La chanteuse Tina Turner s’éteint à l’âge de 83 ans

Tina Turner, la chanteuse à la présence scénique magnétique qui a fait équipe avec son mari Ike Turner pour une série de disques à succès et de spectacles dans les années 1960 et 1970 et qui a survécu à ce mariage toxique pour triompher à 40 ans avec le titre What’s Love Got to Do With It, est décédée à 83 ans.

La «reine du rock ‘n’ roll» s’est éteinte mardi des suites d’une longue maladie dans sa maison de Küsnacht, près de Zurich, en Suisse, selon son agent. Elle était devenue citoyenne suisse il y a dix ans.

Peu de grandes vedettes ont connu ce parcours en dents de scie: née Anna Mae Bullock en 1939 dans un hôpital du Tennessee où l’on pratiquait la «ségrégation raciale», elle a passé les dernières années dans un vaste domaine sur le lac de Zurich. Mais au milieu, elle aura surmonté de terribles épreuves, notamment un manque total d’amour de ses deux parents.

Agressée physiquement, émotionnellement dévastée et financièrement ruinée par sa relation de 20 ans avec Ike Turner, elle est devenue une immense vedette, à elle seule, dans la quarantaine, à une époque où la plupart de ses paires étaient sur le point de décliner. Et elle est restée par la suite l’une des meilleures sur une scène, pendant des années.

Avec des admirateurs et admiratrices allant de Beyoncé à Mick Jagger, Tina Turner était l’une des artistes les plus célébrées au monde, connue pour des succès pop, rock et rhythm and blues: «Proud Mary», «Nutbush City Limits», «River Deep, Mountain High», puis, dans les années 1980, «We Don’t Need Another Hero», «Private Dancer» ou une reprise de «Let’s Stay Together» d’Al Green.

Ses «marques de commerce» étaient son contralto graveleux, son sourire frondeur et ses pommettes saillantes, sa palette de perruques — et de superbes jambes, musclées et rapides, qu’elle n’hésitait pas à montrer.

Elle a vendu en carrière plus de 150 millions de disques dans le monde, a remporté 11 prix Grammy, a été élue, avec Ike, au Temple de la renommée du rock and roll en 1991 (puis toute seule en 2021) et a été honorée au Kennedy Center en 2005, avec Beyoncé et Oprah Winfrey. Sa vie a inspiré un film, une comédie musicale sur Broadway et un documentaire de HBO en 2021, qu’elle a présenté comme ses «adieux au public».

Mari violent

Jusqu’à ce qu’elle quitte son mari Ike et révèle leur horrible histoire de couple, elle était connue comme le repoussoir sur scène d’Ike, la meneuse féminine dans la «Ike and Tina Turner Revue». Le couple a fait des tournées pendant des années, en partie parce qu’Ike manquait souvent d’argent et ne voulait pas annuler un concert. Tina Turner a ainsi dû se produire parfois avec une bronchite, une pneumonie, voire un poumon droit affaissé.

Mais d’autres fois, la cause de ses malheurs était Ike lui-même. Comme elle l’a raconté dans son autobiographie, son mari a commencé à la frapper peu de temps après leur rencontre, au milieu des années 1950, et n’a fait que devenir plus violent par la suite. Provoqué par n’importe quoi et n’importe qui, il lui jetait du café chaud au visage, l’étouffait ou la battait jusqu’à ce que ses yeux soient enflés, puis la violait. Avant un spectacle, il lui avait cassé la mâchoire et elle était montée sur scène la bouche pleine de sang.

Terrifiée à la fois d’être avec Ike et d’être sans lui, elle attribue à sa foi bouddhiste naissante, au milieu des années 1970, le mérite de lui avoir donné un sentiment de force et d’estime de soi, et elle finit par le quitter en 1976. «The Ike and Tina Turner Revue» devait ouvrir une tournée marquant le bicentenaire des États-Unis lorsque Tina s’est échappée de leur chambre d’hôtel à Dallas, avec juste une carte de crédit et 36 cents en poche, pendant qu’Ike dormait.

Après des débuts solo difficiles, à 40 ans, elle a réussi ensuite à se faire une place, avec un peu d’aide au départ d’artistes comme Rod Stewart, Mick Jagger ou David Bowie, qui avaient vu juste en elle.