Par Bernard Richard
Plus ça change, plus c’est pareil
«Un cynique c’est quelqu’un qui connaît le prix de tout mais la valeur de rien.» – Oscar Wilde
Dans le dossier ATCON, les fonctionnaires provinciaux ont tout fait pour décourager le gouvernement Graham de mettre à risque les fonds publics dans une aventure périlleuse. Malgré ces conseils et dans un geste imprégné de confits d’intérêt, le cabinet provincial a approuvé des garanties de 70 millions $. Quelques mois plus tard, ATCON a fait faillite et ces millions se sont ajoutés à la dette publique.
Dans le dossier du Centre d’excellence en santé mentale pour jeunes et enfants, les fonctionnaires provinciaux ont tout fait pour décourager le gouvernement Gallant de construire ce centre près d’un hôpital psychiatrique pour adultes. Les représentants des jeunes et des familles avec de l’expérience vécue en santé mentale ont imploré le gouvernement de faire autrement. Les experts retenus par le gouvernement pour étudier la question ont tracé la route à suivre.
Malgré tous ces conseils, dans un geste purement politique, le cabinet provincial a ignoré toutes les parties concernées et a agi à sa guise. Les enfants les plus vulnérables de notre province ainsi que les membres de leurs familles en payeront le prix pour des décennies à venir. En ce sens, la décision est encore pire que celle d’ATCON puisqu’elle se fait sur le dos des enfants les plus nécessiteux qu’on puisse imaginer.
Il est décevant qu’un gouvernement qui s’est fait élire sur la promesse d’une approche différente à la politique puisse, dans si peu de temps, avoir plongé si profondément dans l’univers de la politique avant tout. Je parierais que la décision aurait été différente si M. Gallant avait pris le temps de rencontrer des familles qui connaissent, en sang et en os, l’impact du choix qu’il vient de poser.
Heureusement, il n’est pas trop tard pour corriger ce qui pourrait être la pire erreur du mandat. Mais seul le premier ministre peut le faire. Cette fois, aucun conflit d’intérêts ne porte ombre au tableau. Seul l’intérêt des enfants est en jeu. Nous pourrons savoir, sans équivoque, si Brian Gallant est un homme d’État à la hauteur de la situation. Beaucoup d’entre nous, y compris l’auteur de cette chronique, ont cru qu’il l’était. Il est temps de nous le prouver.