Double première pour Dion Mazerolle. Le baryton acadien se produira pour la première fois vendredi soir à la Maison symphonique à Montréal dans la mythique Messe en si mineur de Bach, un concert sous l’égide de l’Ensemble Caprice dirigé par Matthias Maute qui sera repris deux jours plus tard au Palais Montcalm de Québec – c’est l’autre première de ce fantastique chanteur à la voix ronde et grave qui a connu, jusqu’ici, une très fructueuse saison 2022-23 des deux côtés de l’océan Atlantique.

Nous avons parlé à Dion Mazerolle à quelques heures des premières répétitions à la Maison symphonique, alors qu’il était à bord du train le menant à Montréal. Le baryton, qui chantera en compagnie de la soprano Janelle Lucyk, du contreténor William Duffy et du ténor Benjamin Butterfield ainsi que de l’Ensemble ArtChoral, affichait déjà une certaine fébrilité à l’idée de chanter dans cette salle qui accueille l’Orchestre symphonique de Montréal de même que de grands noms de la musique depuis son ouverture en grandes pompes, en 2011.

«J’ai beaucoup entendu parler de l’acoustique de la Maison symphonique; j’ai de nombreux collègues comme (le ténor lui aussi acadien) Éric Thériault qui y ont chanté et j’ai hâte de voir comment ma voix va s’y comporter», souligne Dion Mazerolle, ajoutant qu’il mettra aussi les pieds pour la première fois à l’intérieur de l’endroit.

Le baryton acadien, qui demeure à Toronto depuis plusieurs années, ne sera toutefois pas totalement dépaysé, puisqu’il connaît bien la Messe en si mineur, l’oeuvre-phare de Bach.

«C’est le summum et un peu la synthèse de tout ce que Bach a créé en termes de cantates, de passions et autres oeuvres pour voix et orchestre. J’ai deux grands solos à l’intérieur de la Messe et qui mettent bien en évidence la puissance et l’agilité de la voix du baryton, alors oui, j’ai très hâte de les exécuter dans la Maison symphonique», renchérit Dion Mazerolle.

Après Montréal et Québec, le baryton retrouvera Matthias Maute et l’Ensemble Caprice en Acadie le 29 juillet, à l’église Sainte-Cécile de Petite-Rivière-de-l’île, dans le cadre du Festival international de musique baroque de Lamèque. Il chantera en compagnie de sa compatriote acadienne et soprano Nathalie Paulin, du contreténor d’origine uruguayenne Leandro Marziotte et du ténor québécois Philippe Gagné, dans un concert dédié au Magnificat de Bach et à la cantate Heilig de son fils, Carl Philipp Emanuel.

S’il avoue découvrir la seconde œuvre, Dion Mazerolle dit en revanche très bien connaître la première. Même que le Magnificat le fera replonger plusieurs années en arrière.

«C’est un peu drôle, parce que quand j’ai fait mon bacc en musique à l’Université de Moncton, à ma première année d’études, j’avais été sollicité comme soliste pour le Magnificat de Bach, avec le chœur du département. J’avais 19 ans et c’était enregistré par Radio-Canada, sous la réalisation de Brigitte Lavoie (qui a également réalisé plusieurs enregistrements de concerts du Festival international de musique baroque de Lamèque). J’étais hyper nerveux! Ça fait un peu bizarre, car je n’ai pas rechanté le Magnificat depuis, alors ce sera en quelque sorte un retour aux sources d’il y a 20 et quelques années passées», exprime Dion Mazerolle dans un léger fou-rire.

Des louanges d’un grand baryton français

Depuis ses tout débuts comme chanteur à Moncton, il y en a eu des concerts, affirme Dion Mazerolle, en reconnaissant que les deux dernières années ont été particulièrement productives et riches en accomplissements. En avril 2022, il est au rang des chanteurs solistes à endisquer des chansons du compositeur canadien Jeffrey Ryan sous le titre Found Frozen. Quelques mois plus tard, il fait ses débuts à l’Opéra national de Lorraine, en France, dans le rôle du Roi de Trèfle dans l’opéra L’Amour des trois oranges de Prokofiev. Au début de 2023, il a renoué – là encore, après plusieurs années – avec le personnage de Golaud dans l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy à Plaisance, en Italie. Son interprétation lui a d’ailleurs valu les louanges d’un collègue, et pas des moindres: le baryton français Vincent Le Texier, qui interprétait le personnage d’Arkёl mais qui a aussi beaucoup joué celui de Golaud tout au long de sa carrière.

«C’est quelqu’un d’extraordinaire et qui a été très généreux de sa personne lors de cette production. Après la dernière représentation, il m’a souhaité de faire ce rôle-là maintes et maintes fois en m’assurant qu’il ne disait pas ça à tout le monde, parce qu’il trouvait que Golaud me collait à la peau», atteste Dion Mazerolle, avançant que sa saison 2023-24 s’annonce tout aussi occupée et forte d’autres projets et voyages exaltants.

Célébrer en musique la fierté gaie

Outre Lamèque cet été, le baryton acadien présentera, en compagnie du pianiste Pierre-André Doucet, un récital d’oeuvres pour voix et piano qui explorent les mots, les musiques et les vies d’hommes gais, de Francis Poulenc à Matthew Shepherd, le 11 juillet, à l’église de Saint-Simon (en collaboration avec le Rendez-vous de la fierté Acadie Love), puis le 13 juillet, à l’Église historique de Barachois (dans le cadre de l’Été musical de Barachois).

«C’est une thématique qui me trottait dans la tête depuis longtemps, confie celui qui appartient lui-même à la communauté LGBTQI+. Quand j’en ai parlé à Pierre-André Doucet l’an dernier, alors que nous nous étions croisés à Lamèque, il a tout de suite embarqué dans le projet.»

«Le récital propose un beau mariage d’oeuvres de compositeurs sur une trame narrative qui me tient particulièrement à coeur», conclut Dion Mazerolle.

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