Sur cette image tirée du documentaire Les derniers vilains de Thomas Rinfret, on peut apercevoir les frères Vachon. - Gracieuseté
Les derniers vilains: la fabuleuse histoire des frères Vachon
Nul besoin d’être un amateur de lutte pour apprécier le film Les derniers vilains de Thomas Rinfret. Ce documentaire va au-delà des combats et des performances pour plonger dans les récits de voyage de Paul Vachon alias «The butcher» qui raconte son parcours et celui de sa famille avec authenticité.
Si le lutteur Maurice «Mad Dog» demeure le plus illustre de la famille Vachon, il reste que d’autres membres du clan Vachon ont fait carrière dans la lutte professionnelle. Sa sœur Vivian était considérée comme une des meilleures lutteuses de son temps, tandis que Paul «The Butcher» a également fait une carrière notable de plus de 40 ans dans les grandes arènes, un peu partout sur la planète. Il a côtoyé les plus grandes étoiles du monde et livré des combats sanglants avec son frère «Mad Dog».
Tourné un peu à la manière du cinéma direct, Paul Vachon se raconte tout en replongeant dans ses souvenirs, faisant ainsi revivre la belle époque de la lutte. Le parcours de la famille Vachon a été extraordinaire, mais parfois difficile.
Le cinéaste Thomas Rinfret qui signe son premier long métrage a créé une œuvre intimiste et touchante assortie d’images d’archives. Primé au Festival de cinéma de la ville de Québec, Les derniers vilains fait découvrir le visage humain des lutteurs.
Ancien athlète
Même s’il n’a jamais été un grand amateur de lutte, Thomas Rinfret a tout de suite eu envie de faire ce film quand on lui a proposé. Cet ancien athlète de ski de compétition qui a réalisé des courts et moyens métrages sur le sport a vu dans ce projet l’occasion d’aborder l’univers sportif d’une autre façon.
«J’avais fait beaucoup de films sur le sport, mais là je voyais l’opportunité d’aller dans quelque chose de plus fantastique qui n’était pas en rapport avec la performance sportive. J’ai vraiment eu un coup de foudre quand j’ai rencontré Paul», a partagé le documentariste qui présente son film au FICFA.
Après la première entrevue, il avait déjà une montagne de matériel, mais il a voulu pousser l’expérience plus loin en suivant et observant Paul Vachon dans sa vie de vagabond, se déplaçant de ville en ville et de foire en foire pour vendre ses livres. L’ex-lutteur octogénaire qui marche le dos courbé a les yeux qui brillent quand il parle de lutte.
Le film c’est aussi un livre qu’aurait écrit Paul Vachon. De chapitre en chapitre, on découvre l’histoire des Vachon. Les illustrations de Marc Tellier sont superbes.
«Dans ma réflexion, quand on commençait à terminer le tournage, je me disais comment je vais faire pour passer l’information de façon à ce que ce ne soit pas toujours Paul qui parle. Je ne voulais pas juste un narrateur pour tomber dans un documentaire standard.»
Comme Paul Vachon a écrit des livres, mais en anglais, il a eu cette idée de recréer un livre en français pour les besoins du film à partir des morceaux d’histoire recueillis auprès de l’ex-lutteur. Il raconte son histoire, la relation avec son frère et les effets de la lutte sur sa vie.
«Si je pouvais le refaire, je referais tout exactement comme je l’ai fait. Je n’ai aucun regret», confie-t-il à un moment.
Le cinéaste considère que la lutte est en quelque sorte le décor de ce film puisque c’est davantage l’homme et sa vie qu’on découvre en regardant le documentaire. Thomas Rinfret a investi cinq années de travail dans la réalisation de ce projet.
«À l’époque où les gens réussissent à se faire connaître grâce à des émissions de télé-réalité, j’ai l’impression que la valeur reste dans le travail et dans le temps qu’on met pour faire les choses, dans la minutie et les détails. C’est ça qui me rend fier de ce film, c’est qu’on a pris le temps et on est allé dans les détails.»
Pendant la réalisation du film, le cinéaste a côtoyé le début de la vie avec la naissance de ses deux enfants et la vieillesse.
«Dans la façon d’aborder la vie que Paul a, ça m’a mis en paix avec la vieillesse. Son laisser-aller et son laisser vivre sont très forts et inspirants.»
Le documentaire, Les derniers vilains, Mad Dog & The Butcher, est présenté au théâtre l’Escaouette, ce mercredi 20 novembre à 19h, dans le cadre du Festival international du cinéma francophone en Acadie.