Avec un peu de chance (et beaucoup de volonté politique), 2021 pourrait être une année marquante pour les droits linguistiques, un peu partout au pays. Tant à Ottawa qu’à Fredericton, Toronto, et Edmonton, des décisions importantes seront prises quant à l’avenir de la francophonie canadienne.

Dans la foulée des débats sur la protection du français au Canada ayant eu lieu à la Chambre des communes fin 2020, la ministre fédérale des langues officielles, Mélanie Joly, a promis un Livre blanc sur les langues officielles au début de l’année 2021. Ce serait un euphémisme de dire que ce document est attendu avec impatience, alors que de nombreuses consultations sur la révision de la Loi sur les langues officielles (LLO) ont été effectuées depuis deux ans. Il faudra surveiller l’opposition, qui s’est engagée envers la modernisation de la LLO, mais qui pourrait freiner d’autres propositions éventuelles contenues dans ce Livre blanc, si celui-ci dépassait le cadre de la LLO.

Au provincial, la modernisation de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick (LLONB) ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre en 2021, puisqu’elle doit impérativement être révisée en 2021. Entre autres modifications, les pouvoirs du commissariat et le choix de la langue de travail des fonctionnaires sont dans la mire de la communauté acadienne. Or, l’année 2020 a déjà mis la table à cet effet. Les propos incendiaires du premier ministre Higgs à l’égard des qualifications linguistiques des fonctionnaires ainsi que son incompréhension évidente des objectifs de la loi, permettent de laisser craindre que ce processus de révision législative obligatoire aux 10 ans n’affaiblisse la LLONB au lieu de la renforcer, pour la première fois de son histoire.

L’enjeu d’une modification législative provinciale occupe aussi la communauté franco-ontarienne, qui réclame une révision de la Loi sur les services en français depuis de nombreuses années. La ministre des affaires francophones, Caroline Mulroney, affirme qu’elle tient mordicus à effectuer cette révision avant les prochaines élections ontariennes, qui auront lieu au plus tard en juin 2022, mais aucune consultation n’a été entamée jusqu’à maintenant.

Enfin, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, n’a toujours pas répondu à la main tendue par le fédéral dans la foulée des menaces planant sur le Campus St-Jean, à Edmonton. Rappelons que la ministre Joly avait offert de participer au financement de cette institution clé de la francophonie de l’Ouest canadien – à condition que la province soit prête à annuler les compressions annoncées plus tôt cette année. Les Franco-Albertains continueront donc, eux aussi, à retenir leur souffle, pour au moins une partie de 2021.

C’est donc dire que les francophones, partout au pays, devront mener de nombreux dossiers dans la prochaine année, auprès de gouvernements qui demeurent jusqu’à maintenant obnubilés par la sortie de la crise sanitaire et qui n’ont en général pas été des modèles de bienveillance envers leur minorité. 2021 pourrait marquer l’histoire des langues officielles au Canada, mais pour ce faire, vigilance, persévérance et solidarité seront de mise.

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