De nombreux observateurs estiment que le budget présenté par Ernie Steeves mardi fait fi des nombreux problèmes auxquels est confrontée la province.

Le ministre des Finances, Ernie Steeves, s’est félicité mardi de présenter un budget responsable qui permet de répondre aux besoins des Néo-Brunswickois.

Or, à en croire les réactions obtenues par l’Acadie Nouvelle, ils sont très peu à partager son enthousiasme.

Pour l’économiste Richard Saillant, M. Steeves a, encore une fois, raté une occasion de profiter de la marge de manœuvre financière à sa disposition afin de s’attaquer aux problèmes les plus criants de la province.

«Les mesures sont minimes et on avait les moyens d’en faire bien davantage, lance-t-il. Le logement, c’est la plus grande crise avec laquelle doivent composer les Néo-Brunswickois en ce moment et il n’y a pratiquement rien dans le budget.»
Le porte-parole de la Coalition des locataires du Nouveau-Brunswick, Matthew Hayes, ajoute que le Fredericton se comporte comme s’il «ne se rendait pas compte que nous sommes en pleine crise du logement.»

«Alors qu’on a vu une augmentation moyenne des loyers de 20% depuis deux ans et qu’il y a environ 30% des Néo-Brunswickois qui sont locataires, il n’y a aucune mesure pour leur venir en aide.

Bien qu’elle souligne quelques petites victoires pour les entreprises, la Chambre de commerce pour le Grand Moncton (CCGM) s’interroge elle aussi sur le manque d’initiatives «pour s’attaquer aux problèmes les plus graves qui touchent la province.»

«C’est un peu un budget du type Jour de la marmotte, a déclaré dans un communiqué le directeur général de la CCGM, John Wishart. Il y a de belles augmentations de dépenses pour certains programmes, mais nous ne voyons pas dans ce document une stratégie générale pour relever le défi de la main-d’œuvre, la crise du logement et l’augmentation du nombre de sans-abri.

Manque d’ambition

Le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick (RFNB) parle lui aussi d’un budget qui manque d’ambition.

La directrice générale de l’organisme, Julie Gillet, prévient que les personnes les plus vulnérables de la société, notamment les femmes, les minorités de genre et les populations racisées, en souffriront.

«Nous sommes encore déçues et nous sommes fâchées. Il y a eu des surplus d’un milliard de dollars depuis deux ans. Il y a de la place pour faire des investissements qui apporteront des changements concrets dans la vie des gens», se désole Mme Gillet.

Le RFNB aurait notamment souhaité voir des investissements plus importants en logement, en santé, en services de garde et en environnement.

Le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick parle lui aussi de «grosse déception.» Les sommes réservées pour les personnes en situation de pauvreté, notamment l’indexation des prestations d’aide sociale à l’inflation, ne suffisent pas.

Même si le budget fait mention d’un financement de 100 millions la construction de 380 nouveaux logements publics, la coordonnatrice provinciale du front commun rappelle que ce montant avait été annoncé à l’automne.

«C’est bien, il faut commencer quelque part, mais il n’y a rien de nouveau et la liste d’attente pour les logements sociaux a doublé entre 2020 et 2022, on parle de plus de 8700 personnes sur la liste d’attente», dit Janelle LeBlanc.

Le budget comprend également quelques nouveaux investissements pour l’enseignement postsecondaire, soit jusqu’à 8,4 millions $ pour les universités et une augmentation de 7,6 millions de l’aide financière aux étudiants.

Jean-Sébastien Léger, président de la Fédération étudiante du Campus universitaire de Moncton, indique qu’il faudra attendre de voir les détails des nouvelles mesures. D’après des informations qu’il dit avoir reçues du ministère de l’Éducation postsecondaire, les universités peuvent s’attendre à une augmentation garantie de 2% et une hausse de 1,5% conditionnelle à une augmentation de 2% des inscriptions.

«Ça devrait aider les personnes étudiantes, mais ça ne va pas nécessairement améliorer l’accessibilité, nuance-t-il. Ce qu’on ne voit pas dans le budget, c’est de l’aide ciblée pour nos secteurs en pénurie de main-d’œuvre, notamment des stages rémunérés en sciences infirmières et en éducation.»

Alexandre Cédric Doucet, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, a pour sa part dit ne pas comprendre que le premier ministre préfère s’attarder à la dette plutôt qu’aux citoyens.

Il dit ne pas être surpris que le budget ne fasse aucune mention des langues officielles ou de la création éventuelle d’un Secrétariat aux langues officielles.

L’Association des procureurs de la Couronne du Nouveau-Brunswick a pour sa part indiqué accueillir favorablement les investissements prévus pour le recrutement et la rétention de procureurs de la Couronne.

La Fédération canadienne des contribuables a elle aussi félicité le gouvernement Higgs pour sa saine gestion des finances publiques et la présentation d’un cinquième budget équilibré. Dans un communiqué, l’organisme de droite s’est toutefois dit déçu de ne pas voir des réductions plus importantes de taxes et d’impôts.

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