Le premier ministre Blaine Higgs. - Archives
Transferts en santé: beaucoup d’attentes, peu de certitudes
Le premier ministre Blaine Higgs et les partis d’opposition à Fredericton s’interrogent sur ce qui ressortira des négociations entre Ottawa et les provinces sur le financement en santé.
Alors que les premiers ministres provinciaux rencontrent le premier ministre Justin Trudeau mardi pour négocier une augmentation des transferts en santé, Blaine Higgs affirme qu’il ne sait pas trop à quoi s’attendre.
«Ça a été assez silencieux. Nos gens des finances ont rencontré [ceux d’Ottawa] récemment, et je les ai rencontrés ce matin (lundi) et on n’en a pas appris beaucoup plus», dit-il en entrevue peu de temps avant de prendre l’avion pour Ottawa.
Il estime que le gouvernement fédéral ne sera pas enclin à négocier le montant d’argent qui sera accordé aux provinces, mais que les provinces pourront choisir comment dépenser l’argent.
«Je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de négociations, je pense qu’ils vont arriver avec “voici ce qu’on va vous donner comme augmentation fixe”, ce que des gouvernements précédents ont déjà fait. Et ils vont discuter avec les provinces des secteurs où il faut dépenser l’argent pour faire des améliorations. Et ça me va, je crois que ça a du sens.»
Blaine Higgs affirme qu’il ne veut pas qu’Ottawa impose sa volonté sur la façon dont les provinces dépenseront cet argent.
Il affirme aussi que le gouvernement fédéral n’a pas imposé ce genre de conditions jusqu’à maintenant, puisque les discussions «ne se sont pas encore rendues là».
«Ils ont essentiellement juste dit qu’ils veulent mettre des conditions autour d’une amélioration des soins de santé, et je suis absolument d’accord avec cela», dit-il en ajoutant qu’il veut surtout réduire les temps d’attente pour les chirurgies.
L’opposition risque d’être déçue
Les partis d’opposition à Fredericton ont aussi des espoirs en amont des négociations. Mais si Blaine Higgs obtient ce qu’il veut lors de son voyage à Ottawa, l’opposition risque d’être déçue.
Les libéraux provinciaux aimeraient que le gouvernement fédéral impose des lignes directrices sur la façon de dépenser cet argent. Ils espèrent ainsi éviter que le gouvernement Higgs enregistre un surplus sur le dos du financement fédéral.
«Les antécédents du gouvernement Higgs démontrent qu’ils n’ont pas toujours utilisé l’argent aux fins prévues. Ça soulève des inquiétudes, donc les conditions peuvent être des lignes directrices, mais pas quelque chose qui est difficile à rencontrer», dit Rob McKee, chef de l’Opposition officielle.
En entrevue, Blaine Higgs laisse entendre que la province pourrait bien se retrouver avec un trop-plein d’argent à la fin de l’année financière même si, de l’autre côté, il demande plus de financement du gouvernement fédéral.
Il rappelle que le dernier rapport trimestriel des finances de la province, en novembre, prévoyait un surplus de fin d’année de 774 millions $.
Selon lui, le gouvernement provincial est mieux préparé à une possible récession en raison du fait qu’il priorise la réduction de la dette.
«Si on peut avoir un surplus à nouveau, ça nous permet de continuer à réduire nos paiements d’intérêt sur la dette qui auront un impact pour des générations à venir.»
Plus de privatisation?
De son côté, le chef des verts, David Coon, aimerait que le gouvernement fédéral impose des conditions financières afin d’empêcher le N.-B. d’utiliser cet argent pour financer des centres de chirurgie privés à but lucratif.
Il rappelle que le gouvernement Higgs a adopté une loi qui permet à davantage de chirurgies d’être couvertes par l’assurance maladie même lorsqu’elles sont faites en clinique privée.
Une clinique à Bathurst qui a servi de projet pilote pour ce nouveau modèle a donc pu multiplier les chirurgies de la cataracte depuis ce temps-là.
Du point de vue de David Coon, cela peut mener à des dérapages et à une corporatisation du système de santé. Il ne veut pas que l’argent d’Ottawa subventionne cela.
«L’argent additionnel ne doit pas être utilisé pour payer des dividendes aux investisseurs des soins de santé privés.»
Selon Blaine Higgs, c’est exactement le genre de projet que le Nouveau-Brunswick devrait financer.
Il parle d’un «marathon de chirurgies» qui permettrait au N.-B. de rattraper son retard en la matière. Il veut qu’Ottawa accorde au N.-B. la flexibilité nécessaire pour financer ce genre de projets.
«Nous avons besoin de flexibilité pour déterminer comment […] on peut faire une différence. Comme les chirurgies de la cataracte à Bathurst. Ils se sont presque rattrapés là, ils ont fait plus de mille chirurgies en six mois.»
David Coon veut aussi que le N.-B. reçoive plus d’argent en raison de sa population vieillissante.