Le cinéaste Phil Comeau s’envole vers la France afin de présenter en première mondiale son nouveau documentaire Racines, diaspora et guerre. Cette œuvre du réalisateur acadien suit le périple de l’artiste Isabelle Cyr qui va à la rencontre de Français ayant des origines ou des liens avec l’Acadie.

Tout comme pour ses deux courts métrages sur les Acadiens de Belle-Île-en-Mer, Phil Comeau a produit ce nouveau documentaire de manière indépendante.

«Comme mes deux films sur Belle-île avaient été refusés par tout le monde (les producteurs), je me suis dit c’est le même genre de sujet, il va être probablement refusé, ça fait que pourquoi attendre quatre mois pour une réponse.»

Il a obtenu du financement des conseils des arts fédéral et provincial, ainsi que de bailleurs de fonds en France. Le film a été tourné complètement sur le territoire français, plus particulièrement dans les régions du Poitou, de la Bretagne, de la Normandie et Paris, où l’on compte encore un grand nombre de personnes ayant des origines acadiennes.

D’après les informations qu’il a obtenues auprès de généalogistes, environ 5000 Acadiens ont été déportés en Europe. De ce nombre, 1500 seraient repartis vers la Louisiane, donc ça laisse environ 3500 réfugiés qui seraient restés en Europe. Des générations plus tard, on estime aujourd’hui qu’il y a des centaines de milliers d’Européens qui auraient des origines acadiennes, mentionne le cinéaste.

Cent deuxième film de Phil Comeau, Racines, diaspora et guerre, un moyen métrage de 52 minutes, a été tourné dans huit régions françaises à l’été 2022.

«J’avais envie de faire le film parce que je me suis rendu compte que le grand public et les festivals sont intéressés par le sort des descendants des réfugiés quelques générations plus tard. Je me rends compte que c’est quelque chose qui touche beaucoup de monde. On a présentement 70 millions de réfugiés dans le monde, mais ce sont des millions et des millions qui ont des ancêtres qui ont été réfugiés. Tous nos ancêtres acadiens étaient des réfugiés.»

Le réalisateur tenait à travailler avec Isabelle Cyr qui tout comme lui considère important de maintenir des liens avec ses cousins français. De plus, la comédienne et musicienne a fait de nombreuses tournées en France en duo avec Yves Marchand. La caméra la suit dans son périple fascinant. Elle s’entretient avec des Acadiens, des musiciens, des gens passionnés par leurs origines, l’histoire et la généalogie. À travers ces rencontres, elle découvre des liens de parenté et des lieux de ses ancêtres.

«Ce qui fait que ça a été un tournage assez prenant émotivement. Il y a plein de liens qui sont créés pour la vie pour moi. Ça a été une aventure assez exceptionnelle», a exprimé Isabelle Cyr. «C’est très émouvant de voir qu’il y a des gens qui cherchent aussi à faire découvrir à la France l’histoire de l’Acadie. Ça vient nous chercher.»

La comédienne a constaté qu’ils ont également à coeur la survie de l’Acadie.

«C’est quasiment comme un ‘‘boost’’ parce que tout d’un coup tu te dis y’a pas juste ici en Atlantique, il y a l’autre bord de l’océan, des gens qui y croient et qui veulent que ça reste.»

Selon elle, ce film touche à une histoire humaine universelle qui dépasse les frontières de l’Acadie, rejoignant tous les peuples qui ont vécu des génocides et des déportations. Isabelle Cyr, qui rencontre également des musiciens dans le documentaire, signe la musique de ce film avec Yves Marchand.

 

Docu-fiction

Le cinéaste a collaboré avec une vingtaine de comédiens d’une troupe de théâtre locale afin de reconstituer des scènes d’exils de leurs ancêtres. Ces retours dans le passé sont filmés en noir en blanc, tandis que l’ensemble du documentaire est en couleur.

«Quand je suis maître de mes projets, je me fais plaisir, je l’ai tourné comme je voulais le tourner», a ajouté le réalisateur, estimant qu’il s’agit d’un «gros projet avec un petit budget». Une centaine de personnes se retrouvent à l’écran.

«Ce qui me frappe toujours encore c’est comment ça se fait que 250 ans plus tard, il y a encore des gens qui sont touchés par leur culture d’origine. La plupart de nos ancêtres chez les francophones viennent de France. Quand tu vas là (en France), ils te parlent comme si leurs ancêtres venaient de l’Acadie. À chaque fois, ça me fait un drôle d’effet. Comme s’ils n’ont jamais été capables de se faire réassimiler par la France. Ils ont gardé un esprit fort, indépendant, différent, unique.»

La première du documentaire qui aura lieu à Châtellerault s’inscrit dans le cadre du 250e anniversaire de l’arrivée des Acadiens réfugiés au Poitou. Le film sera présenté dans six villes du Poitou, de la Bretagne et de la Normandie, du 28 mars au 5 avril.

Phil Comeau souhaite aussi le montrer de ce côté-ci de l’Atlantique cet été, sinon peut-être au Festival international du cinéma francophone en Acadie en novembre prochain.

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle