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Le souhait de Blaine Higgs pourrait pousser des jeunes à commettre l’irréparable
Un nouvel organisme de défense des minorités sexuelles et de genre est d’avis que le souhait du premier ministre Higgs de forcer les écoles à informer les parents lorsqu’un élève change ses pronoms pourrait pousser des jeunes à commettre l’irréparable.
Alter Acadie NB, un nouvel organisme de défense et de représentation de la communauté 2ELGBTIA+ (2 esprits, lesbienne, gaie, bi, trans, intersexe, asexuel +), a procédé à son lancement officiel mercredi.
D’après son directeur général, Alex Arseneau, Alter Acadie NB a choisi de faire son «coming out» à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie puisqu’il existe encore beaucoup de travail à faire afin de protéger les droits de ces communautés et sensibiliser le public aux discriminations dont elles sont victimes.
«Parfois on pense que ce sont des questions qui ont été réglées et on finit par réaliser à quel point on tient les choses pour acquises», dit-il.
Le premier ministre en a malheureusement fait une démonstration éloquente cette semaine en tenant des propos homophobes et transphobes, déplore M. Arseneau.
«Déclarations choquantes»
Lors d’une mêlée de presse organisée mardi avec Blaine Higgs afin de discuter de la révision de la politique 713 sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, le premier ministre a fait plusieurs déclarations qui ont choqué Alex Arseneau.
Il a notamment déclaré ne pas savoir si les enfants naissent gais ou s’ils apprennent à le devenir. Les élèves de la maternelle ou du primaire ne devraient pas pouvoir écouter des contes lus par des drag queens, a-t-il ajouté.
Le premier ministre a aussi dit être préoccupé par le fait que la politique 713 permet aux élèves de choisir leurs noms et leurs pronoms à l’école sans que leurs parents en soient informés. D’après M. Higgs, les autorités scolaires devraient le signaler aux parents.
Une modification de la politique 713 forçant le «coming out» d’un enfant auprès de ses parents représenterait un «réel danger» pour des jeunes qui grandissent dans certaines familles, dénonce M. Arseneau.
«Ça va mener à des suicides, c’est sérieux, s’inquiète-t-il. Ça ferait en sorte que l’école n’est plus un espace sûr (safe space). Nous croyons que nos écoles doivent demeurer des lieux sûrs qui acceptent et célèbrent les différences.»
Bien que la révision de la politique 713 ne soit pas une mauvaise chose en soi, les raisons ayant motivé la démarche sont inquiétantes et démontrent qu’il existe encore beaucoup de haine à l’endroit des minorités sexuelles et de genre, opine Alex Arseneau. Les récentes manifestations contre les heures de contes par des drag queens en sont un exemple.
Le fait que Blaine Higgs ait pu tenir de tels propos la veille de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie ne fait que jeter de l’huile sur le feu et rend le travail de sensibilisation que souhaite réaliser Alter Acadie NB encore plus important.
«Blaine Higgs a tenu des propos dangereux qui incitent à la haine, poursuit M. Arseneau. Il a défendu l’importance de faire participer les parents à la révision alors qu’il y a plus de parents qui appuient et encouragent cette politique, mais ça, il n’en parle pas. Il parle à la petite minorité qui participe à des manifs de haine contre les personnes queer.»
Alter Acadie NB se donne aussi le mandat d’élargir et de diversifier l’éventail des partenaires qui collaborent au développement des communautés de langues officielles en situation minoritaire, une manière d’ajouter une perspective queer au sein du milieu associatif acadien.
L’opposition demande à Higgs de s’expliquer
Cette affaire a rebondi lors de la période des questions mercredi à l’Assemblée législative lorsque Susan Holt, chef du Parti libéral, a demandé au premier ministre comment il arrivait à réconcilier son opposition à la discrimination et les propos qu’il a tenus mardi.
Blaine Higgs n’a pas répondu et s’est contenté de dire que son gouvernement n’allait pas «tolérer la discrimination et des situations où les enfants ne sont pas en sécurité dans un environnement scolaire.»
Le bureau du premier ministre a refusé notre demande d’interview et n’a pas souhaité commenter l’impact que pourrait avoir le «coming out» forcé d’enfants si l’école se voit contrainte d’aviser les parents lorsqu’un élève change ses pronoms.