Catherine Allard et Gabriel Robichaud dans une scène de la pièce Je cherche une maison qui vous ressemble. - Gracieuseté Suzanne ONeill
Des Acadiens en vedette dans une grande création théâtrale pancanadienne
Du jamais vu. Un projet théâtral sans précédent, mettant en scène 40 interprètes des quatre coins du Canada, dont quatre acteurs de l’Acadie, voyagera à travers le pays, de Vancouver jusqu’à Caraquet et Moncton. Une dizaine de compagnies de théâtre francophones sont engagées dans cette fresque identitaire intitulée Un.deux.trois.
Gabriel Robichaud, Florence Brunet, Caroline Bélisle et Jean-Charles Weka, un finissant du programme d’art dramatique de l’Université de Moncton, prennent part à cette vaste trilogie. Créé par la compagnie Orange Noyée, le spectacle est conçu par le comédien et dramaturge Mani Soleymanlou récemment nommé à la direction du Théâtre français du Centre national des arts.
Afin d’ouvrir la nouvelle saison du Théâtre français, il a eu envie de reprendre ce spectacle dans une nouvelle mouture pancanadienne.
«En fait, c’est la plus importante coproduction théâtrale francophone au Canada. Il n’y a jamais eu un projet de cette ampleur qui a été monté en français au pays avec les coproducteurs étendus partout au pays», a expliqué Gabriel Robichaud.
L’acteur de Moncton est fébrile à l’idée de faire partie de cette aventure théâtrale. C’est l’occasion d’une vie, estime-t-il.
«C’est extraordinaire en fait. Ça va nous permettre de jouer parmi les grandes scènes francophones au pays. Je m’amuse à dire que c’est plus proche d’une tournée rock que je ne ferai jamais dans ma vie.»
En prenant la barre du Théâtre français du CNA, Mani Soleymanlou a voulu produire dans une nouvelle version cette création portée par les questions identitaires. Qu’est-ce qui rassemble ou pas les francophones de ce pays au-delà de la langue?
«C’est un peu les questions qu’il nous a posées et à partir des réponses que tout le monde a soumis et des discussions que nous avons eues jusqu’à présent, cela a permis de tisser une toile qui va se préciser aussi dans les prochaines semaines à travers les sensibilités et les regards de chacun.»
Les interprètes qui proviennent de différentes régions du pays, sont de diverses origines, francophones, autochtones, allochtones et métis. Les comédiens jouent leur propre rôle. Le texte est écrit à partir des réflexions de chacun et des discussions dans le groupe.
«Je pars lundi pour Montréal et je n’ai aucune idée du texte que je vais jouer.[…]On va lire ensemble mardi et on va découvrir ça. C’est comme une sculpture. Présentement le spectacle est un bloc de bois dans lequel on va sculpter tous ensemble pour essayer d’arriver à la mouture qu’on présentera.»
Le comédien souligne que les aspirations, les colères, les questions identitaires et les regards sur un et sur l’autre ne sont pas forcément les mêmes pour chacun des artistes. «J’imagine que ça va être le choc des idées qui va justement créer cette espèce de dynamique.»
Les enjeux identitaires interpellent Gabriel Robichaud depuis longtemps. À l’exception de Vancouver, il a visité ou habité dans toutes les villes où ils s’arrêteront pour présenter le spectacle.
«Une des choses que j’aime à penser c’est qu’on a quand même beaucoup plus de ponts à construire que de fossé à creuser. Je ne sais pas si ce projet va me confirmer ou m’infirmer mon hypothèse, mais en même temps, je trouve que c’est un beau risque de rassembler tout ça sur scène.»
La tournée
Près d’une trentaine de représentations sont prévues du 29 septembre au 21 novembre. Rares sont les productions théâtrales d’une telle ampleur qui rassemblent autant d’acteurs professionnels.
«Je suis chanceux de pouvoir en faire partie et je suis chanceux également, si je mets mon chapeau de papa, d’avoir une conjointe qui m’appuie là-dedans.»
C’est une grande tournée, convient l’homme de théâtre.
«C’est long et exceptionnel, j’ai un peu d’appréhension, mais en même temps, je ne peux pas dire non à ça, mais ça ne vient pas sans sacrifice.»
Une première version de cette pièce jouée par d’autres acteurs a été créée à Montréal en 2014 et à Paris en 2017. D’une durée de 4 heures, le spectacle regroupe les trois volets Un.deux.trois. La première de la pièce se tiendra le 29 septembre au Centre national des arts à Ottawa. Le spectacle sera présenté, entre autres, au Théâtre populaire d’Acadie à Caraquet, les 2 et 3 novembre, ainsi qu’au théâtre l’Escaouette à Moncton, les 5 et 6 novembre.
«Je suis tellement content qu’on vienne ici avec ça. Ça va être un événement, 40 personnes sur scène au TPA et à l’Escaouette, c’est génial. C’est une belle gang et il y a beaucoup de beau monde avec toutes sortes de beaux points de vue et je pense aussi que ça va faire partie de la richesse du spectacle», a ajouté Gabriel Robichaud.