Bibliothèque nationale de l’Acadie (fin)
Dans ma dernière chronique, j’ai évoqué les éléments que l’on pourrait retrouver dans une Bibliothèque nationale de l’Acadie logée dans l’ancien Collège Saint-Joseph de Memramcook. En voici un résumé. Y compris quelques petites merveilles possibles.
1. La Bibliothèque nationale de l’Acadie comme telle. Une institution légale, fondée par une loi, qui voit à la collection, la protection et la promotion du patrimoine littéraire de l’Acadie. Elle pourrait également être chargée d’élaborer une politique archivistique nationale en collaboration avec tous les secteurs d’activité de la société acadienne.
2. Les Archives nationales de l’Acadie, qui mettraient en sécurité et à l’abri le fonds archivistique actuel de l’Acadie et celles qui ne cesseront d’être produites et de s’accumuler au fil des siècles à venir. Et d’en faire la promotion.
3. La Cinémathèque nationale de l’Acadie, elle aussi garante de la protection de toutes les archives filmographiques acadiennes, passées, actuelles et à venir.
4. Le Musée national de l’Art acadien, complémentaire au Musée acadien et à la Galerie d’art de l’Université de Moncton. Y inclure les nouvelles formes d’arts médiatiques.
Ces diverses composantes de la Bibliothèque nationale disposeraient à l’ancien Collège Saint-Joseph des espaces suffisants (qui seraient spécialement aménagés à cette fin) pour entreposer et pour exposer ces trésors à l’intention des nombreux visiteurs à prévoir.
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Petites merveilles possibles
Pour rendre ces visites encore plus ludiques, et pour rejoindre tous les groupes d’âge, on pourrait y créer aussi un ensemble de micro-musées recréant les bibliothèques privées de certains grands personnages de l’histoire acadienne. (Exemples: la bibliothèque d’Antonine Maillet, de Pascal Poirier, de Louis J. Robichaud, de Roméo LeBlanc, de Gérald Leblanc, de Viola Léger, etc.)
On y retrouverait l’univers intime qui alimentait l’esprit et la créativité de ces personnages, dans un environnement réel reconstitué, ou par la réalité virtuelle.
On pourrait également créer un espace (appelons-le pour l’instant le Grand Déambulatoire de l’Acadie), réalisé avec les technologies les plus récentes en matière numérique, virtuelle, immersive et interactive, dans lequel on circulerait en entrant de plain-pied dans l’Histoire comme si on y était réellement.
Imaginez-vous sur le navire aux côtés de Champlain et Dugua de Mons qui abordent l’île Sainte-Croix! Imaginez-vous «marchant» littéralement dans une toile de Claude Picard représentant le moment du choix du 15 août comme Fête nationale de l’Acadie, à la grande Convention de Memramcook en 1881! Les exemples sont légions!
On pourrait même entrer en communication avec ces personnages de l’histoire sous forme d’hologrammes. Oui, c’est faisable!
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Pensons simplement à un trajet dans l’Histoire, comme si on se baladait dans un film, car grâce aux technologies numériques contemporaines (et futures!), on circulerait dans un espace «hors du temps» recréé à l’aide d’images virtuelles projetées par les technologies les plus récentes. [pour une idée générale, voir https://www.atelier-lumieres.com] [pour hologrammes, voir https://www.youtube.com/watch?v=UVpd-Yjeh6s]
Ce serait une expérience immersive intense, dans un univers musical unique qui viendrait ponctuer notre histoire passée, présente et future!
Enfin, dans des cabines privées on pourrait enregistrer des capsules du temps, dûment homologuées, à l’intention des Acadiens et Acadiennes du futur. Imaginez la surprise – et la joie! – de vos descendants, dans 100 ans et plus, qui vous verraient vous adressant directement à eux!
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C’est un gros projet dont on peut enlever certains éléments et en rajouter d’autres. Par exemple, dans la tradition éducative du Collège Saint-Joseph, on pourrait y prévoir divers programmes de formation.
Le prestige et l’envergure d’une telle institution acadienne pourraient inciter des jeunes à s’intéresser aux métiers ou aux études en relation avec le domaine de l’archivistique, ainsi qu’à l’art numérique et à la conception multimédia. Effet d’émulation à prévoir! Un incubateur de main-d’œuvre professionnelle en perspective!
C’est un projet qu’il faut planifier avec soin: étude de faisabilité, de marché, plan de financement (public, privé, mécénat, fondations, bourses de recherches). On doit aussi souhaiter l’apport d’architectes innovateurs, de spécialistes de l’art numérique et des environnements multimédias.
Sans oublier les artistes. Impérativement. Déjà des créateurs veulent se mettre à l’œuvre!
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Enfin, tout cela peut s’arrimer à divers types de manifestations, comme L’Odyssée acadienne au Monument Lefebvre, ou la nouvelle expérience MR21 à la cathédrale de Moncton, par exemple.
Une Bibliothèque nationale de l’Acadie deviendrait alors le nœud d’un réseau, d’une constellation de relais, comme cela se fait déjà avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec qui étend son rayonnement et sa présence physique en plusieurs localités du territoire québécois.
Dans ce réseau de la Bibliothèque nationale de l’Acadie, on pourrait, par exemple, retrouver à Caraquet un Musée national de la musique acadienne! Pourquoi ne pas établir au Restigouche un musée satellite consacré à ce qu’on pourrait appeler l’art naïf acadien qui met en lumière les artistes souvent méconnus que sont «les peintres du dimanche»?
Sans compter que la Bibliothèque s’inscrira dans les réseaux universitaires, muséaux, archivistiques déjà existants en Acadie Atlantique, comme dans l’univers de la Francophonie internationale. Ce ne sont pas les occasions de rayonner qui feront défaut!
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C’est un projet qui demandera un certain temps. Mais qui rapportera gros en visibilité et en revenus pour l’Acadie.
Si la vieille Acadie d’autrefois, absolument dépourvue de moyens, a pu se dépêtrer des horreurs de la Déportation, revenir sur son territoire, sortir des bois, et créer une société créative et allumée, je ne peux pas croire, bonne Sainte Anne!, qu’elle soit incapable aujourd’hui, avec tous les moyens dont elle dispose, de créer sa propre Bibliothèque nationale en guise de legs pour les générations à venir!
Car ce projet parle déjà aux générations futures. Comme un jardin botanique, il n’arrêtera jamais de grandir, de se densifier et de s’embellir.
Ce projet vise à redonner à l’Acadie d’aujourd’hui la juste reconnaissance de son mérite universel et à léguer des assises solides à l’Acadie de demain.
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Voyons grand! Voyons la beauté qui nous habite! Exposons-là! Partageons-là!
Voyons loin! Aimer son pays, c’est aussi imaginer son avenir!
À cœur vaillant rien d’impossible! Faites du bruiiiiiiiiiiiiiiit!
D’ici là, Bonne Fête nationale, Acadie!
Han, Madame?