Famille, amis, artistes et dignitaires ont rendu un vibrant hommage, mardi matin, à Viola Léger à la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption à Moncton devant une foule nombreuse. La grande comédienne et ex-sénatrice s’est éteinte le 28 janvier à l’âge de 92 ans.

L’Acadie a fait ses adieux à la comédienne d’exception et ex-sénatrice dans une grande cérémonie ouverte au public, fidèle à l’image de l’artiste. Forte en émotions, la cérémonie religieuse présidée par l’archevêque de Moncton, Mgr Valéry Vienneau, réunissant plusieurs célébrants, a honoré la vie de celle qui pendant plus de 40 ans a incarné la Sagouine. Elle était une amoureuse de la scène et des arts. Famille, artistes, amis, représentants d’institutions acadiennes, élus municipaux, provinciaux et fédéraux étaient réunis pour un ultime adieu à cette voix marquante de l’Acadie et de la francophonie canadienne.

C’est devant une foule nombreuse que le cercueil de la célèbre comédienne a fait son entrée dans la cathédrale. Des personnalités du monde artistique lui ont rendu hommage. L’homme de théâtre et sénateur René Cormier, la codirectrice générale et directrice artistique du Pays de la Sagouine, Monique Poirier, l’écrivaine Antonine Maillet et la vice-présidente de la Fondation Viola-Léger, Diane Albert-Ouellette, ont livré de touchants témoignages. On a souligné sa grande humanité, sa générosité pour l’art et pour son public qui a fait rayonner la culture acadienne à travers le monde. Une célébration marquée par la musique et des discours inspirants. «Ensemble, merci et oui», trois mots qui résument bien Viola Léger, a confié Soeur Agnès Léger, sœur de la comédienne, qui a parlé au nom de la famille. Son témoignage a été chaleureusement applaudi.

Très ému, Pierre Boudreau qui a été le régisseur de Viola Léger au Pays de la Sagouine pendant les dix dernières années de sa carrière garde de précieux souvenirs de la comédienne.

«Viola c’était quelqu’un de très humble. Après tous les spectacles, elle me prenait par la main et me disait on l’a fait mon Pierre. Elle était reconnaissante. Toutes les fois qu’elle entrait dans un théâtre, elle prenait le temps de saluer les gens parce qu’elle savait que […] ça ne prenait pas juste une comédienne sur scène pour faire une représentation.»

Pierre Boudreau estime que la cérémonie préparée par sa famille et plusieurs collaborateurs est un bel hommage digne de la comédienne.

«Même si toute l’Acadie n’était pas ici physiquement, je pense que n’importe qui qui l’a vue sur scène ressent un petit quelque chose de son départ.»

Un parcours exceptionnel

René Cormier a relaté le parcours exceptionnel de son ancienne collègue. Il a souligné sa générosité, son engagement, sa rigueur et sa grande présence. «Quand elle était sur scène, elle était dans le moment présent comme si rien d’autre n’existait. […]Elle nous a montré qu’il est possible de faire ce métier d’artiste ici», a déclaré M Cormier, affirmant du même souffle qu’elle a travaillé à faire connaître l’Acadie et à promouvoir les arts.

Par le biais d’une vidéo, Antonine Maillet a rappelé que La Sagouine est devenue plus importante que son auteur.

«Je lui ai donné les mots et elle a donné un coeur, un visage et une âme… »

Diane Albert-Ouellette a indiqué que la Fondation Viola-Léger pleure le décès de sa fondatrice, soulignant qu’elle a marqué profondément plusieurs générations d’artistes. «Le théâtre fut sa passion. Elle voulait laisser un legs aux prochaines générations… Elle sera toujours cette personne inspirante par son engagement, sa loyauté à sa famille, à ses amis et à sa profession. Je suis confiante que son œuvre continuera de marquer des générations.»

Viola Léger leur a donné des leçons de présence, d’intensité et d’authenticité, estime Monique Poirier. «Au pays de la Sagouine, on sent la présence de Viola partout. Elle nous a appris à plonger corps et âme dans le présent. Elle nous a appris la magie dans chaque mot, les éclats de rire et dans le silence. Viola merci…»

Mgr Valéry Vienneau s’est souvenu du spectacle grandiose en novembre 2015 afin de célébrer le 75e anniversaire de la cathédrale. Viola Léger qui avait alors 86 ans faisait partie de la cinquantaine d’artistes.

«Sa représentation m’a profondément ému. La Sagouine est entrée par la grande porte du milieu puis elle s’est avancée tranquillement en jouant de l’harmonica puis La Sagouine nous a livré son monologue sur les bancs d’église. Ce fut possiblement une des dernières représentations de Viola Léger», a mentionné Mgr Vienneau, ajoutant qu’il convient donc qu’elle revienne aujourd’hui dans cette cathédrale par la grande allée.

La Sagouine avait le don de soulever des questions existentielles dans des mots simples. «C’est point la mort qui m’intchette, c’est ce qui vient après…», disait-elle.

Composé de chants religieux et de l’incontournable Y’a une étoile pour vous d’Angèle Arsenault, le programme musical a été interprété par les Jeunes chanteurs d’Acadie sous la direction de Nadine Hébert et la mezzo-soprano Aurélie Cormier, accompagnés par l’organiste Brigitte Lavoie et la violoniste Monique Girouard. C’est sur les mots de Viola Léger traitant de l’âme acadienne que René Cormier a conclu la cérémonie. Cela a été suivi de l’hymne national de l’Acadie, Ave Maris Stella, juste avant la procession de sortie. Tout comme au théâtre, des applaudissements se sont fait entendre dans toute la cathédrale.

À Bouctouche, les cloches de l’église Saint-Jean-Baptiste ont sonné un glas spécial en l’honneur de Viola Léger, mardi à compter de 10h15. Ce glas réservé aux obsèques de grandes personnalités a duré une vingtaine de minutes. En soirée, l’édifice municipal s’est illuminé aux couleurs de l’Acadie en hommage à la comédienne.

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