, lundi, afin de faire la démonstration de son prototype.

Au cours de la prochaine saison, une centaine de ses bouées devraient être mises à l’essai par des crabiers du Québec. Il espère que les pêcheurs acadiens leur emboîtent le pas.

D’après Paul Robichaud, le développement d’un nouveau prototype de bouées sans cordage représente une bonne nouvelle pour l’industrie de la pêche.

«On ne peut que saluer ce genre d’initiative, qui va nous aider à avancer dans la direction que l’on souhaite. Espérons que les autorités qui prennent les décisions, comme Pêches et Océans, seront en mesure de suivre la cadence et d’adapter la réglementation au même rythme que la technologie évolue», dit-il.

Des défis

M. Rancourt est convaincu que les entreprises qui développent des prototypes comme le sien représentent l’avenir de la pêche commerciale au crabe et au homard. Il reste toutefois encore certains défis avant qu’il soit envisageable de déployer ces systèmes à grande échelle.

Les bouées sans cordage de différents fabricants devront par exemple être capables de communiquer entre elles afin d’éviter que les pêcheurs posent par exemple leurs casiers aux mêmes endroits que ceux de leurs collègues.

Il s’agit toutefois de défis techniques surmontables, croit-il.

«On est capable de faire voler un hélicoptère sur Mars, on va être capable de trouver une solution pour faire déclencher une bouée, illustre-t-il. Ça va tout simplement prendre des investissements publics pour que le privé puisse trouver des solutions.»

Paul Robichaud ajoute que cela montre bien l’importance pour les autorités fédérales de veiller à l’établissement des normes pour les nouveaux casiers.

«Ça peut paraître banal comme exemple, mais si vous avez un forfait de téléphone avec Bell et moi Rogers, ça ne nous empêche pas de nous appeler, illustre-t-il. C’est un peu le défi avec les casiers, il faudra s’assurer que ces technologies sont approuvées par Pêches et Océans, avec des balises et une réglementation claire.»

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle