Lydie-Anne Ruest Belliveau chante sa reconnaissance à la Fondation Mélissa et à ses amis. - Gracieuseté
Sauvée par le chant, Lydie-Anne Ruest Belliveau donne à son tour
Depuis sa naissance, Lydie-Anne Ruest Belliveau a réussi à traverser de nombreux obstacles. Vivant avec le trouble du spectre de l’autisme, la jeune femme de 18 ans, originaire de Memramcook, estime que la musique et le chant lui ont pratiquement sauvé la vie; du moins, ils lui ont donné des ailes afin de poursuivre sa route.
Enfant, les spécialistes avaient prédit qu’elle n’allait pas parler, ni marcher et encore moins chanter… Dix-huit ans plus tard, Lydie-Anne Ruest Belliveau qui a fait mentir les pronostics se passionne pour le chant. Elle offrira d’ailleurs un grand concert-bénéfice dimanche à Memramcook.
«Chaque fois que je chante, je suis sûre d’avoir une belle journée! Si je ne chantais pas, je serai probablement sur des médicaments», confie-t-elle.
Sur la scène du théâtre du Monument-Lefebvre, la chanteuse qui sera entourée d’artistes de tous les horizons propose un tour de chant avec des pièces qui racontent un peu sa vie. C’est qu’elle n’a pas eu une vie facile, malgré tout, elle rayonne, vit sa passion et a envie de chanter sa reconnaissance.
En 2017, elle a subi une opération aux mâchoires à Halifax afin d’en réduire l’ouverture. Cette trop grande ouverture lui causait des problèmes d’estomac. La Fondation Mélissa et ses amis lui ont offert du soutien financier pour ses frais de déplacement, d’hébergement et de repas. Elle veut maintenant remercier la fondation en offrant ce concert-bénéfice.
«Le spectacle c’est un peu aussi pour dire au monde que je peux faire ça, je peux chanter et montrer aux parents qui ont des enfants qui vivent avec un spectre de l’autisme qu’ils peuvent progresser et cheminer dans la vie. Il faut les accepter, peu importe leurs défis. Il ne faut pas insister sur leurs défis, mais sur leurs forces et leurs capacités parce que si on mise juste sur les défis, ça peut causer des pressions et des troubles de santé mentale», a-t-elle affirmé en entrevue à l’Acadie Nouvelle.
Elle chante depuis qu’elle est toute jeune. À l’école, celle qui chantait partout dit avoir subi de l’intimidation. Ses parents, Tina Ruest et Sylvio Belliveau, l’ont toujours encouragée à poursuivre sa passion, en lui offrant diverses occasions d’apprendre la musique: le chant, les percussions, piano.
«À l’âge de 9 ans, j’ai fait une présentation sur Édith Piaf et je chantais du Édith Piaf. C’est ça qui a allumé la flamme. Puis à l’âge de 11 ans, j’ai commencé plus à vouloir chanter sur une scène. Je voulais que le monde me laisse chanter. Je chantais dans les corridors et les salles de bain, c’était comme une obsession.»
Des mentors
Deux artistes ont particulièrement marqué le parcours de Lydie-Anne Ruest Belliveau. D’abord la chef de choeur et soprano Monette Gould.
Elle a suivi des leçons de chant avec Monette Gould, en plus de faire partie de la chorale Voce dell’Anima depuis 2016.
«C’est ça qui m’a donné un peu l’élan. Je me souviens qu’elle (Monette Gould) avait dit: ‘‘Ici tu peux te laisser aller, il n’y a personne pour te déranger.’’ J’ai senti que j’avais comme une certaine connexion, un peu comme si elle était ma grande sœur ou ma mentore. Elle m’a vraiment aidée et encouragée à cheminer dans ce domaine-là.»
La conférence du chanteur Christian Kit Goguen à son école lui a apporté du réconfort. Elle a ressenti une passion commune pour le chant avec cet artiste qui vit avec le syndrome de la Tourette et qui a parcouru la planète en chantant avec le Cirque du Soleil.
«Si personne ne m’avait dit tu chantes bien, je vais te prendre en leçon privée, je serais restée la petite fille qui chantait et qui pleurait dans les salles de bain. C’était quelque chose que les gens ne comprenaient pas, que je voulais absolument chanter. Ils pensaient que c’étaient des caprices. Chaque fois que je chante, ça me libère. Je pardonne aux gens qui m’ont fait du mal et je les remercie quand même.»
Des études en musicothérapie
La jeune femme envisage de poursuivre ses études en musique, plus spécialement en musicothérapie afin de soulager la douleur et la souffrance mentale et physique.
«Je veux aider les gens à réapprendre à parler et à chanter parce que moi j’ai dû réapprendre à parler et à chanter quand j’ai été opérée parce que j’avais des broches et des élastiques aux mâchoires.»
Son père Sylvio Belliveau qui l’appuie dans ses projets mentionne que les progrès de sa fille sont attribuables en partie à la neuropsychologie et aux exercices de neuro-développement qui l’ont beaucoup aidée quand elle était enfant.
«Ma fille est tellement persévérante que même des fois, il faut haler les cordeaux un peu. Elle est très disciplinée, très organisée et c’est comme ça qu’elle fait pour fonctionner. Dès ses premiers pleurs, les gens ont dit qu’elle allait chanter.»
Lydie-Anne en concert
La chanteuse parcourra un vaste répertoire lors de son concert: d’Édith Piaf à Ginette Reno, en passant par Alys Robi et Frank Sinatra.
Des pièces classiques, romantiques et baroques figurent à son tour de chant. Animé par Anne Godin, le spectacle rassemblera aussi les musiciens Jesse Mea, Christine Melanson, Marie-Yvette Souma, Marcel Auffrey, Kelsey Pitre et la danseuse acrobatique Marie-Luce Queverdo.
Julie Forest présentera un hommage à la Fondation Mélissa et ses amis au nom de Lydie-Anne Ruest Belliveau.
Le concert sera présenté dimanche à 14h au théâtre du Monument-Lefebvre à Memramcook.