Les oeuvres de Luce Mazerolle Richard sont exposées jusqu’au 28 février au Centre multifonctionnel de Shediac. - Gracieuseté
Première exposition à 73 ans pour Luce Mazerolle Richard!
IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle
Lorsqu’on dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, Luce Mazerolle Richard en est l’exemple parfait. Pour la première fois de sa vie, elle est la vedette d’une exposition d’œuvres d’art qui se déroule au Centre multifonctionnel de Shediac.
«C’est vraiment merveilleux», dit avec reconnaissance Luce Mazerolle Richard. Ses débuts dans le monde des arts ont commencé très jeune. «Quand j’étais à l’école, le vendredi après-midi, les enseignants faisaient une période d’arts. C’était le dessin. Moi là, j’étais étouffée, car je ne dessinais point. Ça me rendait tellement nerveuse, raconte-t-elle. Ma sœur dessinait très bien, c’était elle l’artiste chez nous.»
Luce Mazerolle Richard était plutôt musicienne, elle jouait du piano. «Mon prof de piano, une religieuse, avait étudié à la Sorbonne, en beaux-arts, en piano et en musique. Elle dessinait des fresques en toute saison dans les grandes fenêtres du couvent. Ça m’impressionnait tellement. Je crois que ç’a été mon initiation de voir quelque chose comme ça», explique la dame native de Dalhousie et qui demeure maintenant à Moncton.
L’artiste dans l’âme a commencé la photographie il y a une quarantaine d’années. «J’aime beaucoup la photographie et la nature», mentionne-t-elle.
Elle a fait de l’enseignement au cours de sa vie. «Quand je suis arrivée à Charlottetown, à la petite école François-Buote, il n’y avait que 36 élèves. On voulait que j’enseigne l’éducation physique. Je suis aussi bonne en éducation physique qu’en dessin! (rires)»
Par la suite, comme elle réussissait bien dans les arts, le directeur d’école lui a suggéré qu’on demande à une autre professeure d’enseigner l’éducation physique pour que Luce Mazerolle Richard enseigne l’art aux élèves de 3e, 4e, 5e et 6e années.
«Là j’ai vraiment réalisé que c’était excitant, les arts, pour les enfants et pour moi aussi. Je vais te dire, j’ai 73 ans, mais il y a une petite fille de huit ans qui danse à l’intérieur de moi», ajoute-t-elle.
À un moment donné, elle a commencé à faire des décors dans les grandes salles. Elle créait ses propres patrons. Après être tombée enceinte, elle a mis fin à sa compagnie de décoration. «Ma vie c’est comme ça, c’est comme des montagnes russes», lance-t-elle.
Captivée par tout ce qui est couleur, forme, texture, et comme elle aimait beaucoup la décoration, elle voulait faire quelque chose de plus petit. Elle a commencé à faire des cartes en appliquant le même principe que pour les décorations des salles, en y impliquant le collage et l’assemblage. Ces mini-tableaux étaient composés de papiers qu’elle teignait, de tissus, de papier japonais, thaïlandais, de boutons, bijoux et autres objets. C’est à ce moment-là qu’elle a décidé qu’elle allait faire de plus grands tableaux.
Elle expose 28 œuvres à Shediac. «Il y en a deux seulement qui ont été faites avant la pandémie. Pour les 26 autres, j’ai commencé autour du 14 mars 2020 et j’ai continué jusqu’en décembre dernier», explique l’artiste. Durant cette période, elle perdait la vue. Elle a dû se faire opérer pour avoir une greffe de la cornée sur chaque œil. Elle a subi une chirurgie au mois d’octobre 2020.
«Les tableaux, c’est vraiment un collage tridimensionnel, fait à 90% de recyclage, informe l’artiste. Je me promène dans les friperies. Il y a beaucoup de bijoux parce que j’aime la forme et la couleur des bijoux. Si j’achète un collier, je le défais, ce sont les pierres et les perles qui m’intéressent.»
Elle a un tableau qui s’intitule Friandises all sorts. «C’est une sorte de bonbons à réglisse avec les roses et les jaunes», déclare-t-elle.
Sur un autre tableau, il manquait un grand cercle jaune.
«Je fouillais partout et je ne trouvais rien. Je suis descendue fouiller dans notre bac à recyclage et j’ai trouvé le couvert du beurre d’arachide de Barbour. C’était parfait», dit-elle en riant.
Elle prépare ses œuvres par intuition. «Je n’ai pas de plan quand je commence, je n’ai pas de plan du tout, rapporte-t-elle. Mon cœur d’enfant jubile à assembler ce qui me semble comme un énorme casse-tête jusqu’à ce que je réussisse à en faire un montage qui soit balancé et agréable à l’œil.»