Paul Rudd (Ant-Man), Kathryn Newton et Evangeline Lilly (La Guêpe) dans une scène de Ant-Man et la guêpe - Quantumania. - Gracieuseté
Ant-man et la Guêpe – Quantumania: quand Marvel fait du surplace
L’Univers cinématographique Marvel (UCM) est en perte de vitesse depuis quatre ans. Et ce n’est pas le très fade et inconséquent Ant-Man et la guêpe – Quantumania (en salles) qui va inverser la tendance.
Il était un temps où chaque nouveau film des studios Marvel était un événement. Ce n’est plus le cas depuis Avengers: Endgame (2019). Neuf oeuvres ont depuis été lancées en salles et on peut dire qu’une seule (Spider-Man: No Way Home) a été un véritable succès commercial et critique.
Plus récent chapitre en date, Ant-Man et la guêpe – Quantumania est dans la lignée de Black Widow (2021), Shang-Chi (2021)(Eternals (2021) et Thor – Love and Thunder (2022): un film prévisible et ennuyeux, au scénario sans étoffe et dont l’impact sur le UCM est pratiquement nul.
Dans ce 31e épisode, Scott Lang, alias Ant-Man (Paul Rudd), profite de sa célébrité après avoir repoussé Thanos avec les Avengers. Sa compagne, Hope, alias la Guêpe (Evangeline Lilly), tente de sauver le monde grâce à la technologie. Le couple coule de doux moments en compagnie de la fille de Scott, Cassie (Kathryn Newton), et des parents de Hope, Hank (Michael Douglas) et Janet (Michelle Pfeiffer).
Un jour, une invention de Cassie propulse contre son gré le quintette dans le Royaume quantique, un univers secret, hors du temps et de l’espace. Sur place, ils se heurteront à un puissant conquérant (Jonathan Majors) qui a réduit le peuple quantique à l’esclavage…
Ant-Man et la Guêpe sont loin d’être les héros les plus populaires de Marvel. Ils n’ont ni la feuille de route ni la popularité d’un Iron Man, d’un Capitaine America, d’un Spider-Man, d’un Hulk, d’un Thor ou même d’un Black Panther.
Il faut toutefois reconnaître que Paul Rudd est parvenu à donner à Scott Lang un charisme et un humour unique qui ont été pour beaucoup dans le succès des deux premières aventures solo de Ant-Man (en 2015 et 2018).
Or, voilà, Ant-Man et la guêpe – Quantumania est dépourvu de tout humour. Lors de la représentation à laquelle j’ai assisté, le public ne s’est esclaffé qu’à deux reprises… lors de deux scènes qui étaient pourtant dans la bande-annonce.
En fait, le film de Peyton Reed – un cinéaste en temps normal très compétent – parvient même à rendre le grand Bill Murray ennuyeux. C’est tout dire.
L’occasion était pourtant belle de faire preuve de créativité, le Royaume quantique offrant de multiples possibilités. Mais rien n’y sort de l’ordinaire. Le décor aux teintes ocre rappelle Chérie, j’ai réduit les enfants (1989). Tous les personnages y sont de plus anthropomorphiques et obéissent aux lois de la physique et du temps en vigueur sur la Terre. Pas fort…
C’est aussi une énième variation de la formule Marvel, le tout dans une succession de discours endormants du conquérant.
Même les scènes d’action sont génériques: Ant-Man utilise constamment les deux mêmes manoeuvres pour vaincre ses ennemis. Ça devient lassant… Et pour un personnage dont le nom est dans le titre du film, la Guêpe fait pratiquement de la figuration.
Si l’ajout de la pétillante Kathryn Newton à l’UCM est intriguant et qu’on risque de réentendre parler du conquérant, cela ne justifie certainement pas l’écoute de ce film qui n’est, en fait, rien de plus qu’un épisode de Traboulidon avec 100 000 fois plus de budget…
(Deux étoiles sur cinq)
Ruse
Il n’est jamais facile, au cinéma, de raconter une histoire en désordre chronologique. Le réalisateur Benjamin Caron y parvient très habilement dans le suspense Ruse (Sharper; Apple TV+).
Caron fait ici ses débuts au cinéma après avoir affiné son talent dans plusieurs séries télévisées adulées telles Wallander (2015), Sherlock (2017), The Crown (2016 à 2020) et Andor (2022).
Aidé des scénaristes Brian Gatewood et Alessandro Tanaka, le Britannique met en scène un libraire dépressif (Justice Smith), qui tombe amoureux d’une étudiante en littérature, Sandra (la nouvelle venue Briana Middleton, qui se débrouille très bien).
On découvre alors que la relation de Tom et Sandra n’est que le milieu d’une vaste histoire d’escroquerie menée par des personnages fascinants (notamment Julianne Moore et Sebastian Stan) aux motifs qui vont au-delà de la cupidité…
Les films où le récit ne suit pas une ligne du temps traditionnelle sont peu nombreux. Si Christopher Nolan est le maître du genre avec Memento (2000), The Prestige (2006) et Dunkirk (2017), d’autres oeuvres ont laissé leur marque, dont Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), Donnie Darko (2001) et Identity (2003).
Que ce soit clair: Ruse n’est pas Memento. L’histoire y est toutefois assez adroitement racontée pour nous réserver quelques très bonnes surprises et pour nous faire constamment douter de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas.
C’est un film qui fait travailler son auditoire alors qu’on passe deux bonnes heures à tenter d’assembler les pièces du casse-tête créé par Caron. Un réel plaisir.
(Quatre étoiles sur cinq)