Les Gars du Nord tout au long de l’année avec leur troisième album

À l’aube de leur dixième anniversaire et après deux albums célébrant le temps des Fêtes, le temps était venu pour Les Gars du Nord de «tymer» à longueur d’année sur galette et sur scène. Pari réussi avec Les fils du père, troisième opus que la formation acadienne lancera au cours des prochains jours et qui risque bien de faire danser dans plusieurs salles de spectacles et festivals au cours des prochaines années un peu partout au Québec et en Acadie.

Les fils du père réunit les thèmes souvent très métaphoriques de la mer, de l’amour tous azimuts ainsi que des partys bien arrosés dans des sonorités celtiques, irlandaises et bretonnes mélangées à du country sauce acadienne. Les 10 pistes de l’album, en majeure partie composées par Wilfred Le Bouthillier et Danny Boudreau, contiennent certains traits d’humour, comme dans la chanson Bootlegger («Sa femme y‘elle nous aime pas / À barre la porte quand on arrive là»), évoquent des personnages mi-réels, mi-imaginaires («Y’est pas grand mais y prend ben d’la place / Y’a toujours la tête dans les nuages / Ti-Joe à Billy j’vous dis c’est pas d’la crasse», peut-on entendre dans Ti-Joe à Billy), rappellent avec émotion quelques naufrages dans lesquels sont disparus des pêcheurs au fil du temps («j’ai vu le capitaine / Faire son signe de croix / L’ouragan nous malmène / La mer qui nous foudroie», dans K.O.), ou encore expriment avec une certaine nostalgie le passage du temps comme dans l’ultime plage de l’album, Adieu (a capella pour les deux-tiers de la pièce qui se termine musicalement dans la bonne humeur): «Comme dans l’désert / Tu marches ou ben tu cours / T’es sédentaire / Ou ben t’es voyageux / Car sur la Terre / Notre voyage est court». Le tout enrobé de rhum, de bière, de rythmes endiablés et de quelques gueules de bois.

«Ça aura mis 10 ans avant de le faire cet album-là; ça faisait plusieurs années qu’on en parlait. Certaines chansons ont mijoté longtemps, comme Les fils du roi, que j’ai commencé à écrire avant la pandémie. L’esprit de cette chanson-là a mis la table pour ce qui suivrait, c’est-à-dire ce côté celtique, irlandais et breton mélangé à du country acadien que nous voulions insuffler à l’album», souligne le co-auteur des Fils du roi, Danny Boudreau, au cours d’un entretien téléphonique avec l’Acadie Nouvelle à quelques jours du premier lancement.

Après avoir connu du succès tant au Québec qu’en Acadie avec leurs deux précédents albums des Fêtes (Caribou, sorti en novembre 2020, de même que leur album éponyme, lancé peu avant le début de l’hiver 2015), Les Gars du Nord ont souhaité passer en vitesse supérieure et inscrire leur formation dans la durée, et ce, tout au long de l’année.

«Ça s’est vraiment concrétisé il y a deux ans, note Danny Boudreau. On a fait beaucoup de festivals durant l’année en interprétant des reprises et on s’est dit qu’on aimerait ça amener ça plus loin. J’avais déjà amorcé avec Wilfred l’écriture de la chanson Les fils du roi, mais la première chanson que nous avons terminée (pendant la tournée du temps des Fêtes de 2021), c’était l’adaptation de Galway Girl de Steve Earle, qui est devenue Les hardes cirées et que nous avons enregistrée dans un studio aux Îles-de-la-Madeleine. C’est au moment de cet enregistrement que nous avons constaté que nous avions là un début d’album. Nous nous sommes donc mis à la tâche pour la suite.»

C’est aussi la raison pour laquelle on y entend la voix de Jean-Marc Couture, ex-membre du groupe qui l’a depuis quitté pour se joindre à La Chicane.

«Nous avons tous dû faire le choix de mettre nos autres projets personnels en veilleuse, car ça devenait trop compliqué de gérer ceux-ci et ceux du groupe en même temps et il fallait se donner à 100% dans le projet du nouvel album», affirme Danny Boudreau, qui a dû lui aussi se désister de Beauséjour, projet musical qu’il avait entamé en 2019 avec la Franco-Manitobaine Jocelyne Baribeau.

Désormais à sept et déjà plusieurs dates prévues

Jean-Marc est parti, mais les trois autres piliers des Gars du Nord – Wilfred Le Bouthillier, Danny Boudreau, Maxime McGraw – y sont toujours, auxquels se sont aussi greffés d’autre musiciens comme Nicolas Basque, les frères Mike et Danny Bourgeois de même que Jean-Frédéric Lizotte, qui signe par ailleurs la réalisation de l’album dans lequel nous noterons aussi au passage les participations des musiciens Jeff Smallwood et Danny Maillet.

Et c’est dorénavant à sept – officiellement sur scène depuis l’automne 2022 – que Les Gars du Nord entendent reprendre la route pour les prochains mois.

«Le fait que l’on soit maintenant sept sur scène, ç’a rehaussé la qualité de notre spectacle des Fêtes et nous sommes rendus là, à déployer cette énergie-là dans nos spectacles à longueur d’année», soutient Danny Boudreau, insistant particulièrement sur l’apport de Nicolas Basque dans le raffinement du son des Gars du Nord.

«La part de Nicolas dans l’album est très grande, non seulement parce que c’est un excellent chanteur et musicien, mais aussi parce que s’il y en a un qui connaît bien la musique celtique et le son acoustique qui en découle, c’est lui. Il a apporté cette solidité-là au niveau acoustique à travers les chansons de l’album.»

Preuve en est qu’avant même la sortie de leur troisième effort, c’est déjà bien parti pour Les Gars du Nord, la formation a eu droit, samedi soir dernier, à un solide coup de pub lors du spécial Francos de l’émission En direct de l’univers mettant en vedette notre Wilfred nordique ainsi que la rappeuse québécoise née au Sénégal Sarahmée.

Par ailleurs, déjà plusieurs festivals (dont les dates seront annoncées sous peu) sont prévus à leur horaire ou en voie de l’être, et l’automne s’annonce également occupé pour Les Gars du Nord, sans compter la tournée de Noёl à travers laquelle le groupe célébrera en grand son dixième anniversaire. En outre, le producteur de spectacles Éric Pelletier (qui travaille entre autres avec Marc Dupré, 2Frères, Corneille et France D’Amour) s’est joint à l’aventure, ce qui devrait encore galvaniser davantage l’agenda de la formation acadienne.

«Nous avons même déjà une dizaine de salles réservées pour 2024 et le volet estival est en train de se solidifier. Ça augure bien pour les deux prochaines années», atteste Danny Boudreau.

Les spectacles-lancements du nouvel album des Gars du Nord ouverts au public et aux médias auront lieu vendredi, à 20h, à la Salle J.-Armand-Lavoie de la Polyvalente W.-A.-Losier à Tracadie, puis le lendemain, également à 20h, à la Salle Richelieu de l’École secondaire Népisiguit à Bathurst.