Le refuge Harvest House à Moncton. - Acadie Nouvelle: Cédric Thévenin
Moncton: fermeture prochaine des refuges d’urgence pour sans-abris
Le ministère du Développement social envisage la fermeture des deux refuges temporaires dont il a financé l’ouverture à Moncton pour l’hiver. Il montra peut-être un centre d’accueil de jour pour les itinérants ensuite.
Une file de personnes patientent devant le bâtiment de The Humanity Project, rue St-George à Moncton, pour recevoir un repas. Il est environ 16h et le soleil du début de printemps fait fondre la neige qui borde le trottoir.
Parmi les gens qui attendent se trouvent des itinérants. Or, avec l’arrivée de températures plus clémentes, ceux qui dorment dans les deux centres de réchauffement installés pour l’hiver devront trouver un autre logement.
«Le plan consiste à procéder à la fermeture progressive des refuges temporaires en cas de conditions météorologiques extrêmes et à rediriger les clients vers les ressources disponibles dans les refuges existants au sein des communautés concernées», indique la porte-parole du ministère du Développement social, Rebecca Howland.
Ce sera le cas de Dolora Paul. Mais l’itinérante affirme qu’elle ira dormir dans une tente quand elle ne pourra plus habiter en centre de réchauffement. Elle ressent trop d’insécurité dans les refuges permanents, la Maison Nazareth et The Harvest House.
«Nous sommes en discussion avec la Ville de Moncton et d’autres partenaires au sujet des besoins futurs, précise Mme Howland. S’il est déterminé qu’un type de service est nécessaire, un plan sera élaboré, en consultation avec nos partenaires, qui comprendra des détails sur les rôles, le financement et l’emplacement.»
Potentiel centre d’accueil
En l’occurrence, le gouvernement du Nouveau-Brunswick pourrait participer à l’ouverture d’un centre d’accueil de jour (drop-in center, en anglais) pour les sans-abri. C’est ce qu’avance un conseiller municipal de Moncton, Charles Léger.
«Nous avons besoin de ce service, mais il faut que ce soit bien géré, dit-il. Les itinérants ne peuvent pas rester à l’intérieur de la Maison Nazareth et de The Harvest House pendant le jour. Quand ils vont dans un parc, il y a des plaintes. Ils ont donc besoin d’un endroit pour se rassembler sans que les gens les surveillent et se sentent mal à l’aise.»
Le surintendant du détachement Codiac de la GRC, Benoit Jolette, s’est aussi exprimé en faveur d’un centre d’accueil de jour pour les itinérants, pendant la réunion du conseil municipal de Moncton, lundi.
«Le jour, les gens [sans-abri] ne savent pas où aller. Ils n’ont aucun endroit où jaser et socialiser, a-t-il fait remarquer. À certaines heures, ils se rassemblent et descendent tous vers un service, puis un autre. Or, quand ils se déplacent comme ça, ils peuvent prendre de mauvaises décisions et avoir des interactions avec la GRC.»
Mme Paul confirme ses difficultés à accéder à différents services et l’absence de lieux où elle peut se rendre pendant le jour.
«Les gens nous regardent de haut, comme si nous n’étions pas des êtres humains, déplore-t-elle. Un centre d’accueil de jour serait super. Ce serait bien aussi qu’il y ait une visite de médecin ou d’infirmière à cet endroit chaque semaine ainsi que des services d’aide sociale et des vêtements.»
Ulysse Cormier, qui a habité à la Maison Nazareth pendant quatre mois, pense aussi qu’un centre d’accueil de jour serait bénéfique pour les itinérants. Il précise qu’il devait quitter son refuge une fois par semaine pendant le jour.
«Un centre d’accueil serait une bonne chose. Ça donnerait peut-être accès à des gardes-malades et à des médicaments, espère celui qui habite dans un logement social depuis décembre. Beaucoup de gens ont besoin de ça.»
M. Cormier souhaite aussi que cet endroit ouvre également la nuit, même sans proposer de lits.