Un campement d'itinérants à Moncton. - Archives
Itinérance: le Nouveau-Brunswick se démarque pour les mauvaises raisons
Le Nouveau-Brunswick est la seule province où le nombre de travailleurs de soutien aux itinérants n’a pas augmenté entre 2016 et 2021, selon Statistique Canada. Leur salaire est bas et leurs conditions de travail sont difficiles.
Le nombre de travailleurs d’aide aux personnes sans-abri est resté bloqué à 110 au Nouveau-Brunswick entre 2016 et 2021. Dans toutes les autres provinces, le nombre de ces employés a augmenté. En 2021, il y en avait 10 130 au Canada, en hausse de 61% par rapport à 2016, selon Statistique Canada.
C’est en Nouvelle-Écosse (+130%) que le secteur du soutien aux itinérants a affiché la plus forte croissance. Son nombre de salariés a plus que doublé.
Les travailleurs d’aide aux personnes sans-abri ont notamment des postes dans les établissements qui donnent de la nourriture, procurent un hébergement de secours et fournissent des vêtements, des soins et des services de réinstallation. La Maison Nazareth en est un exemple à Moncton.
Or, sa directrice Zineb Elouad indique avoir de grosses difficultés à recruter et à retenir du personnel. Elle souligne que son organisme dépend des subventions provinciales. Elle juge celles-ci trop faibles pour donner des salaires suffisants à ses employés.
«Notre travail est tellement difficile, fait valoir Mme Elouad. Tous les jours, nous prenons des risques, car la population que nous servons a des problèmes de santé mentale, de dépendances et de comportements.»
Les travailleurs d’aide aux itinérants courent en effet un risque accru d’épuisement professionnel, de stress traumatique et d’usure de la compassion. Cette situation contribue à un taux élevé de roulement du personnel dans ce domaine.
De plus, la majorité des fournisseurs de services directs (80%) aux personnes sans-abri ont signalé une dégradation de leur santé mentale pendant la pandémie à l’échelle du pays, selon Statistique Canada.
Faibles salaires
Le salaire des travailleurs de soutien aux itinérants est par ailleurs faible. Les employés de l’assistance sociale ont eu une rémunération moyenne de 33 800$ en 2022 au Nouveau-Brunswick (contre 44 800$ au Canada). Le salaire moyen pour l’ensemble des industries dans la province était de 62 900$ cette année-là.
Les travailleurs d’aide aux personnes sans-abri ont aussi un revenu médian inférieur à celui de l’ensemble des travailleurs et sont plus susceptibles d’être en situation de pauvreté à l’échelle du pays, selon Statistique Canada.
Toutefois, le secteur du soutien à l’itinérance emploie également des travailleurs sociaux. Leur nombre a augmenté de 27% entre 2016 et 2021 au Nouveau-Brunswick (tandis qu’il a cru de 12% au Canada).
Le nombre de travailleurs des services sociaux et communautaires a aussi été en hausse de 39% dans la province pendant cette période (tandis qu’il a augmenté de 25% au Canada). Ces personnes ont des postes dans des organismes de soins de santé mentale, des foyers de groupe, des centres d’aide aux toxicomanes et des établissements correctionnels, par exemple.
Critiques des verts
«Le financement des refuges pour sans-abri doit être augmenté, et il doit être prévisible à long terme. Cela permettrait aux personnes travaillant dans ce secteur d’avoir un emploi stable et de meilleurs salaires», a réagi la députée du Parti vert du Nouveau-Brunswick, Megan Mitton.
Elle souligne que la province a aussi besoin de solutions à long terme, afin que les gens ne soient pas obligés de dépendre des refuges pendant de longues périodes.
«Il s’agit notamment de construire des logements abordables, de plafonner les loyers et d’augmenter le financement des services, y compris les soins de santé, les services d’aide aux toxicomanes et l’aide sociale», illustre-t-elle.
Une porte-parole du gouvernement provincial, Rebecca Howland, indique que le secteur du soutien aux itinérants a subi de multiples défis au cours des dernières années.
«Le ministère du Développement social a travaillé avec de nombreux partenaires et fournisseurs de services pendant cette période, affirme-t-elle. En 2023, le ministère continue de travailler avec ces partenaires. Nous travaillons également avec les refuges pour améliorer leurs compétences.»
Le parti libéral n’a pas répondu à la sollicitation de l’Acadie Nouvelle.