BERNARD THÉRIAULT

Il y a des élections ou l’on choisit un nouveau gouvernement et il y en a d’autres ou on se débarrasse de celui qui nous dirige depuis trop longtemps. Voilà la sale besogne à laquelle les Ontariens se sont affairé cette semaine: foutre à la porte un gouvernement qu’on ne pouvait plus sentir depuis des lustres.

Dix ans de gouvernement demandaient aux yeux des électeurs un changement, même si celui-ci leur donne un gouvernement et surtout un premier ministre que très peu de personnes ne veut! Frank McKenna avait raison quand il nous disait que si on ne choisit pas la date de son départ en politique, les électeurs vont s’en charger. C’est ce qu’ils ont fait en Ontario.

Phénomène assez rare, voilà que les citoyens ontariens, de leurs propre aveu, ont choisi cette semaine la solution de rechange la moins attrayante qui leur était offerte.

Doug Ford, ce populiste à la Donald Trump, est de loin celui qui a fait la pire campagne de tous les partis et qui dirigera un caucus dont la majorité des membres ont voté pour un autre que lui lors de la course à la chefferie cet hiver. Pendant un moment durant la campagne, on a même cru que les Ontariens étaient prêts à redonner une chance aux néo-démocrates, eux qui avaient dirigé la province de façon désastreuse de 1990 à 1995.

Cette élection est la première d’une série de trois qui conduiront le Nouveau-Brunswick et le Québec aux urnes respectivement le 24 septembre et le 1er octobre. On doit aussi mesurer l’impact des résultats de jeudi sur l’élection fédérale prévue dans moins de 18 mois.

Force nous est d’admettre qu’au Québec, là aussi, le bon peuple semble vouloir indiquer à un gouvernement usé la porte de sortie. Au Nouveau-Brunswick, la situation apparaît pour l’instant différente, puisque le sondage CRA de cette semaine donne encore aux libéraux une avance relativement confortable sur les conservateurs de Blain Higgs. Ceci dit, il y a encore beaucoup de choses qui peuvent se produire dans notre province d’ici aux élections.

On ne peut très certainement pas regarder les résultats en Ontario sans mesurer les impacts que ceux-ci auront sur le gouvernement fédéral de Justin Trudeau.

Après le choc de la défaite de Kathleen Wynne, la plus grande alliée de Justin Trudeau, il faudra chez les libéraux fédéraux faire preuve de finesse et de se servir de ce nouveau premier ministre comme exemple à ne pas suivre, puisque je demeure convaincu qu’il aura beaucoup de difficulté à gouverner quand on sait qu’il n’a même pas le soutien de la majorité de son caucus. Les Ontariens n’ont pas vraiment voté pour lui; ils ont surtout rejeté le gouvernement en place.

Au Nouveau-Brunswick, il faudra être prudents, car Blain Higgs est encore plus dangereux que Doug Ford, car à sa volonté de réduire les programmes gouvernementaux se rajoute son mépris de la question francophone. Malgré la récente gelée de juin, nous aurons un été chaud au Nouveau-Brunswick, très chaud!

JEANNOT VOLPÉ

Est-ce que l’élection en Ontario est un signe précurseur de ce qui attend les gouvernements libéraux des autres provinces canadiennes, dont le N.-B.?

La première ministre de l’Ontario, qui a toujours été très près du premier ministre canadien Justin Trudeau, a concédé sa défaite avant même le jour du scrutin. Ses positions et ses politiques m’ont toujours fait penser à celles de Shawn Graham et les résultats financiers pour la province sont similaires, soit un désastre financier que les prochains gouvernements auront à gérer.

Que ce soit Hydro Ontario ou certaines de ses politiques sociales, c’était évident que la politique du bon sens ne faisait pas partie de son vocabulaire. Pourtant, le chef libéral du N.-B. actuel a cru bon de copier quel­ques-unes de ses politiques ultra socialistes et j’imagine que la population néo-brunswickoise s’en souviendra aussi en septembre.

Les deux autres candidats dans cette course pour diriger le gouvernement de l’Ontario, soit le conservateur Doug Ford et la chef du NPD Andrea Horwath, ont fait une course à deux à la suite de l’intervention de nos médias nationaux. Lorsque ces médias ont réalisé que la chef libérale n’avait aucune chance de gagner cette élection, ils ont transféré tous leurs efforts afin de rediriger l’électorat vers la chef du NPD.

Il est inconcevable que, de façon aussi délibérée des médias, subventionnés par les contribuables canadiens, puissent ouvertement prendre partie envers ou contre des candidats ou des partis politiques.

Comment la population canadienne peut-elle croire en l’objectivité des médias qui sont si ouvertement biaisés? Alors que leur mandat est de partager et de rendre public l’information afin que la population puisse prendre des décisions éclairées, ces médias interprètent et transforment l’information avant de la diffuser au public.

L’éclatante victoire de M. Ford qui avait décidé d’ignorer ces médias nationaux est un signe évident que la population de l’Ontario a compris et décidé d’ignorer les fausses nouvelles. Les messages de M. Ford comme «les gens d’abord» ou «arrêter les dépenses» ont convaincu une majorité d’Ontariens et d’Ontariennes. L’opposition de M. Ford à la taxe sur le carbone et une meilleure gestion des fonds publics devraient envoyer un message aux autres provinces canadiennes qui iront rencontrer l’électorat en 2018, spécialement le N.-B.

La première ministre libérale aura essayé jusqu’à la dernière minute de convaincre les électeurs avec des promesses et des annonces, comme le fait actuellement Brian Gallant au N.-B., et cela n’a pas fonctionné. Comprendra-t-il enfin le message?

Le prochain gouvernement de l’Ontario devra se redéfinir. L’Ontario a été pendant longtemps avec l’Alberta et quelques autres provinces une contributrice au fonds de péréquation. Ce fonds permet aux provinces, dont le N.-B., de recevoir des paiements de transfert afin de livrer des services similaires à des coûts similaires partout au Canada. Pourtant, durant les dernières années, l’Ontario a dû recevoir, à quelques reprises, de l’aide de ce même fonds de péréquation.

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