Keri Russell fait face à un ours dangereux dans Ours sous cocaïne. - Gracieuseté
Ours sous cocaïne: folie sanglante
Ours sous cocaïne (en salles). Il n’y a pas de métaphore ou de deuxième degré dans le titre de ce film d’Elizabeth Banks. Seulement un ursidé dont la dépendance à la poudre blanche cause un carnage dans un parc national.
L’oeuvre est inspirée d’un fait divers. En 1985, des trafiquants de drogue ont perdu des millions de dollars de cocaïne dans une forêt du Tennessee. Un ours pesant 175 livres est tombé sur la marchandise, y a goûté et est mort d’une surdose.
Le scénariste Jimmy Warden s’est demandé ce qui se serait produit si l’animal avait survécu… et développé un goût pour la drogue.
Banks nous transporte donc au parc national Chattahoochee, en Georgie. C’est là qu’un chargement de drogue a été éparpillé après qu’un avion en route vers St. Louis se soit écrasé dans le Tennessee. Fiez vous à ma parole, le comment et le pourquoi n’ont absolument aucune importance.
Dans ce parc: une mère (Keri Russell) qui cherche sa jeune adolescente en cavale, une garde-forestière pas très futée (Margo Martindale), un spécialiste de la faune en tournée (l’hilarant Jesse Tyler Ferguson), des mafiosos et un policier à la recherche de la drogue et trois adolescents fauteurs de troubles. Lesquels tomberont entre les griffes du monstre poilu prêt à tout pour mettre le museau sur sa prochaine dose de poudre?
Il y a quatre types de films d’animaux tueurs. Il y a les rares qui réussissent à faire peur avec un scénario relativement crédible (Jaws, Cujo, Rogue, The Birds). Il y a aussi ceux qui essaient de faire peur avec un scénario plausible, mais qui échouent (Piranha, Orca).
Le troisième groupe est composé des films au scénario absurde, mais qui finissent par se prendre trop au sérieux pour être appréciés. Ceux-là font peu peur ou rire (Megalodon, Snakes on a Plane, Shark Night).
Il y a enfin le petit groupe d’oeuvres qui, malgré un scénario totalement déjanté, s’imposent comme des comédies d’horreur très efficaces (Lake Placid, Deep Blue Sea).
Ours sous cocaïne est du dernier groupe.
Le scénariste sait très bien qu’un ours qui avalerait un kilo de coke pure tomberait raide mort dans la minute. Il demande toutefois au public de le suivre dans son hypothèse complètement folle et d’accepter que le scénario dévie un peu de ce que nous enseigne la science.
Il en résulte un film qui procure plusieurs bons moments de frousse (surtout dans les deux premiers actes) et beaucoup d’éclats de rire.
Fortement critiquée pour son adaptation de Charlie’s Angels en 2019, la comédienne Elizabeth Banks (Effie dans The Hunger Games, Gail dans Pitch Perfect) se reprend de belle façon. Son Ours est violent et sanglant, mais baigne dans une formidable aura d’absurdité – le tout sur fond d’une musique inspirée des classiques de l’horreur des années 1950.
À l’instar d’un drogué dont la dose ne fait plus effet, le troisième acte d’Ours sous cocaïne manque cruellement d’énergie. Et l’ours pixelisé n’est pas toujours au point.
Cela n’empêche pas le film de Banks d’être un plaisir coupable exceptionnel, qui fait maintenant partie du palmarès des meilleures comédies d’horreur du jeune millénaire.
(Trois étoiles et demie sur cinq)
We Have A Ghost
Parce qu’elle est beaucoup trop inspirée par des classiques des années 1980, la très beige comédie surnaturelle We Have a Ghost (Netflix) ne parvient pas à développer sa propre identité.
Christopher Landon (Bizarre, Activité paranormale: l’empreinte du démon) signe le scénario et réalise cette variation sur le thème de la maison hantée.
C’est l’histoire de la famille Presley, qui achète une magnifique demeure historique de l’Illinois à (vous l’aurez deviné)bon prix. Le cadet du clan, Kevin (Jahi Di’Allo Winston), réalise un soir que la demeure est hantée par un fantôme muet et amnésique appelé Ernest (David Harbour, de la série Stranger Things).
Alors que son père (l’anormalement peu charismatique Anthony Mackie; Falcon dans l’Univers cinématographique Marvel) souhaite profiter d’Ernest pour s’enrichir, Kevin veut de son côté l’aider à découvrir ce qui a bien pu lui arriver. Leurs efforts seront toutefois mis à mal par une mystérieuse agence gouvernementale qui s’intéresse elle aussi à Ernest…
Il n’y a pas grand-chose d’original dans le film de Landon. Le scénario, dépourvu de toute subtilité et rempli de grossières incongruités, emprunte notamment à E.T. (1982), Ghostbusters (1983), Beetlejuice (1984) et Casper (1995).
C’est trop long, on rit à peine et la qualité des décors est gênante.
Heureusement, le jeu de Harbour et à la hauteur. Reste que l’ensemble n’a vraiment rien pour impressionner ou intéresser quiconque qui soit âgé de plus de 8 ans.
(Deux étoiles sur cinq)