Maurice Cormier dans son atelier qui travaille à ses petites gravures. - Gracieuseté
Exposition d’estampes de Maurice Cormier: les souvenirs d’enfance
Inspiré par des souvenirs d’enfance qui s’entrecroisent, l’artiste Maurice Cormier présente une série d’une vingtaine de linogravures rassemblées dans son exposition Ondes de radio et signaux de fumée.
L’artiste de Campbellton a conçu ces œuvres à un moment intense de sa vie, pendant qu’il était au chevet de sa mère en soins palliatifs à ses derniers moments. Pour réussir à maintenir un équilibre et à sortir cette énergie, il écrivait beaucoup, donnant lieu à des idées et à des concepts. Il s’est souvenu, entre autres, d’une radio que sa mère avait dans les années 1970. Cette radio pouvait capter les ondes courtes ainsi que les ondes AM et FM, leur permettant ainsi de voyager à travers le monde. Cette fascination pour les ondes électromagnétiques qui peuvent traverser l’univers l’ont amené à imaginer de façon hypothétique ce qui se passerait s’il syntonisait la fréquence parfaite. Pourrait-il retrouver des traces de sa mère?
À cette même époque, son père brûlait les champs derrière la maison au printemps. Ces feux de printemps dégageaient la terre pour être fertile à nouveau, symbolisant la régénération et la renaissance. Dans cette série de petites gravures (en édition limitée de 10), ces deux concepts sont représentés dans des formes plutôt abstraites.
«C’est quasiment comme deux différentes idées qui viennent se croiser. En même temps qu’on avait cette radio-là, mon père chaque printemps faisait brûler le champ en arrière de la maison. Il y avait tout ce côté de la vie, de la mort, du renouvellement. […] Il y avait un côté de ça que je trouvais fascinant», a expliqué l’artiste natif de Shediac.
Maurice Cormier estime que l’enfance occupe une grande place dans sa création.
«L’enfant est toujours là, avec la vie, il y a toutes sortes de choses qui s’embarquent par-dessus ça, qui viennent masquer et cacher le coeur de qui on est vraiment. Les choses qui m’ont marqué le plus viennent de l’enfance.»
Intimité et simplicité
En entrant dans la galerie d’art du Théâtre Capitol à Moncton, on doit s’approcher de très près des gravures pour admirer les détails. Contrairement à sa conjointe Mélanie Parent qui peint de grands tableaux, il privilégie davantage la création de petites oeuvres (2 pouces sur 2 pouces).
«Il y a un côté qui est beaucoup plus intime, ça vient de l’intérieur. Moi je suis un peu comme ça, je suis introverti, gêné. Quelque part, ça reflète un peu ça. Ce n’est pas de le cacher, mais de travailler avec ça.»
Maurice Cormier a découvert le dessin très jeune. Il aime la simplicité et son côté pratique.
«Tu peux être n’importe où, sur le bord d’un feu de camp prendre un morceau de charbon et faire une œuvre. Il y a aussi le côté folk de la pratique.»
L’estampe est arrivée plus tard. Il travaille surtout en noir et blanc, éliminant ainsi tout ce qui est non essentiel à la clarté de l’oeuvre, estime-t-il. Encore là, c’est une question de simplicité. Ce n’est pas qu’il n’apprécie pas la couleur, mais il préfère le noir et blanc pour clarifier ses idées et les présenter de façon cohérente. Dans son énoncé, l’artiste précise que ses œuvres ne sont jamais des déclarations, mais plutôt des questions ou des réflexions.
L’exposition Ondes de radio et signaux de fumée est en montre au Théâtre Capitol jusqu’au 26 avril. Par la suite, cette exposition sera appelée à voyager dans la province. Elle sera présentée au Saint John Arts Centre, cet été et à la galerie Bernard-Jean à Caraquet plus tard dans l’année ou en 2024.
Ayant obtenu son baccalauréat en arts visuels avec une majeure en photographie et en estampe, Maurice Cormier a depuis exposé ses œuvres en groupe et en solo. Il a aussi illustré quelques livres et a travaillé sur plusieurs autres projets visuels.