Partira-t-il ou non? Dans son entrevue de fin d’année avec l’Acadie Nouvelle, le premier ministre Blain Higgs n’a pas voulu dire s’il allait annoncer son intention de quitter la politique ou s’il allait rester pour se battre aux prochaines élections en 2024.

Il a même laissé entendre à CBC qu’il pourrait annoncer son départ, mais qu’il resterait pour que le parti tienne un congrès de direction à l’automne 2023, ce qui lui donnerait plus de temps pour gouverner. Il a également déclaré qu’il pourrait ne pas faire d’annonce avant le printemps 2024, quelques mois seulement avant les prochaines élections.

C’est le style de gouvernement de Higgs. Il aime jouer au chat et à la souris avec les citoyens.

Mais, je suggère à Higgs et à son parti de lire leur histoire, l’histoire des progressistes-conservateurs.

Il y a plusieurs années, un premier ministre canadien est devenu impopulaire à un niveau historique. Pourquoi? Parce qu’il avait introduit la taxe sur les produits et services (TPS), négocié un accord de libre-échange avec les États-Unis, effectué des coupes importantes dans les programmes sociaux, et suscité la colère du reste du Canada pour ce qu’il considérait comme une soumission aux intérêts du Québec, alors que les Québécois étaient mécontents que le gouvernement fédéral ne leur offre pas assez.

Ce premier ministre conservateur progressiste? Brian Mulroney.

Et qu’a-t-il fait? Il a attendu, attendu et attendu encore avant de démissionner le 25 juin 1993. À ce moment-là, lui et son parti étaient si impopulaires que le nouveau chef, Kim Campbell, avait peu de chances de remporter les élections prévues pour le 25 octobre 1993.

Le résultat? Mme Campbell a perdu cette élection. Et comment! Les conservateurs n’ont conservé que deux circonscriptions! Oui, seuls Elsie Wayne de Saint-Jean et Jean Charest ont été élus. Le PC ne s’en est jamais remis et n’a eu d’autre choix que de fusionner avec l’Alliance canadienne une décennie plus tard.

La situation de M. Mulroney vous semble-t-elle familière? Elle devrait l’être puisque Blaine Higgs est tout aussi impopulaire. Le fait d’endommager les relations avec un tiers de la population de la province – les francophones – aura un effet certain. Faire de même avec les peuples autochtones ne fait que compliquer davantage les choses.

Il en va de même pour son entêtement à mener un profond programme d’austérité visant à amasser des excédents budgétaires historiques – jusqu’à 2 milliards de dollars au cours des deux dernières années – tout en fermant les yeux sur la crise des soins de santé.

Et je n’ai même pas évoqué la colère des contribuables, qui devront payer beaucoup plus d’impôts en raison de la réforme de la gouvernance locale. Faut-il s’étonner que la cote de popularité de M. Higgs soit au plus bas, à 28%, selon le sondage Angus Reid de décembre 2022?

La leçon pour Blaine Higgs et les conservateurs? Plus tôt le premier ministre partira, meilleures seront les chances du parti de gagner les prochaines élections. À moins, bien sûr, qu’il ne veuille devenir un Mulroney 2.0.

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