Même si elle possède un potentiel touristique intéressant, la région de Grand-Sault n’a pas encore été en mesure de l’exploiter à sa pleine capacité, selon une récente étude.

L’objectif de cette étude commandée par la Ville de Grand-Sault, avant même le regroupement municipal, avait comme objectif d’évaluer le potentiel touristique des environs.

Dans cette optique, trois enjeux ont été identifiés dans l’évaluation qui a été faite du secteur du tourisme à Grand-Sault, soit la maximisation des attraits naturels et des points distinctifs ; l’augmentation de l’attractivité tout au long de l’année ; et l’identification des particularités identitaires.

«J’ai fait des entrevues au sein de la communauté et quand je demandais ce qu’il y avait de particulier à Grand-Sault, les résidents eux-mêmes avaient de la difficulté à m’identifier ce qu’il y avait de particulier ou ce qui les distingue collectivement», a expliqué Camille Derelle-Aubut, fondatrice de Touriscope et éclaireuse en transformation touristique.

«Souvent, quand je posais des questions à propos de l’identité, elle était surtout définie versus quelqu’un d’autre, soit “on est différent d’Edmundston, de Fredericton ou Shédiac”. Je comprends que vous êtes différent, mais qu’est-ce que vous êtes à ce moment-là? C’est ce nœud que j’avais de la difficulté à saisir.»

Dans le cadre de cette étude, des constats ont été dressés du côté des opérateurs touristiques et de la destination en tant que telle.

Selon Camille Derelle-Aubut, les opérateurs touristiques éprouvent des faiblesses au niveau de l’image de marque ainsi que de la connaissance des tendances de l’industrie touristique, des besoins des clients et de l’offre des compétiteurs.

«Il y a plusieurs opérateurs qui n’ont pas la base en termes de marketing/branding. Ils n’ont pas nécessairement de logo, de site web, de photos, de slogans. Ils ont de la difficulté eux-mêmes à identifier ce qu’est leur offre touristique.»

En ce qui concerne la qualité de l’offre touristique à Grand-Sault, Mme Derelle-Aubut remarque que, même si elle n’est pas inexistante, elle manque de constance ou n’est pas assez développée pour compétitionner avec d’autres destinations plus fortes au Nouveau-Brunswick ou même au Québec.

Elle a également noté une faiblesse de la diversité du côté des services, notamment du côté de l’hébergement et de la restauration.

L’un des défis au développement touristique, selon l’éclaireuse en transformation touristique, est le manque de ressources, notamment humaines.

«Il y a plusieurs organisations que j’ai rencontrées qui reposent beaucoup sur l’engagement bénévole ou sur les emplois saisonniers et qui ont de la difficulté à trouver les bonnes ressources.»

«L’industrie touristique repose aussi beaucoup sur la main-d’œuvre étudiante, alors que le territoire offre un potentiel hors de la saison estivale. Quand on a des opérateurs touristiques qui recrutent principalement des étudiants d’été, ça pose un enjeu lorsqu’ils retournent aux études.»

Plusieurs spectacles ont lieu à Grand-Sault. – Photo: Bryan Cote Photography

Le côté saisonnier de l’offre touristique faite à Grand-Sault pose aussi problème, d’après elle, puisque les touristes visitent surtout la région en été.

«C’est bien que les touristes viennent en été, mais on aimerait qu’ils viennent tout au long de l’année. À Grand-Sault, l’un des grands attraits ce sont les chutes, mais, en été, c’est presque à ce moment-là qu’elles sont moins intéressantes.»

Mme Derelle-Aubut a également remarqué un manque de partenariats entre les différents opérateurs touristiques.

«On a plus une culture de la compétition qu’une culture de coopétition et de collaboration.»

Parlant de partenariat, Camille Derelle-Aubut a aussi noté une relation mitigée entre les opérateurs touristiques et la Municipalité, du moins, au cours de la période pendant laquelle l’étude a été réalisée.

«J’ai l’impression, dans ce qui m’a été mentionné, que la réforme de la gouvernance locale serait un bon lancement pour rebâtir ces relations-là.»

«Il y a une part de responsabilité qui revient aux opérateurs touristiques, mais il y a une part que la Municipalité peut jouer en appui au développement économique pour maintenir les connaissances des opérateurs, les appuyer avec des programmes de financement et de mentorat, ce genre de choses là.»

De son côté, le maire de la Municipalité régionale Grand-Sault, Bertrand Beaulieu, a reconnu que sa région est souvent considérée comme un court arrêt (pit stop).

«Les gens arrêtent, regardent les chutes et s’en vont. Ils ne restent pas. Nous voulons vraiment faire de la Municipalité régionale de Grand-Sault une destination touristique. Nous voulons que les gens viennent nous voir tout au long de l’année.»

Selon M. Beaulieu, cette étude a offert à la municipalité des pistes de solution par rapport à ce qui doit être fait pour améliorer l’offre touristique sur l’ensemble du nouveau territoire qui s’est regroupé en début d’année.

«Nous avons un volet de développement économique qui se penche sur cet aspect et nous allons ajouter de plus en plus d’idées au fil du temps.»

Des pistes de solution

En ce qui concerne la destination, l’étude fait également le portrait d’une région qui jouit de plusieurs attraits qui sont plus ou moins accessibles aux visiteurs.

«Moi-même je n’aurais pas su quoi voir. Il n’y avait pas d’indications ni de sentiers ou de possibilité de location d’équipement. Si j’étais juste une touriste sans avoir d’ancrage de personnes qui proviennent d’ici, je n’aurais probablement pas découvert Grand-Sault comme j’ai pu le découvrir», a raconté Mme Derelle-Aubut.

Selon elle, plusieurs éléments méritent d’être développés en offre touristique, dont l’aspect multiculturel de l’endroit ;  l’aspect frontalier et toute l’histoire qui s’y rattache (prohibition par exemple) ; le caractère authentique et bienveillant des habitants ; le bien-être ; et la force de la nature (chutes, champs et forêts).

Bien que l’étude permette de faire un diagnostic de l’état de l’industrie touristique à Grand-Sault, un côté pratique a aussi été prévu par l’entremise de formations au sujet du marketing et des tendances touristiques, ainsi que le montage d’une expérience touristique percutante.

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