Environ la moitié des 134 participants ressentaient encore des symptômes psychologiques six semaines après avoir attrapé la COVID-19, selon une première étude menée au Nouveau-Brunswick. Les chercheurs recommandent un dépistage de ces symptômes chez les patients infectées.

Combien de personnes ressentent encore des symptômes longtemps après une infection?

Selon Santé Canada, au niveau national, environ 15% des personnes atteintes de la maladie ressentent encore des symptômes comme des troubles de la mémoire, de l’attention et de la fatigue trois mois après l’infection.

À l’échelle provinciale, la question est plus difficile, puisque le gouvernement ne dispose pas de données sur l’apparition de symptômes attribués à la COVID longue, aussi appelée le syndrome post-COVID.

Mais une première étude réalisée dans la province sera bientôt publiée sur le sujet, et l’équipe de recherche a dévoilé un résumé de ses trouvailles.

L’étude a été menée sur une période de 16 mois à l’aide d’entrevues téléphoniques, de questionnaires et de tests auprès de 134 résident(e)s de 19 ans ou plus, dont plusieurs de la région de Moncton. La moyenne d’âge était d’environ 50 ans.

Six semaines après l’infection, 55% des patients avaient des symptômes de maladie psychologique, 22% souffraient d’anxiété ou de dépression modérée à sévère, et 19% avaient une capacité cognitive réduite.

L’étude a déterminé qu’environ 56% des patients avaient des symptômes tels que des problèmes de mémoire, des troubles d’attention, de résolution de problèmes ou de prise de décisions. Environ 39% des patients avaient de la difficulté à changer rapidement de tâche ou à contrôler leurs impulsions et leurs réactions.

Caroline Jose, chercheuse scientifique au Réseau de santé Vitalité, est l’une des responsables de l’étude. Elle explique que l’échantillon est assez représentatif de la population en général et qu’on peut «presque extrapoler les résultats» à l’ensemble des gens de 19 ans et plus dans la province.

Elle estime donc qu’environ la moitié des personnes infectées pourraient avoir des symptômes de maladie psychologique (dépression, anxiété, etc) plus de six semaines après l’infection, et qu’environ un cinquième des personnes infectées auraient une capacité cognitive réduite (concentration, mémoire, inhibition).

Peu d’appui en place

Cela démontre l’importance de mesurer ces symptômes chez les personnes qui sont atteintes du virus, d’après elle. Pour l’instant, il n’y a «rien» pour mesurer ces symptômes ou pour les soigner.

Cela peut représenter un problème de santé publique si rien n’est fait pour y remédier et pour aider les gens qui ont des symptômes à se réhabiliter, selon elle.

«C’est pour ça que tout le monde y réfléchit [pour voir] ce qu’on peut faire dans le système de santé. […] Ça va vraiment prendre de l’éducation au niveau des professionnels de la santé pour qu’ils puissent reconnaître les symptômes ou les séquelles neuropsychologiques et les traiter.»

Elle affirme que les professionnels de la santé sont quelque peu «démunis» face au syndrome post-COVID actuellement.

«Il y a des gens qui disent “depuis que j’ai eu la COVID-19, j’ai tels ou tels symptômes, je ne me sens pas bien”. Ils ne savent pas où les référer parce que c’est un nouveau tableau clinique.»

Elle affirme que plusieurs groupes de travail se penchent sur la question dans la communauté médicale.

Le Réseau Vitalité collabore avec Horizon et avec le ministère de la Santé du N.-B. pour mettre en place un service de coordination pour les personnes atteintes de la COVID longue, d’après Brigitte Sonier-Ferguson, VP à la performance, à la mission universitaire et aux stratégies chez Vitalité.

«Ce projet en est encore au stade de la planification. Le service proposé permettrait une meilleure prise en charge des patients et les mettrait en contact avec leurs fournisseurs de soins de santé locaux.»

Des symptômes qui s’estompent

Les trouvailles de l’étude semblent aussi démontrer que tous les symptômes cognitifs, sauf le manque d’inhibition, semblent s’estomper après six mois. Le manque d’inhibition demeure en place jusqu’à 16 mois, soit la durée de l’étude.

«Ça montre que ce symptôme-là est peut-être un marqueur plus sensible de la COVID-19 par rapport à d’autres troubles neuropsychologiques», dit Caroline Jose.

C’est à prendre avec des pincettes, toutefois, puisque l’équipe n’a pas directement mesuré l’impact du virus sur le système nerveux. Il se pourrait donc que d’autres facteurs, comme le confinement et la plus haute fréquence de dépression et d’anxiété, soient en cause.

On ne peut donc pas y établir de lien de cause à effet, mais il y a une corrélation très forte entre le syndrome post-COVID et ces symptômes, selon elle.

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