Le premier ministre Blaine Higgs. - Archives
Sèche tes pleurs
Le premier ministre Blaine Higgs vient finalement de donner la réponse de son gouvernement à la révision de la Loi sur les langues officielles: la création d’un secrétariat chargé d’examiner les questions linguistiques. En annonçant la création de ce secrétariat, M. Higgs a joué la carte de la compassion et de l’empathie en déclarant qu’il lui était difficile d’aborder les questions linguistiques puisqu’il ne parle pas français.
Commençons par le manque de compétences linguistiques de M. Higgs en français.
Donc, nous devons être désolés pour lui parce qu’il ne parle qu’une seule langue. À qui la faute? Il savait depuis longtemps qu’il voulait aspirer au plus haut poste de la province, celui de premier ministre.
Au lieu d’avoir appris le français comme tout bon politicien, M. Higgs continue de se lamenter sur le fait qu’il a eu une mauvaise éducation et qu’il ne peut donc pas parler français. Peut-être que son éducation n’était pas très bonne, mais qu’a-t-il fait exactement depuis plus de 40 ans? Je veux dire, il a eu beaucoup de temps pour apprendre le français mais il a délibérément choisi de ne pas le faire.
Pourquoi?
C’est simple. Il considère les francophones comme «le problème» qu’il faut «régler». C’est ce qu’il a déclaré il y a des années lors de sa candidature à la direction de l’ancien parti CoR, et ses actions depuis qu’il a formé un gouvernement majoritaire en 2020 ne laissent guère de doute. La question de la langue des travailleurs paramédicaux, l’accueil de députés de la People’s Alliance dans le giron progressiste-conservateur, le poste de ministre offert à Kris Austin et sa nomination au comité de révision de la Loi sur les langues officielles. Je pourrais continuer, mais vous voyez le tableau. Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver des preuves.
Il y a deux points ici.
Premièrement, si quelqu’un envisage une carrière politique et surtout un poste de haut niveau au Nouveau-Brunswick, comme celui de premier ministre, il doit apprendre les deux langues officielles. Après tout, nous vivons dans une province bilingue.
Cela n’a rien de bouleversant non plus. Je veux dire, si quelqu’un veut devenir ingénieur, il sait que pour pratiquer son métier il doit obtenir un diplôme d’ingénieur et non un certificat de charpentier ou un diplôme de sociologie ou de mathématiques.
Nous n’avons pas à nous apitoyer sur le sort de M. Higgs. Il doit plutôt se regarder dans le miroir et accepter le fait que son incapacité à parler français est le résultat de choix délibérés qu’il a faits pendant 40 ans de ne pas apprendre notre langue. Et s’il ressent une quelconque pression à cause de cette situation, elle est pleinement méritée.
Deuxièmement, la solution qu’il propose est de diluer et de politiser le débat. C’est-à-dire créer un autre bureau, un secrétariat, pour assumer certaines fonctions du Commissariat aux langues officielles et revoir les choses «de façon régulière». Le résultat est que, morceau par morceau, les droits des francophones seront érodés dans ce processus. C’est inadéquat.
Ce qui est une pure folie, c’est le fait que ce nouveau secrétariat doit examiner les questions relatives aux deux langues officielles – le français et l’anglais. C’est tout simplement incroyable et cela passe totalement à côté de la question. Le groupe linguistique minoritaire au Nouveau-Brunswick est composé de francophones et non d’anglophones. On ne crée pas un bureau pour protéger les droits de la majorité linguistique, car ils n’ont pas besoin de protection. Après tout, ils sont la majorité!
Cela montre une incompréhension claire des questions linguistiques par M. Higgs.
Ou, peut-être pas.
Je pense qu’il sait très bien ce qu’il fait: diluer les droits des francophones en prétendant que les droits des anglophones doivent également être protégés. Cette tactique fonctionnera-t-elle?
Seulement si les francophones le laissent faire.