Karine Chénard est propriétaire de la garderie Les P'tits acadiens, à Caraquet. - Gracieuseté
Projet de garderie à Caraquet: le gouvernement dit non
Karine Chénard est propriétaire de la garderie Les P’tits acadiens à Caraquet depuis déjà 10 ans. Elle affiche présentement complet avec 43 enfants.
La femme d’affaires souhaitait ouvrir une deuxième garderie dans la municipalité pour répondre à la demande.
Le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance refuse cependant d’embarquer dans l’aventure, en affirmant que la population dans les environs ne justifie pas l’ouverture d’un nouvel établissement.
De la bouillie pour les chats, affirme la femme d’affaires.
«La demande est incroyable pour les enfants de tous les âges. Le gouvernement a décidé qu’il n’y avait pas assez d’enfants à Caraquet. Moi, je peux vous dire qu’il y en a des enfants!», affirme-t-elle.
«Les chiffres qu’ils ont ne sont pas réels. Je n’irais pas me lancer dans un projet de garderie de 40 enfants en sachant que je n’aurais pas assez d’amis pour la remplir. La demande est là, c’est même un peu fou.»
Elle pourrait toujours obtenir un permis, mais les parents n’auraient pas accès au programme gouvernemental de réduction des frais.
À titre d’exemple, il en coûte présentement 155$ par semaine pour inscrire un enfant de deux ans à sa garderie.
Avec le programme, les parents n’ont qu’à débourser 80$.
Si le gouvernement ne change pas d’avis, Karine Chénard ne pourrait pas non plus recevoir l’aide directe de Fredericton pour son établissement, qui se chiffre environ à 4000$ par mois.
«Ça fait un bout de temps qu’on travaille sur le projet. Je suis vraiment déçue parce que tout semblait bien aller. Ça ne fait vraiment pas de sens leur affaire.»
La position du gouvernement semble ferme.
«À l’heure actuelle, l’objectif est de créer des places dans des garderies éducatives désignées au moyen d’un processus d’appel de propositions. Une grille d’attribution des places a d’ailleurs été établie pour montrer où le ministère cherche à créer ces places. Caraquet n’a pas de places allouées sur la grille», explique Benoit A. Lanteigne, agent de communication du ministère.
«La grille d’attribution des places sera examinée et mise à jour au moins une fois par année à mesure que de nouveaux renseignements seront disponibles. À ce stade-ci, il n’est pas envisagé de créer de places désignées à Caraquet», ajoute-t-il.
«Cependant, les personnes exploitantes qui souhaitent ouvrir une garderie sans adhérer au programme de désignation peuvent le faire, pourvu qu’elles répondent aux exigences prescrites pour obtenir un permis d’exploitation.»
Le porte-parole du ministère mentionne également qu’une mesure temporaire a été mise en place pour permettre aux garderies sans but lucratif et aux garderies en milieu familial de créer des places pour nourrissons sans devoir se soumettre à un processus d’appel de propositions.
La position de Fredericton dans ce dossier a fait bondir le maire de Caraquet, Bernard Thériault.
«Moi je sais qu’il y a des listes et des listes et des listes de parents qui attendent pour une place en garderie. Veulent-ils attendre qu’on doive fermer des écoles parce qu’on n’a pas de places de garderie et qu’on n’a pas les moyens d’en avoir d’autres?», demande-t-il.
«Nous, on veut avancer et on travaille comme des déchaînés pour amener des nouveaux arrivants et c’est frustrant de se faire répondre ça», ajoute le maire.
Bernard Thériault a bien l’intention d’aller au fond des choses et de demander des explications de Fredericton dans ce dossier.
«On est partenaires dans la mesure où on veut des nouvelles garderies. On va aller explorer, avec les députés locaux, ce qui se passe exactement dans cette affaire-là. Au lieu de crier au loup, on va aller faire quelle est la source du problème et voir dans quelle mesure on peut les aider.»