Sébastien Bérubé. - Fullhouse Media
Sébastien Bérubé remporte le Combat national des livres 2023
Pour une deuxième année consécutive, l’Acadie s’est démarquée lors du Combat national des livres, alors que Rivières-aux-Cartouches: Histoires à se coucher de bonne heure, de Sébastien Bérubé, a remporté la palme.
L’auteur du Nord-Ouest succède ainsi à Vanessa Léger, de Tracadie, qui a remporté les grands honneurs lors de ce concours en 2022.
Celui qui représentait la région de l’Atlantique devait se frotter à des œuvres en provenance de quatre autres régions canadiennes, soit le Québec, l’Ontario, l’Ouest canadien et les territoires autochtones.
Un vote du public a, entre autres, permis au livre de se tailler une place en finale. C’est finalement un jury formé d’auditeurs qui a couronné, de façon quasi unanime, l’œuvre de Sébastien Bérubé.
«Juste pour avoir été sélectionné dans les cinq finalistes du Combat des livres, je me considère déjà gagnant. Mais après avoir entendu le combat et terminé comme gagnant, il n’y a pas de meilleur scénario.»
Avec Rivières-aux-Cartouches, celui qui s’est véritablement mis dans la peau d’un conteur voulait, à travers les yeux d’un éventail de personnages tout aussi colorés les uns que les autres, proposer une série de petites histoires inspirées des légendes, secrets, rumeurs et de souvenirs à propos de son coin de pays.
Ce sont les régions du Madawaska et du Restigouche qui ont servi de toile de fond pour l’auteur qui s’est amusé à mélanger ces deux endroits pour n’en faire qu’un afin de raconter le récit fictif de son village.
«J’ai toujours eu cette volonté d’amener la beauté et l’originalité de la région, ainsi que la ruralité du Madawaska et du Restigouche, à l’avant-plan. Pour moi, c’est vraiment important.»
Une œuvre fondatrice
Comme le nom du concours l’indique, le combat des livres a aussi mis en scène diverses personnalités qui avaient la tâche de défendre l’œuvre de la région qu’ils représentaient.
C’est l’artiste acadien Gabriel Robichaud qui a choisi de défendre l’ouvrage de Sébastien Bérubé.
C’est de façon assez catégorique qu’il a déclaré d’entrée de jeu qu’il lui était pratiquement impossible de défendre une autre œuvre que celle de l’écrivain du nord-ouest du Nouveau-Brunswick.
«Quand on m’a proposé ça, c’est le premier livre auquel j’ai pensé (…) Si on ne m’avait pas permis de le défendre, j’aurais même pensé à décliner ma participation, car il n’y avait pas un livre pour représenter l’Atlantique qui se défendait mieux que celui-là.»
Le comédien et écrivain originaire de Moncton a parlé avec une passion stupéfiante de ce roman qu’il a notamment décrit comme une œuvre fondatrice. Selon lui, Sébastien Bérubé a su, de main de maître, insérer l’imaginaire des peuples du Madawaska et du Restigouche dans la littérature acadienne.
«Pour moi, ç’a été la quintessence de Sébastien. On parle d’une œuvre avec un O majuscule. Il a jeté les bases de ce qui allait constituer une bonne partie de la suite de son œuvre et de son héritage comme auteur (…) Ces régions existent dans la littérature, mais elles n’ont jamais existé comme ça.»
Un aspect qui a particulièrement frappé l’imaginaire de celui qui avait à défendre l’ouvrage au Combat national des livres est la façon dont l’auteur de Rivières-aux-Cartouches arrive, à travers sa plume, à laisser les gens parler au lieu de parler pour eux.
«D’arriver à ça, c’est rare. Sachant ça, je me considère chanceux d’avoir pu le défendre (…) Sébastien mérite tout ce qui lui arrive et tant mieux si j’ai pu lui donner un coup de pouce.»
Malgré toute la confiance qu’il avait en l’œuvre, Gabriel Robichaud a avoué qu’il y avait un réel défi à défendre une œuvre relativement récente. Le lancement officiel de Rivière-aux-Cartouche a eu lieu en janvier.
«Il n’a pas eu encore la chance de recevoir une reconnaissance médiatique et littéraire dans le temps, alors, pour que ce soit imprimé dans l’imaginaire des gens, il fallait essayer de convaincre les gens de sa pertinence.»
«Sans manquer de respect aux autres livres qui étaient très bons, je savais que j’avais le seul livre fondateur pour sa littérature. Pour moi, ç’a été un choix facile, mais pas une défense facile pour autant.»
C’est même avec un sentiment mêlant fébrilité et nervosité qu’il s’est lancé, au cours de la dernière semaine, dans la défense du livre.
«Je me disais: “je ne peux pas ne pas être à la hauteur de ce livre-là.” Et être à la hauteur de ce livre, c’est d’arriver avec la mentalité de gagner, car il méritait de gagner.»
Sébastien Bérubé s’est dit particulièrement flatté d’avoir été choisi par celui qui est aussi un bon ami.
«Il l’a tellement bien défendu qu’il m’a donné envie de lire mon propre livre. Il a compris chacune des petites nuances que j’ai essayé de faire dans cet univers-là. Ça m’a confirmé, en tant que créateur, que mon univers fonctionne, que mon ouvrage parle aux gens et que je n’ai pas manqué ma cible.»
D’autres projets en vue
Une plume aussi prolifique que celle de Sébastien Bérubé ne s’estompera évidemment pas de sitôt. L’écrivain a déjà d’autres projets en développement dans sa manufacture à idées.
Il est notamment en train de terminer son quatrième recueil de poésie qui devrait voir le jour en 2025 en plus de travailler sur le récit Réguine et Radoux qui demeurera dans le même univers que Rivières-aux-Cartouches.
«Ça m’a pris tellement de temps et de rumination avant de créer ce monde-là que je ne peux pas le laisser partir avec le premier livre. Je n’ai pas le choix de continuer avec ces personnages, je les aime trop.»