Le froid mordant des derniers jours, une panne de courant et le mauvais fonctionnement d'une génératrice ont causé des pertes considérables à la compagnie Pisciculture acadienne limitée. Dans la photo, un employé, Pierre Boucher, montre le résultat de la «tempête parfaite». - Acadie Nouvelle: Bernard Haché
Des dizaines de milliers de poissons morts en raison d’une panne de courant
L’avenir de Pisciculture acadienne limitée, une entreprise de Bas-Caraquet spécialisée dans l’élevage de l’omble chevalier, un cousin du saumon, pourrait être compromis.
Une panne de courant survenue en fin de semaine, alors qu’un froid exceptionnel éprouvait le Nouveau-Brunswick, a détruit l’élevage de cette PME.
Des dizaines de milliers de poissons ont péri. Jusqu’à 95% de l’inventaire, a estimé le propriétaire, Emmanuel Chiasson.
Tout a joué contre l’entreprise. Les températures polaires, une panne de courant et la défaillance d’une génératrice de secours ont contribué à ce désastre.
Les pertes? plus de 600 000$. De plus, l’inventaire, aussi important soit-il, n’était pas assuré.
L’assureur refusait de s’engager dans un contrat avec Pisciculture Acadienne, a expliqué Emmanuel Chiasson, lundi, lors d’une entrevue avec l’Acadie Nouvelle.
«L’aquaculture à circuit fermé, c’est plus risqué parce qu’il faut recréer un environnement.»
Outre les risques jugés élevés, le précédent propriétaire avait déjà déclaré des pertes.
Emmanuel Chiasson possède aussi une ferme aviaire, située à Saint-Simon. Il sait par expérience que l’élevage, quel qu’il soit, rebute les assureurs.
Et les aquacultures sont une trop petite famille, selon lui, pour créer une assurance récolte.
Outre l’omble chevalier, Pisciculture acadienne élevait aussi une petite quantité de truite arc-en-ciel.
«C’est la première (des deux espèces) qui a péri», a dit M. Chiasson, qui semble avoir été surpris par la résistance de l’omble chevalier.
Les poissons morts seront vendus comme appâts. Toutefois une course contre la montre est engagée: il faut les récupérer avant qu’ils ne perdent en qualité.
Défaillance électrique
L’usine d’élevage était munie d’une génératrice que les employés, par précaution, mettaient périodiquement en marche. Jeudi, elle fonctionnait normalement, mais samedi elle démarrait, s’arrêtait, se remettait en marche, s’arrêtait à nouveau et répétait sans cesse ce cycle.
«Les contrôles électriques, à cause du froid, donnaient des codes erronés. Par le temps qu’on a pu figurer le problème, on a réchauffé la génératrice avec quatre chaufferettes de 1500W.»
Lorsque la génératrice a fonctionné pour de bon, il était trop tard.
«On voyait les poissons mourir et on n’a rien pu faire», a raconté M. Chiasson, sur un ton résigné.
Questionné par l’Acadie Nouvelle à propos de la génératrice – qui n’aurait pas dû faire défaut en un moment aussi critique – le propriétaire de l’élevage a rétorqué qu’il s’apprête à communiquer avec le manufacturier.
M. Chiasson a déjà écrit à différentes instances, notamment gouvernementales, pour trouver des appuis financiers. L’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APÉCA) lui a répondu. Elle a accepté de suspendre les paiements exigibles.
«On tirait le boulet de la COVID-19, a ajouté M. Chiasson. Au début, il était question d’une pandémie de six mois. On a continué de produire et on a augmenté l’inventaire.»
L’homme d’affaires croit qu’il lui faudra deux ans, peut-être trois, pour reconstituer l’élevage perdu.