Le jeune ténor lyrique acadien Zachary Rioux, de Grand-Sault - Gracieuseté: Jeanine Hill
Zachary Rioux: après l’Amérique, le monde!
Après l’Amérique, le monde! En tout cas, c’est bien parti pour le jeune ténor acadien Zachary Rioux qui, après une année faste dans différentes compagnies d’opéra du pays ainsi que des États-Unis, s’envolera pour l’Allemagne au cours de l’été pour y perfectionner sa magnifique voix pour une durée de deux ans.
Mais juste avant, le ténor vingtenaire originaire de Grand-Sault que nous avons joint par téléphone depuis Philadelphie viendra chanter pour la première fois dans sa province natale à titre d’artiste professionnel.
Zachary Rioux performera dans Le Messie de Haendel avec Symphonie NB (sous sa forme orchestre de chambre Camerata NB) et le Choeur Louisbourg les 4, 5 et 6 avril, à 19h30, à Saint-Jean (au Théâtre Impérial), Moncton (au Théâtre Capitol) et Fredericton (au Playhouse). Une étape que celui qui a gradué de la prestigieuse Glenn Gould School de Toronto en 2019 considère comme importante et incontournable dans sa jeune carrière de chanteur lyrique.
«Je suis vraiment content, parce que j’ai toujours voulu chanter avec Symphonie Nouveau-Brunswick depuis que j’ai commencé à faire mon baccalauréat en musique. À ce moment-là, je n’étais pas encore rendu à ce niveau (pour chanter avec Symphonie NB). Mais maintenant, c’est le temps», exprime Zachary Rioux en toute humilité.
La dernière fois que nous lui avons parlé, c’était justement il y a quatre ans, alors qu’il entrait dans le dernier droit de son baccalauréat en musique à Toronto. Ça semble court, mais dans le cas de Zachary Rioux, c’est une éternité. Au cours des quatre dernières années, le ténor a pris de l’assurance et de la maturité avec sa voix qui s’est arrondie et qui a gagné en puissance.
Celui qui était entré baryton à la Glenn Gould pour en ressortir ténor lyrique poursuit aujourd’hui son apprentissage à l’Academy of Vocal Arts (AVA), située à Philadelphie. Ce perfectionnement s’entend et colore sa voix d’un très beau spinto, ce qui lui ouvre des portes pour une panoplie de rôles divers tant à l’opéra qu’en concert.
«Quand j’ai commencé à Philadelphie, j’ai remarqué ce changement dans ma voix, cette puissance que je n’avais pas auparavant. Je me considère encore comme un ténor lyrique, mais j’ai acquis un côté plus spinto à cause de ça. Ça me permet d’attaquer plus facilement le répertoire lirico-spinto grâce à la formation que je reçois à l’AVA, un répertoire que je voulais faire depuis longtemps», souligne Zachary Rioux.
Nous l’avons dit, la dernière année a été occupée pour le chanteur qui s’est notamment produit avec le Edmonton Opera l’automne dernier (dans le rôle de Spoletta de l’opéra Tosca de Verdi), ainsi qu’à Toronto, à Montréal et à divers endroits aux États-Unis.
Glimmerglass Festival
Son prochain arrêt majeur après le Nouveau-Brunswick sera d’ailleurs le Glimmerglass Festival de Cooperstown, dans l’État de New York, en juillet et en août prochain, où il tiendra le rôle de Parpignol dans La bohème de Puccini. Plusieurs artistes aujourd’hui internationalement reconnus ont passé par le festival en début de carrière. C’est le cas notamment des sopranos québécoises Karina Gauvin et Marie-Ève Munger, ainsi que la mezzo française Marie Lenormand. Zachary Rioux en sera à sa seconde participation, après une première expérience en 2019.
«Je pense que je suis mieux préparé maintenant qu’en 2019, en raison de la maturité que j’ai acquise au cours des dernières années», atteste le ténor, qui voit également ce second passage au Glimmerglass comme une rampe de lancement pour la Bayerische Staatsoper de Munich en Allemagne, ville où il emménagera dans les prochains mois.
Juste avant, il passera en outre l’été à l’Internationale meistersinger akademie de Neumarkt in der Oberpfalz, située au sud-est de Nuremberg en région bavaroise. Il y aura notamment pour professeures la légendaire mezzo allemande Brigitte Fassbaender et la non moins légendaire soprano canadienne Edith Wiens, officière de l’Ordre du Canada qui, en plus d’y enseigner, est également la directrice de l’académie.
«Au Glimmerglass Festival, nous faisons aussi beaucoup d’auditions pour des compagnies d’opéra américaines. J’ai donc pensé que ça pouvait être une bonne idée d’y participer à nouveau avant de m’envoler pour l’Allemagne. On verra ce que ça donnera par la suite», affirme Zachary Rioux, qui performera notamment dans le rôle de Parpignol de l’opéra La Bohème de Puccini durant le festival.
«Un jour à la fois»
Un tel parcours académique et artistique prodigieux donnerait raison à Zachary Rioux de se targuer de voir sa carrière se développer rapidement. Il s’en dit fier, mais tout comme il y a quatre ans, il demeure lucide pour la suite.
«Je prends ça un jour à la fois. C’est vrai que même malgré la pandémie qui a fait en sorte que plusieurs de mes concerts ont été annulés, ma carrière s’est vite développée. C’est sûr que j’espère que tout ça m’amènera à chanter dans les plus grandes maisons d’opéra du monde, mais je ne sais pas si ce sera dans deux, trois, cinq ou 15 ans. Je pense que je suis sur une bonne lancée.»
Lucide et modeste, car ce qu’il souhaite par-dessus tout, c’est d’être à son meilleur sur scène.
«C’est clair qu’il me reste encore beaucoup de travail à faire, affirme promptement Zachary Rioux. Je suis loin d’être parfait! Mais je sens que j’ai encore beaucoup à donner au public avec ma voix.»
Et c’est tant mieux.