Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, et son ministre de la Santé, Bruce Fitch, ont rencontré les ministres fédéraux Dominic LeBlanc et Jean-Yves Duclos, mercredi. La discussion devrait mener bientôt à une entente pour des fonds fédéraux supplémentaires en santé.

Le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, était joyeux mercredi après son passage à Saint-Jean. Il venait de rencontrer le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, et son ministre de la Santé, Bruce Fitch.

«Je suis convaincu que les gouvernements du Nouveau-Brunswick et du Canada arriveront à une entente de principe au cours des prochains jours ou des prochaines semaines», s’est félicité M. LeBlanc.

Grâce à cet accord, la province peut s’attendre à un financement supplémentaire d’un peu plus de 1,3 milliard $ sur 10 ans issus du transfert canadien en santé, en plus de fonds liés à un accord bilatéral. L’argent devrait commencer à arriver durant l’été, si la Chambre des communes accepte le budget du gouvernement fédéral.

«Nous devons être innovants sur la façon de livrer nos services», a déclaré M. Higgs.

Le progressiste-conservateur pense que les investissements sont insuffisants pour améliorer le système de santé. Il a cependant assuré qu’il ne réduirait pas les dépenses de la province en santé grâce aux transferts fédéraux supplémentaires.

Contrôle fédéral

«Nous allons nous assurer qu’il n’y aura pas de coupures en santé de la part des provinces, a indiqué Dominic LeBlanc. Nous allons nous assurer d’être un appui supplémentaire aux dépenses actuelles récurrentes en santé des provinces.»

Le gouvernement fédéral a appris de ses erreurs. Les transferts fédéraux en santé ont en effet plus que sextuplé entre 1999-2000 et 2019-2020, alors que les dépenses provinciales ont augmenté environ deux fois moins vite dans ce domaine, selon l’économiste Richard Saillant.

Ottawa demande aussi aux provinces des preuves que ses investissements sont efficaces. Ceux qu’il a effectués de 2004 à 2014 ont surtout financé l’augmentation des salaires des professionnels de santé.

Imputabilité provinciale

Le gouvernement fédéral refuse de s’immiscer dans la gestion des ressources humaines, car les soins sont de compétences provinciales. Il exige en revanche une évaluation des initiatives entreprises.

«M. Higgs a très vite dit penser que le partage de données comparables est important pour améliorer la qualité des soins et l’imputabilité de tous les gouvernements face à ces investissements massifs de tous les contribuables», a souligné M. LeBlanc.

Il a précisé que les provinces établiraient elles-mêmes leurs objectifs à l’intérieur des priorités fédérales: accès à la médecine familiale, rétention des employés, délais des chirurgies et des diagnostics, santé mentale et système d’échange d’informations entre fournisseurs de soins. Il a toutefois ajouté qu’elles devraient communiquer leurs résultats en temps réel et de façon transparente.

«Si la liste d’attente pour telle procédure est de quatre mois au Québec et de deux mois au Nouveau-Brunswick, le gouvernement de la Belle Province aura à s’expliquer devant ses citoyens, a illustré M. LeBlanc. Je suis en politique depuis assez longtemps pour savoir que si un objectif n’est pas atteint, ça devient assez difficile devant l’Assemblée législative et les journalistes.»

Équité territoriale

Celui qui est député de la circonscription Beauséjour, au Nouveau-Brunswick, a par ailleurs souligné la tentative du gouvernement fédéral d’être équitable envers les provinces petites, rurales et vieillissantes (comme la sienne).

Il a remarqué qu’elles sont incapables de faire les économies d’échelle du Québec, par exemple, avec leur système de santé. Il a aussi rappelé la suppression par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, en 2014, de financements tenant compte du vieillissement démographique dans les transferts de santé.

Le gouvernement fédéral affirme qu’il compensera ces inégalités grâce à ses ententes bilatérales en santé avec les provinces. Il prévoit leur accorder à toutes un montant de base de 50 millions $, puis des sommes liées à la taille de chacune de leur population.

«En ayant dans l’accord bilatéral 50 millions $ de base et le reste par habitant, le Nouveau-Brunswick aura environ 80% de plus que si elle avait juste eu une allocation par habitant», soutient M. LeBlanc.

Service public

Il indique enfin que les fonds supplémentaires du gouvernement fédéral pour la santé dans les provinces devront servir à améliorer le secteur public et non le secteur privé.

Avec le ministre canadien de la Santé, Jean-Yves Duclos, M. LeBlanc n’a d’ailleurs pas fait pression pour que le gouvernement du Nouveau-Brunswick rembourse les avortements effectués en dehors des hôpitaux.

«La santé reproductive est un sujet que j’aborde souvent avec M. Higgs, a quand même assuré le ministre des Affaires intergouvernementales. Il est très au courant de notre inquiétude quant à l’accès aux avortements. Nous allons continuer à être attentifs à ce sujet et nous n’allons pas hésiter à appliquer la Loi canadienne sur la santé.»

Blaine Higgs a en revanche évoqué à côté de M. LeBlanc le remboursement par son gouvernement de chirurgies de la cataracte effectuées dans une clinique privée de la région Chaleur.

«La privatisation nous inquiète, car la Loi canadienne sur la santé exige que les soins médicalement nécessaires soient payés par l’État sans frais pour le patient, a commenté M. LeBlanc. Mais nous avons discuté de ça avec M. Higgs. Il comprend très bien que l’accès à une chirurgie pour la cataracte, par exemple, doit se faire en fonction d’un besoin médical et non d’une capacité de payer.»

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