L'ancien champ de tir de Tracadie est convoité pour des bleuetières. - Acadie Nouvelle: Bernard Haché
Projet récréo-touristique sur l’ancien champ de tir de Tracadie: le gouvernement se fait tirer l’oreille
Il y a un mois, les promoteurs d’un projet récréo-touristique, qui pourrait être développé à même l’ancien champ de tir de Tracadie, ont fait parvenir une courte vidéo aux ministres provinciaux de l’Agriculture, du Tourisme et des Ressources naturelles.
La vidéo explicative, d’environ huit minutes, présente les grandes lignes d’un projet pour le moins ambitieux.
Depuis, ses auteurs attendent de savoir ce qu’en pensent les ministres.
Christian Brideau, l’un des membres de la coalition d’organismes locaux qui ont conçu le projet, a multiplié les courriels et les appels téléphoniques. Marc-André Ross, le chef de cabinet de la ministre de l’Agriculture, Aquaculture et Pêches, est le seul à lui avoir répondu à bref délai.
Le projet comprend des sentiers pédestres, des pistes de fatbike, de vélo de montagne, de ski de fond et de raquette. Des pistes de course pourraient aussi accommoder les ultra-marathoniens. Campeurs, chasseurs et pêcheurs à la ligne, tout comme les adeptes du canoë et du kayak, y trouveraient également leur compte.
Ce projet pourrait produire davantage de revenus que la culture du bleuet, a indiqué M. Brideau. Les VTT rapportent 11 millions $ à l’économie locale et le vélo de 5 à 10 millions $. Le promoteur estime que de un à deux millions de dollars en «retombées» seront générés par chacune des activités qu’il entend favoriser.
Toutefois, la présence des bleuetières sur l’ancien champ de tir ne manquerait pas de nuire au projet qu’il cherche à développer.
«Des machines qui font de l’épandage, ce n’est pas vendeur pour des touristes québécois en quête de plein air» a-t-il donné en exemple.
En guise de solution, il proposerait de développer les 5000 nouvelles acres en dehors de l’ancien champ de tir.
Procrastination opportune?
M. Brideau croit que les réponses tardives de Fredericton pourraient tenir d’une stratégie particulière.
Selon lui, «il (le gouvernement) attend que la neige fonde pour envoyer les arpenteurs, puis appeler les bleuetières».
C’est pourquoi la coalition des organismes de plein air demande à rencontrer les ministres au plus vite. Les détails du projet pourraient alors être expliqués. Les Premières Nations devraient aussi être conviées.
«On veut juste avoir une réunion avec eux (les ministres). Le temps presse. On ne veut pas qu’ils signent (les baux de bleuetières).»
M. Brideau croit, d’autre part, que les bleuetières sont une cause perdue. L’acceptation sociale fait défaut et les dommages à l’habitat faunique seraient trop grands.
Les bleuetières situées en dehors de l’ancien champ de tir (20 000 acres), les futurs baux (5000 acres), les 5200 acres de forêt déjà abattues au bénéfice de l’industrie forestière, les 3000 acres déboisées pour les besoins de la décontamination représenteraient plus de 50% des terres de la région.
«C’est sacré, ces terres-là (l’ancien champ de tir), pour les Premières Nations, mais aussi pour les Acadiens. Elles ont une valeur. Quand les arbres sont debout, ils ont une valeur monétaire», a-t-il ajouté, en citant l’exemple de Vancouver, dont le parc forestier est d’«une beauté suprême».
«Mais eux (les ministères), a-t-il repris, ils ont une soif bleue de bleuets.»
L’Acadie Nouvelle a communiqué avec les ministères de l’Agriculture et des Ressources naturelles pour connaître leurs vues sur la proposition des organismes de plein air. Au bout de nos courriels une réponse est tombée laconique: «Le ministère des Ressources naturelles et du Développement de l’énergie correspondra avec le promoteur du projet».