La détection de baleines noires dans une partie de la zone 23 la semaine dernière a forcé la fermeture de la pêche au homard dans ce secteur pendant quinze jours, une situation qui inquiète grandement les homardiers du nord-est du Nouveau-Brunswick.
La présence de baleines noires dans la zone 23 inquiète les pêcheurs de homard
La détection de baleines noires dans une partie de la zone 23 la semaine dernière a forcé la fermeture de la pêche au homard dans ce secteur pendant quinze jours, une situation qui inquiète grandement les homardiers du nord-est du Nouveau-Brunswick.
Jeudi, le ministère des Pêches et Océans a annoncé avoir détecté la présence de baleines noires dans un secteur de la zone 23, forçant la fermeture temporaire d’un secteur qui s’étend de Pointe-Sapin à Neguac.
De ce fait, lundi, la pêche au homard a été fermée dans les eaux profondes de plus de 60 pieds de ce secteur pendant une période de 15 jours.
La fermeture de cette zone survient environ trois semaines après le début de la saison de pêche dans la zone 23, un secteur qui s’étend de Grande-Anse à Escuminac.
La nouvelle du MPO suscite des inquiétudes chez les homardiers, déjà confrontés à de faibles débarquements depuis le début de la saison.
«Ç’a vraiment créé une onde de choc chez les pêcheurs», explique Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes.
La surprise vient du fait qu’il est très rare que les baleines noires s’aventurent dans les zones où les homardiers installent leurs casiers pour la saison, précise-t-il.
«C’est un rappel pour tout le monde que ça peut arriver parce qu’à ce temps de l’année, les baleines semblent être à la recherche de nourriture. Plus tard dans l’été, elles se réunissent plutôt en très grand nombre dans certaines régions plus centrales du golfe où elles se nourrissent et se reproduisent», ajoute M. Mallet.
Le protocole de fermeture initié par le MPO permet néanmoins aux pêcheurs de poursuivre leurs activités plus près de la côte, soit à moins de 60 pieds (10 brasses) de profondeur.
«C’est une fermeture temporaire de 15 jours, mais pour une pêche qui ne dure que quelques semaines par année, c’est énorme», se désole M. Mallet.
Des nuances importantes
D’après Nathanaël Richard, directeur général de l’Association des transformateurs de homard des Maritimes, des précisions apportées sur les protocoles de fermeture du MPO rendent la situation moins pénible.
D’abord, le compteur pour la fermeture de la zone commence dès le premier jour où les baleines ont été aperçues. Si aucun autre signalement ne survient, la pêche pourra reprendre dès le premier juin.
De plus, contrairement aux règles en place dans l’industrie du crabe, le MPO a indiqué cette semaine que la détection d’une baleine dans les eaux de moins de 120 pieds de profondeur ne peut mener à la fermeture d’une zone pendant toute une saison.
«Ce sont des nuances extrêmement importantes et ça va limiter les dégâts, se réjouit M. Richard. On s’inquiétait que cette énorme zone de 2000 km carrés pourrait être fermée pendant toute la saison», se réjouit M. Richard.
Si des baleines sont à nouveau détectées 15 jours après le premier signalement, l’interdiction de pêche sera toutefois reconduite pour le même montant de temps. La saison des pêcheurs dans la zone fermée n’est donc pas forcément compromise, indique M. Mallet.
«Nous sommes inquiets que d’autres baleines soient détectées et que les fermetures soient maintenues. On se croise les doigts que ça n’arrivera pas et que les pêcheurs seront capables de poursuivre leur saison. Au moins le homard qui n’a pas été pêché pendant la fermeture pourra l’être quand la zone ouvrira.»
La demande est au rendez-vous, selon l’UPM
La semaine dernière, l’Association des transformateurs de homard des Maritimes (ATHM) a prédit que l’industrie devra cette année réduire le prix offert pour les prises des pêcheurs en raison du contexte économique aux États-Unis.
Selon l’association, l’industrie doit être prudente afin d’éviter que des usines de transformation cessent leurs activités de manière définitive.
L’Union des pêcheurs des (UPM) Maritimes a une interprétation bien différente de la situation.
«On pense plutôt que le marché est bien ajusté en ce moment et que la demande est plus forte que ce que nous laisse croire l’Association des transformateurs du Nouveau-Brunswick», dit Martin Mallet, directeur général de l’UPM.
Bien qu’il reconnaît qu’une récession pourrait bel et bien avoir lieu à court terme, il est d’avis que la demande pour le homard sera au rendez-vous en 2023.
«L’offre n’est pas très élevée par rapport à la demande en ce moment lorsqu’on considère que du côté des débarquements en Nouvelle-Écosse, on observe un déclin depuis 2018, analyse-t-il. Il y a beaucoup d’acheteurs de cette région qui cognent à la porte de nos pêcheurs parce qu’ils n’ont pas assez de homard.»
D’après l’UPM, l’écart entre le dollar canadien et la devise américaine joue également en faveur de l’industrie.
Selon Martin Mallet, le pessimisme affiché par de l’ATHM s’explique surtout par les difficultés qu’ont connues certains transformateurs lors de la précédente saison.
«Il y a des transformateurs de homards qui transforment aussi le crabe et ils se sont mis dans le trouble l’an passé avec le crabe des neiges en achetant plus que ce que le marché était capable d’absorber.
Si les transformateurs laissent planer le spectre d’un prix moins élevé, c’est surtout parce que «certaines usines en situation précaire essayent d’avoir le produit à un prix abordable pour contrecarrer les erreurs qu’ils ont faites dans le crabe des neiges.»
Invité à réagir, l’ATHM a réitéré l’importance d’être prudent afin afin d’éviter une catastrophe pour les transformateurs.