Le gouvernement Higgs a fait peu de promesses électorales, et ses plus gros changements n’avaient pas été présentés aux électeurs avant l’élection, selon le politologue Gabriel Arsenault, qui mesure les promesses électorales des politiciens.

M. Arsenault, politologue à l’Université de Moncton, est l’un des auteurs du Polimètre, qui vérifie si les politiciens – tels que Justin Trudeau, Doug Ford et Blaine Higgs – respectent les promesses qu’ils font.

Son bilan préliminaire: le gouvernement de Blaine Higgs n’a rompu aucune grande promesse. Mais c’est aussi parce qu’il n’a fait aucune grande promesse, et qu’il a fait très peu de promesses en général.

«En matière de rupture des promesses, le gouvernement Higgs, en perspective, n’est pas mauvais. […] C’est un gouvernement dans la moyenne au niveau du respect des promesses.»

Les progressistes-conservateurs ont fait 79 promesses aux électeurs avant de se faire élire à la tête d’un gouvernement minoritaire en 2018, puis n’en ont fait que 34 en septembre 2020. Ils ont alors pu former un gouvernement majoritaire.

De ces 34 promesses, 15 ont été réalisées, 9 ont été rompues, 5 sont en voie de réalisation et 5 sont en suspens.

Or, les enjeux importaient peu lors de l’élection de septembre 2020, selon le politologue.

«On était vraiment dans la pandémie de COVID-19. C’est ça qui avait monopolisé l’attention des citoyens. […] J’ai l’impression que les élections ont largement été interprétées comme un vote sur la gestion de la pandémie du gouvernement.»

Les engagements du gouvernement Higgs envers les électeurs relevaient donc de la «microgestion», sans grand «projet de société», selon lui. On parle plutôt de changements modérés, comme le financement d’une véloroute, l’amélioration de l’accès aux chirurgies, et la création d’unités de logement.

Quelques-uns des plus gros changements du gouvernement Higgs – par exemple, la réforme de la gouvernance locale et l’abolition de l’immersion française – ne faisaient pas l’objet de promesses électorales et n’ont pas été communiqués clairement aux électeurs.

«Pour l’immersion, si on regarde la plateforme de 2018, on a l’impression que le gouvernement a vraiment une vision en matière d’éducation. On devine que c’était celle de Dominic Cardy. Maintenant que Cardy est parti, là, je pense qu’on est dans l’improvisation. Mettre fin à l’immersion n’était pas du tout dans la plateforme [de 2018 ni de 2020], il n’y avait vraiment rien qui suggérait qu’on s’en allait là.»

Gabriel Arsenault affirme que ce petit nombre d’engagements pris auprès des électeurs pose problème, et que c’est «déplorable sur le plan civique». Il estime que le résultat de l’élection de 2020 a démontré que les citoyens étaient globalement satisfaits de la gestion de la pandémie par le gouvernement Higgs, mais que la population a donné «carte blanche» au gouvernement, sans qu’il ne soit tenu de respecter un mandat précis.

«Pour les citoyens, on voit que c’est problématique parce qu’on ne peut pas faire quatre ans sur 34 petites promesses. Donc en tant que citoyens, on a en quelque sorte donné un chèque en blanc au gouvernement.»

Il ne s’agit pas là d’une caractéristique du gouvernement Higgs en particulier. C’est plutôt le résultat d’une élection en pleine pandémie, selon lui.

«Je ne m’attendrais pas à ce que le Parti progressiste-conservateur fasse un nombre aussi restreint de promesses en 2024», dit le politologue.

Il affirme que certains engagements rompus pourraient toujours être comptabilisés comme «partiellement réalisés» par le polimètre si le gouvernement réalise une promesse à une date ultérieure. Le bilan devient final lorsqu’une nouvelle élection est déclenchée, probablement en 2024.

Le site web est disponible au public à l’adresse polimetre.org/fr.

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