Tout a commencé en Alberta, le 4 décembre 2003, par une contravention routière refusée parce qu’elle était rédigée en anglais.

Après trois jugements contradictoires, la cause est aujourd’hui même devant la Cour suprême du Canada pour une ultime audience, un moment historique, que l’on vive dans les provinces concernées, Alberta et Saskatchewan, en Acadie ou même au Québec.

La cause Caron éclaire en effet un pan significatif de notre histoire commune: celle de la reconnaissance du français au Canada bien avant la Confédération de 1870, tout particulièrement sur la Terre de Rupert, territoire s’étendant de la baie d’Hudson jusqu’à l’ouest du Labrador. Dans les 9000 pages de documents fournis en faveur de la cause Caron, on apprend, par exemple, qu’en 1834 la Compagnie de la Baie d’Hudson insistait pour qu’on lui envoie des employés parlant français parce que «c’est la langue du pays».

Au cœur du débat juridique, une Proclamation royale de la reine Victoria en 1869, à l’aube de la Confédération canadienne, écrite en français et en anglais ce qui est déjà symbolique, assurant les habitants du territoire de Rupert et particulièrement les Métis, que leurs «droits civils, religieux et de propriété» seraient respectés et enchâssés dans la Confédération. En face, la décision de l’Alberta et de la Saskatchewan de se déclarer provinces unilingues anglaises en 1988, limitant ainsi les droits des francophones à l’éducation dans leur langue. Sept intervenants prennent part à l’audience, dont le Com-missaire aux langues officielles, Graham Fraser, à l’appui des francophones, bien entendu.

L’enjeu de la cause n’est pas tant pratique que symbolique. Si (d’ici six à huit mois) la cour donne raison aux francophones, les deux provinces seront tenues, petit à petit, de traduire leurs lois et d’offrir des services en français (qui sont déjà offerts dans la majorité des provinces au pays), mais il s’agira d’une éclatante victoire d’hier sur aujourd’hui, pour les héritiers de la Terre de Rupert et pour nous, Canadiens Français, dans le sens noble et historique du terme.

Louis Riel pourra enfin se dire qu’il n’est pas mort pour rien, ses descendants pourront lever fièrement la tête, et nous avec.

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