Le ministre et ancien chef de la People's Alliance, Kris Austin. - Archives
Le PC doit reprendre ses sens
Que penser de la récente déclaration du premier ministre Blaine Higgs selon laquelle il envisage de se débarrasser du Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick? Devons-nous prendre ses commentaires au sérieux ou non?
J’ose croire que tout ceci n’est qu’un stratagème. Higgs adore remettre les choses en question. C’est une façon pour lui de brasser la cage pour provoquer. Et, dans une certaine mesure, ça marche.
Si c’est le cas, c’est irresponsable. Cela démontre une fois de plus qu’il n’est pas apte à être chef d’un parti politique et encore moins premier ministre. Il aime jouer à des jeux, mais ce n’est pas ça du leadership. Bien au contraire.
Aux États-Unis, le président subit un examen physique annuel et son médecin publie par la suite une déclaration attestant de sa bonne santé et donc de sa capacité à continuer d’exercer ses fonctions. Si cette exigence existait au Nouveau-Brunswick, il serait intéressant de voir si un médecin trouverait que Blaine Higgs souffre d’un cas grave de délire…
Mais peut-être y a-t-il une autre stratégie à l’œuvre. Le premier ministre exagère peut-être ses intentions pour que les gens acceptent non pas l’abolition du commissariat aux langues officielles, mais une réduction importante de son mandat. De cette façon, les gens diraient «au moins, il ne l’a pas supprimé». Si c’est la stratégie de M. Higgs, elle est bonne. Cependant, elle coûtera cher aux conservateurs à long terme.
Mais elle illustre également l’état du Parti conservateur du Nouveau-Brunswick. Au cours des dernières semaines, l’exécutif du parti a déclaré à maintes reprises qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter et que le parti appuyait pleinement le bilinguisme officiel.
Si c’est le cas, où est l’exécutif du parti aujourd’hui?
Pas un mot pour dénoncer les propos du premier ministre et pour renforcer son soutien au bilinguisme officiel.
Cela est peut-être dû au fait que, dans leur for intérieur, les membres de l’exécutif ne soutiennent pas le bilinguisme officiel. Ils devraient avoir honte de rejeter un tiers de la population, une population qui a énormément contribué à la construction de cette province.
Mais c’est plus que l’exécutif du parti. Où sont les députés dans cette affaire? Vous me dites que le public doit se fier à une déclaration de Dorothy Shephard pour savoir si tout va bien? Vraiment?
Où sont tous les députés francophones du PC? Il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a quelques-uns. Glen Savoie? Réjean Savoie? Daniel Allain? Il est grand temps que vous vous leviez. Où êtes-vous? Les lumières sont allumées, mais on ne vous trouve nulle part. Pourquoi?
S’ils croyaient au bilinguisme officiel et au Commissariat aux langues officielles qui y est associé, ils se lèveraient et dénonceraient les commentaires de leur chef, allant jusqu’à quitter le parti et à siéger comme indépendants. C’est une question fondamentale. Ils ont le pouvoir de le faire et de changer la dynamique de ce gouvernement.
Pourtant, ils continuent de ne rien dire. Ce qui laisse penser qu’ils sont d’accord avec la fin du bilinguisme officiel et l’élimination du bureau du commissaire aux langues officielles.
Pour les francophones du Nouveau-Brunswick, cela sous-entend que l’on ne peut pas faire confiance au parti conservateur pour protéger nos droits.