Pendant un bref moment après la parution du rapport sur l’état du marché locatif en mai dernier, il nous était permis de rêver un peu. Enfin, le gouvernement provincial semblait vouloir se sortir la tête du sable et admettait l’existence d’un sérieux problème.

Préparé sous la direction de Cheryl Hansen, la plus haute fonctionnaire de l’administration provinciale, le rapport ne tournait pas autour du pot. Le marché locatif au Nouveau-Brunswick, pouvait-on y lire, «ne fonctionne pas pour tout le monde». «La population ne sent pas protégée» et «fait des choix difficiles pour se loger», ajoutait le rapport.

Aux yeux de Madame Hansen, le logement n’était pas un bien comme les autres. Pour elle, un logement abordable et adéquat était essentiel à la santé mentale et physique des Néo-Brunswickois. Il s’agissait d’un droit humain fondamental et d’une infrastructure essentielle à l’accueil des milliers de nouveaux arrivants dont nous avons tant besoin.

Or, si le rapport donnait le bon ton, ses recommandations n’étaient pas à la hauteur de ses conclusions. On comprit aisément pourquoi le mois suivant, lorsque le gouvernement annonça qu’il n’avait pas l’intention de faire grand-chose de plus dans ce dossier.

C’est donc dire que le gouvernement de Blaine Higgs s’en remet aux forces du marché pour la suite des choses—ce même marché qui, de l’aveu de Cheryl Hansen, ne fonctionne pas pour tout le monde.

Mais comment fonctionne ce marché, au juste, et pourquoi faudrait-il s’en remettre à ses dictats?

Le marché est tout simplement le mécanisme par l’entremise duquel l’offre et la demande se rejoignent. Lorsque la demande excède l’offre, le prix doit souvent augmenter afin de détruire la demande «excédentaire».

Dans le cas du logement locatif, détruire une partie de la demande n’est pas une mince tâche. Comme le logement est un besoin fondamental, les locataires vulnérables vont faire tout leur possible pour rester logés, permettant ainsi à des propriétaires peu scrupuleux d’augmenter drastiquement leurs loyers.

Que ce soit en santé ou en éducation, lorsque l’on considère un service comme un droit humain fondamental, on ne laisse pas les forces du marché à elles-mêmes.

Pourquoi serait-ce acceptable dans le cas du logement abordable?

Bien sûr, il existe des mesures gouvernementales pour venir en aide aux plus vulnérables parmi nous. Celles-ci sont toutefois nettement insuffisantes et ne s’attaquent à peu près pas au cœur du problème, soit un manque de logements locatifs abordables. Ce qu’il nous faut, c’est une stratégie agressive pour la construction de tels logements à l’échelle de la province.

Alors, si Higgs ne semble pas vouloir faire grand-chose, qu’en est-il des principaux partis fédéraux?

En général, dans le dossier du logement, les libéraux et les conservateurs se concentrent d’abord et avant tout sur l’accès à la propriété et les grands centres urbains. Le logement locatif est le parent pauvre de leurs plateformes et les mesures qui y sont proposées ne font pas le poids.

De plus, les conservateurs se fixent une cible qui inclut les centaines de milliers de logements qui seront construits chaque année de toute façon par le secteur privé, ce qui nous empêche de savoir ce à quoi ils s’engagent au juste. Les libéraux, pour leur part, fixent une cible distincte pour le gouvernement, mais se concentrent comme toujours sur la classe moyenne.

Il n’y a que le NPD qui, en bout de ligne, semble faire du logement abordable une priorité qui reflète un peu mieux l’ampleur du défi. Celui-ci nous promet qu’Ottawa serait directement responsable pour la construction d’au moins 250 000 logements abordables et de qualité au cours des cinq prochaines années.

Ce serait là un bon départ, surtout si l’on s’assurait qu’une bonne partie de ces logements soient construits à l’extérieur des grands centres métropolitains.

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