L’histoire du savant ambitieux qui, malgré lui, pousse les limites de la science un peu trop loin, fascine depuis Faust et Frankenstein. Mais peu de films ont exploité ce thème avec autant d’humour noir que le suspense technologique M3GAN (en salles).

Des sagas Terminator et Matrix au vilain Ultron de Marvel en passant par la série télévisée Battlestar Galactica (2004-2010) et le classique 2001, L’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick, à l’écran, ça se passe rarement bien quand des machines sont dotées d’une intelligence artificielle.

Dans M3GAN, c’est une poupée robot au regard perturbant qui se voit munie d’une conscience. Cela se produit quand une ingénieure/roboticienne appelée Gemma (Allison Williams) tente de créer le jouet ultime.

La scientifique présente M3gan à sa nièce Cady (Violet McGraw). Le robot à la gestuelle un poil saccadée développe alors un attachement malsain envers la jeune fille, étant prêt à tout pour la protéger physiquement et émotionnellement.

Quand M3gan s’en prend à un chien agressif, puis à un garçon malicieux, Gemma est forcée de faire un choix: mettre la poupée hors circuit et bousiller sa carrière ou tenter d’y apporter des modifications. Mais encore faudra-t-il qu’elle puisse reprendre le contrôle de la machine, qui a développé sa propre autonomie et qui est prête à tout pour demeurer fonctionnelle…

En 1942, l’écrivain Isaac Asimov a formulé les trois lois de la robotique, dont la première dit, grossièrement, qu’un robot ne peut blesser ou tuer un être humain. Encore aujourd’hui, ces lois ont valeur d’évangile dans le milieu de la science-fiction et de l’ingénierie.

Le génie des écrits d’Asimov tient de ses efforts à imaginer des façons logiques pour les robots, de trans­gresser les lois qu’il a formulées – comme dans l’adaptation I, Robot (2004), avec Will Smith.

Dans M3GAN, les scénaristes ne se sont pas donné cette peine. Gemma avoue tout simplement «ne pas avoir eu le temps d’installer un contrôle parental». Dans un jouet, avouez qu’il s’agit d’un oubli impardon­nable, mais qui arrange grandement les scénaristes…

Au moins, le film n’est pas tombé dans le piège de montrer un jouet de carnage unidimensionnel comme dans les sagas Chucky et Anabelle.

Réservé aux 13 ans et plus, l’oeuvre de Gerard Johnstone propose une histoire bien bâtie qui va au-delà du simple désir d’effrayer. On a donc droit à un très bel équilibre entre la genèse de la poupée, sa brève virée meurtrière et une très satirique leçon sur ces gens qui sous-traitent leurs responsabilités parentales aux YouTube de ce monde.

M3GAN est même très conscient de sa propre absurdité, ce qui donne à l’ensemble une belle valeur ajoutée.

Tourné au coût de 12 millions $, le film impressionne par la qualité de ses effets spéciaux. Le manque de naturel du visage de M3gan, sa virale danse macabre et son allure de poupée du diable dans les exquises 15 dernières minutes ont de quoi hanter les cauchemars des plus hardis.

Un assez bon divertissement, donc. Et croyez-moi, malgré la banalité relative du récit, vous ne risquez pas d’oublier M3gan (le film et la poupée) de sitôt…

(Quatre étoiles sur cinq)

 

Chien perdu

À une époque pas si lointaine, on aurait dit que Chien perdu (Dog Gone; Netflix) est un film tourné pour la télévision. Avec tout le mépris que ça implique.

«Basé sur une histoire vraie», le film de Stephen Herek – un réalisateur qui a presque exclusivement travaillé à la télévision – raconte l’histoire de Fielding (Johnny Berchtold), un jeune de la Virginie qui vient de se faire plaquer par sa copine.

Pour combler le nouveau vide, Fielding adopte un chien, Gonker, qui devient rapidement son meilleur ami. Or, le chien souffre d’une maladie rare qui nécessite une injection mensuelle de médicament.

Un jour, lors d’une balade en forêt, Gonker se lance à la poursuite d’un renard. Et ne revient pas. Aidé de son père (Rob Lowe), Fielding remuera ciel et terre pour retrouver son copain adoré.

Dépourvu de toute valeur artistique, Chien perdu est une oeuvre dont le seul appât réside dans la cascade de sentiments très faciles qu’il provoque avec son chien aux comportements anthropomorphiques.

En parallèle à la recherche de Gonker, on a droit à la très mielleuse histoire de la mère de Fielding et de son propre chien quand elle était enfant. Encore là, les bons sentiments et la prévisibilité règnent

Seul point intéressant: le jeu du vétéran Lowe (West Wing), dont le cynisme ainsi que les réflexions sur le passage à l’âge adulte et les relations entre les milléniaux et leurs parents détonent dans une oeuvre où la subtilité du scénario rase autrement la moquette.

Seuls les amoureux des chiens pourront se laisser émouvoir par une histoire aussi banale et… bête.

(Une étoile et demie sur cinq)

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