Micheline Parent, de Rivière-du-Loup, dit avoir pris quelques années avant de vouloir montrer ses oeuvres au public. - Acadie Nouvelle: Gilles Duval
De nouveaux visages envahissent le Rendez-vous des artistes de Saint-Léonard
Question de proposer un peu de renouveau à ses visiteurs, le Rendez-vous des artistes de Saint-Léonard accueille une trentaine de nouveaux venus sur sa centaine de participants ce week-end.
L’événement a pris son envol, vendredi et se terminera dimanche après-midi.
Marcel Boudreau, d’Oromocto, y participe pour la première fois en tant qu’artiste. Celui qui peint depuis plus de 30 ans est venu par le passé comme visiteur.
«Je fais des symposiums dans le Sud-Est. Si je viens ici, c’est avant tout pour me faire connaître dans un nouveau marché», a confié l’artiste-peintre acadien originaire de Petit-Rocher.
Il reconnaît qu’il n’est pas facile pour un artiste de déterminer quand une toile est terminée.
«On veut toujours la pousser davantage. Mais un moment donné, je me sens à l’aise avec le produit final et je me dis que ça y est. Et je suis prêt à lui dire adieu. Le détachement est instantané dès qu’un acheteur dit qu’il la veut», a poursuivi M. Boudreau qui met notamment en évidence la musique et l’histoire acadienne dans ses tableaux.
De Québec, Annie Pelletier a pris connaissance de l’événement sur Facebook l’an dernier.
«Je me suis dit qu’il fallait que j’y prenne part. L’événement a une ambiance magnifique avec ses cabanons et son paysage, c’est comme un petit village de la peinture», a-t-elle mentionné.
Elle y vient aussi pour se faire connaître et rencontrer de nouveaux artistes. Elle se spécialise dans le figuratif contemporain. Les animaux des bois ainsi que les paysages de nature et des villes sont son créneau.
«Mes toiles sont une fenêtre ouverte sur la vie. C’est difficile d’expliquer ce qui fait qu’une personne aura un coup de coeur pour une oeuvre. C’est probablement relié à son vécu et parce qu’elle leur fait vivre des émotions. C’est incroyable comment nos tableaux révèlent des choses sur nous-mêmes», a fait remarquer Annie Pelletier.
De Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup, Micheline Parent ne participe qu’à quelques rares symposiums. Elle tenait à être à celui de Saint-Léonard où elle est venue comme visiteuse par le passé.
«C’est le seul que je fais pour son ambiance et la convivialité des gens du Nouveau-Brunswick. Quand on commence dans la peinture, on craint toujours un peu de montrer nos choses et on ne veut pas jouer le rôle d’imposteur. Et puis un moment donné, quand tu arrêtes de penser à cela, il y a un lâcher-prise et on se sent prêt à exposer ses oeuvres au public», a mentionné Mme Parent.
Elle fait de la peinture depuis près d’une quarantaine d’années et se spécialise dans le portrait à l’huile. «J’aime peindre une émotion, une histoire», a-t-elle ajouté.
Lise Corbey, aussi de Rivière-du-Loup, soutient que le Rendez-vous des artistes de Saint-Léonard est unique en son genre.
«Quand je viens ici, c’est une vacance pour moi. L’échange qui se fait entre les artistes et les visiteurs est particulier. Je ne sens pas qu’il y a une compétition entre les participants, c’est plutôt un partage de savoir pour aider à s’améliorer et à se dépasser dans un contexte où tout le monde est à égalité», a souligné Mme Corbey.
De nouvelles techniques
On croirait avoir tout vu dans le domaine de la peinture, mais il y a toujours des artistes qui arrivent à innover et à surprendre. Deux d’entre eux proposent quelque chose d’inédit aux visiteurs du Rendez-vous des artistes de Saint-Léonard.
Atteinte du syndrome de la toile blanche durant quelques mois, Sylvianne Paré ne pensait pas pouvoir s’en sortir. Puis, l’inspiration lui est revenue …en travaillant le bois dans son garage.
Depuis, l’artiste-peintre originaire de Kamouraska, au Québec, fait de la peinture sur lambris de bois. Elle est l’une des rares sinon la seule à le faire.
«En décembre dernier, je suis tombée en panne sèche. Je n’avais plus aucune inspiration. J’ai eu beau essayer, rien ne fonctionnait. Mon entourage me disait d’arrêter de paniquer et que ça reviendrait. Mais non. Je n’avais aucune nouvelle toile en vue d’un symposium en mai. Je m’y suis présentée et je n’ai rien peint. C’est en me retrouvant dans notre garage que le déclic s’est fait», a expliqué Mme Paré.
Elle utilise maintenant des lambris de pin et de cèdre recyclés pour confectionner ses toiles.
«Il n’y a rien de standard là-dedans. Maintenant, je peins à l’acrylique et je fais aussi du collage. J’ai retrouvé le plaisir de peindre et c’est fini la toile traditionnelle», a-t-elle ajouté.
Il lui est difficile d’expliquer cette panne d’inspiration. «Je crois que je comparais trop mon travail avec les autres artistes-peintres. Et c’est quelque chose que je n’aurais pas dû faire», a reconnu Mme Paré.
Jean-Pierre Neveu, de Saint-Basile-Le-Grand, au Québec, se démarque aussi avec des toiles en trois dimensions. Il propose aux visiteurs de les regarder avec des lunettes spéciales. Elles permettent d’amplifier l’illusion. Mais l’effet peut être ressenti sans elles.
«Le choix des couleurs permet de rapprocher ou d’éloigner les éléments dans la toile, ce qui semble lui donner du relief. Je suis le seul qui utilise cette technique dans le style figuratif», a-t-il mentionné.
Ses créations, Jean-Pierre Neveu l’appelle son monde d’Ava. Il a d’ailleurs écrit un roman, Le Perceur d’univers, qui se veut l’histoire d’un peintre (en l’occurrence lui-même) qui y pénètre. Le port de lunettes donne l’illusion 3-D de la toile choisie pour la page couverture. – GD