J’abandonne!
Dimanche dernier, quand l’impensable est arrivé en Nouvelle-Écosse, je suis vite allée aux nouvelles. Comme tous les Canadiens français qui, sous le choc, auraient aimé s’informer dans leur langue, en direct et en continu, j’ai dû bien vite passer à la CBC.
RDI a passé un bout de la conférence de presse de la GRC et hop! Retour aux effets de la Covid-19… sur le Québec, bien entendu. Entendez-moi bien: je ne dis pas que RDI n’a pas parlé de la tuerie en Nouvelle-Écosse, je dis qu’elle ne l’a pas couverte. Je dis que sur le vif, et après, quand nous avions besoin de comprendre, RDI – pourtant chaîne d’information continue! – était absente.
Quel sentiment de déjà vu! Il y a six ans, même scénario, lorsqu’un homme armé courait dans les rues de Moncton. Cette fois-là, comme aujourd’hui, Radio-Canada aurait aussitôt dû mettre ses équipes de Halifax et Moncton en direct sur les ondes nationales, répondant ainsi à la seule question qui méritait réponse: «Que ferions-nous si ça se passait à Brossard?». Encore une fois, en 2020, ce réflexe journalistique le plus élémentaire a manqué.
Et ça a continué! Lundi soir au Téléjournal, le premier reportage était sur la Nouvelle-Écosse, après on est passé à autre chose. Au même moment, The National avait une émission spéciale sur le sujet. Dans ces conditions, pas difficile de voir qu’il y a des Canadiens et Canadiennes bien servis et d’autres beaucoup moins. Personne dans mon entourage n’est surpris. En fait, devant ma colère, mes amis m’ont pour la plupart répondu: «Il y a longtemps qu’on a abandonné Radio-Canada Montréal et RDI.»
On en est rendu là! Avec une institution que nous finançons tous et toutes à travers le pays… pour qu’elle parle du Québec. Alors, laissez-moi vous dire ceci (et je pèse mes mots): j’abandonne moi aussi! Vive la CBC. Et la prochaine fois qu’il y aura des audiences du CRTC sur le renouvellement des licences de Radio-Canada, j’irai dire ceci: ou la salle des nouvelles nationales quitte le Québec, ou je suis en faveur qu’on lui coupe ses subventions une fois pour toutes. Et si vous êtes d’accord avec moi, je vous invite à le laisser savoir. Assez!