Après le théâtre, le cinéma, l’humour et l’art de la drag, Xavier Gould publie son tout premier recueil de poésie Des fleurs comme moi. Avec cette collection de poèmes, l’artiste revisite son enfance, sa ruralité, sa langue, sa sexualité, son identité queer et acadienne, tout en cherchant la beauté dans les émotions que représente l’éclatement identitaire.

Figure de proue de l’effervescence queer acadienne, l’artiste multidisciplinaire est connu notamment pour son alter ego dynamique Jass-Sainte Bourque, son personnage de drag Chiquita Mère et son film Mona (primé au FICFA). En publiant son premier recueil de poésie, iel vit un grand moment. Si les performances sur scène relèvent de l’éphémère, les écrits restent.

«J’ai écrit pour ensuite devenir poète», confie l’artiste.

Dès l’enfance, iel écrivait son journal intime. C’est à l’université après avoir échoué à un cours de français, ayant utilisé le chiac, qu’iel a choisi de suivre sa propre voie en revisitant plus sérieusement son acadianité.

«Des fleurs comme moi c’est vraiment un parcours qui vient un peu cartographier mon expérience quand j’ai déménagé à Moncton de 2017 à 2019», a indiqué l’artiste qui a grandi à Shediac. L’artiste vit maintenant à Montréal.

C’était à l’époque de la naissance de Jass-Sainte Bourque, un personnage singulier au genre ambigu, alliant ruralité et identité queer. Les poèmes de Xavier Gould sont nés de cette friction entre ce qu’iel vivait à l’intérieur et sur scène. Si Jass-Sainte était franchement épanoui·e et faisait rire le public, à l’intérieur, l’humoriste ressentait d’autres émotions.

«Pour une raison ou une autre, le succès de Jass-Sainte a révélé et a déterré tout ce trauma de ma jeunesse que je n’avais jamais revisité. En même temps que je faisais rire les gens, moi j’étais en train de pleurer dans mes cahiers.»

Les poèmes ont été inspirés de cette friction, d’une période d’incertitude, de quête personnelle où l’auteur·e dévoile une grande vulnérabilité.

«Je n’ai pas eu la chance de faire un «coming out» à un jeune âge. Ce sont les gens qui ont partagé que j’étais gai à un âge où je ne le savais même pas.»

Tout comme la fleur, l’artiste a besoin de travail, de patience et d’un bon environnement pour arriver à se révéler et à plonger dans l’écriture de ce recueil, estime Xavier Gould.

«C’est comme si je plantais la graine de ma tristesse pis chaque jour je «checkais» si elle avait poussé.»

 

La langue du coeur

Xavier Gould écrit en chiac, une langue assumée et essentielle à ses réalisations artistiques, que ce soit au cinéma, au théâtre ou en humour. C’est aussi une poésie parfois crue, irrévérencieuse qui ne fait pas de concessions.

«Je veux donner vie à la «way» que je parle de façon plus concrète. Je voulais exactement que quand on lit, on entende ma voix. Je parle du coeur, je parle avec mon Shediac dans ma langue, je parle le plus possible comme mes cousins, mes cousines, ma famille que j’ai grandi avec.»

En peaufinant ses textes, l’artiste les a lus à voix haute. Voici un extrait du recueil: «tu m’embrasses / tes waves su ma beach / j’aurais voulu que tu me Shediac dans la face sans arrêter aux gift shops / sans prendre de photos su le gros homard / sans coucher mon soleil levant.» (encore toi)

L’écriture du chiac n’est pas nécessairement facile, admet l’auteur·e qui a dû forger ses propres règles.

Pour assumer ses choix artistiques et plonger pleinement dans son écriture, iel s’est inspiré d’artistes comme Lady Gaga, Bjork, France Daigle, Gérald Leblanc et Paul Bossé.

Suivre son intuition

Avec ce recueil qui se veut lumineux, l’artiste ne cherche pas à se victimiser ou à abaisser sa famille. Iel a dû faire face à des enjeux difficiles pendant sa jeunesse, faisant en sorte qu’iel est passé rapidement à l’âge adulte.

«Je suivais mon intuition et c’est ça qui causait la friction entre moi et ma famille qui voulait de façon toxique protéger son enfant.[…] En tant que personne queer non binaire, je pense que la famille c’est aussi comme une fleur, ça prend du temps, de la patience et du travail.»

Aujourd’hui sa famille l’appuie dans ses projets. «Ils sont la preuve que des gens peuvent changer et que l’éducation c’est possible.»

L’artiste a voulu raconter de façon poétique son expérience avec tout le bagage que cela comporte, espérant que ce recueil puisse démontrer aux gens qu’il n’est jamais trop tard pour avoir le courage et la patience de s’écouter afin de révéler qui ils sont vraiment.

Publié aux Éditions Prise de parole, Des fleurs comme moi sort en librairie ce mardi 7 mars. Des lancements auront lieu à Montréal, le 19 avril et à Moncton, le 30 avril.

Par ailleurs, Xavier Gould jouera dans la pièce de théâtre Laitue matinal·e de Lionel Lehouillier à l’affiche de la Nouvelle Scène à Ottawa, à compter du 12 avril.

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