Les six Premières Nations wolastoqeys du Nouveau-Brunswick ont signé une entente de principe avec l’entreprise forestière Groupe AV en vue d’établir une gestion collaborative des forêts. Il s’agit d’un premier rapprochement entre les parties qui sont engagées dans une poursuite.

C’est le premier protocole d’entente entre une entreprise privée et des communautés autochtones depuis que les communautés wolastoqeys ont entamé une poursuite contre le gouvernement provincial et plusieurs entreprises forestières pour faire reconnaître leurs titres ancestraux sur des terres qui comprennent plus de la moitié de la province.

«C’est un grand pas vers le respect de nos titres autochtones, […] vers une entente à l’amiable dans cette poursuite judiciaire», a dit le chef Ross Perley, de Neqotkuk (Première Nation de Tobique).

La chef Patricia Bernard, de la Première Nation malécite du Madawaska, a affirmé que l’entreprise ne sera pas radiée de l’avis de poursuite judiciaire pour autant.

«Mais c’est certainement une première étape pour établir des liens de confiance et pour aller de l’avant.»

Elle affirme d’ailleurs que le processus qui a mené à ce protocole d’entente était entamé avant que les six chefs ne déposent leur avis de poursuite.

D’autres entreprises forestières ainsi que le gouvernement du Nouveau-Brunswick sont aussi nommés dans la poursuite intentée par les six chefs des communautés wolastoqeys.

Les chefs ont affirmé ne pas avoir eu ce genre de discussions avec d’autres entreprises forestières ni avec Fredericton pour l’instant.

Le Groupe AV n’a pas non plus entamé ce genre de discussions avec les chefs mi’kmaqs.

La chef Patricia Bernard affirme que cette entente est avant tout un geste symbolique de la part de l’entreprise, mais que cela pourrait donner l’idée à d’autres entreprises forestières d’entamer des pourparlers avec les Autochtones.

Les Autochtones pourront pratiquer leurs droits de pêche et de chasse sur les terres de l’entreprise et les terres de la Couronne, selon Mme Bernard.

À l’aide de leur poursuite, les chefs des communautés wolastoqeys veulent faire reconnaître leurs titres ancestraux sur les terres qui n’ont jamais été cédées à la Couronne. Ils affirment que le gouvernement s’est emparé de ces terres et les a revendues sans les consulter.

La capacité de participer à la gestion des forêts et de tirer parti de leur exploitation est l’un des objectifs de leur poursuite.

Un transfert de terrain

Le Groupe AV s’engage à transférer un lot de terre qui a une importance historique et culturelle aux Premières Nations, entre autres.

On ignore la taille et l’emplacement de ce lot de terre pour l’instant. Les chefs autochtones consulteront leurs communautés et discuteront avec l’entreprise pour le déterminer.

Le lot de terre qui sera transféré aux Autochtones fera partie des quelque 47 000 hectares de terrain qui appartiennent au Groupe AV. C’est une «petite portion» des terres exploitées par l’entreprise forestière, en plus des activités forestières qui se déroulent sur les terres de la Couronne, selon Mike Légère, directeur des relations gouvernementales du Groupe AV.

Les employés de l’entreprise recevront aussi une formation en lien avec les cultures et l’histoire autochtone, selon Mike Légère.

«Nos employés vont avoir une chance de se sensibiliser au niveau des connaissances des Premières Nations.»

Il affirme aussi que l’entreprise tiendra compte des pratiques de gestion forestière des Autochtones.

«Ils ont leurs propres façons de gérer les forêts. On veut au moins se sensibiliser un peu et incorporer cela où on peut, où ça a du bon sens, dans nos plans d’opérations.»

Mike Légère affirme que le fait d’atteindre d’une entente à l’amiable dans le cadre de la poursuite n’est pas nécessairement l’objectif final de l’entreprise, mais affirme de façon vague que «quand on établit une relation et que cette relation s’améliore, ça ouvre des options».

Le Groupe AV détient deux usines de pâte à papier à Atholville et Nackawic.

L’entreprise est au N.-B. depuis 1997, comporte environ 1200 employés, et fait partie du groupe Aditya Birla, dont le siège social se situe en Inde.

Dans une déclaration par courriel, le ministère des Affaires autochtones indique que cette entente est «une bonne nouvelle» pour les communautés wolastoqeys.

«La province continuera à chercher des occasions de soutenir les Wolastoqeys et le Groupe AV. En même temps, la province s’occupera du litige foncier que les Wolastoqeys ont entamé. La revendication territoriale des Wolastoqeys ne se limite pas aux terres provinciales, mais s’étend sur environ 60% de la province. En tant que défendeur dans cette revendication territoriale, nous devons prendre cela au sérieux», indique Alycia Bartlett, porte-parole du ministère.

Précisons que la poursuite des communautés wolastoqeys ne cherche pas à obtenir des dédommagements de la part des propriétaires fonciers tels que les résidents du Nouveau-Brunswick ou la plupart des commerces. Elle vise spécifiquement les entités nommées dans la poursuite, soit le Groupe AV, J.D. Irving, 18 de ses filiales, Énergie NB, Acadian Timber et les gouvernements du Canada et du N.-B.

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