Parfois, il m’arrive de comparer ma jeunesse avec celle de mes enfants. Ce que nous avions et ce qu’ils ont. Et les différences sont marquantes.

Par exemple, un classique: dans mon temps, on n’avait pas beaucoup de choix d’émissions de télévision. On n’avait pas Netflix et YouTube pour nous divertir, alors quand on voulait voir quelque chose de précis, on se rendait chez Édouard Arseneau au centre d’achat et on louait la VHS. Pas besoin de vous rappeler qu’il fallait remettre le film au début de la cassette avant de le retourner au magasin le lendemain avant 13h sinon on payait une pénalité.

D’ailleurs, quand j’étais petit, les enfants étaient plus en forme. Pas le choix: on devait marcher jusqu’à la télé pour changer les postes. Aujourd’hui, on reste assis, embourré de manettes par-dessus la tête pour être sûr de ne pas avoir à se lever. Quand j’étais jeune, j’en ai vu des moitiés de films à la télé parce que j’arrivais en plein milieu. On ne pouvait pas reculer une émission pour voir un bout qu’on avait manqué, alors on devait se contenter de ce qu’il restait à passer. On ne pouvait pas non plus avancer les annonces. Il fallait s’inventer une envie de pipi pour rentabiliser notre temps.

Quand on était petit, nos parents passaient leur temps à nous crier après pour qu’on rentre dans la maison pour souper. Aujourd’hui, on passe notre temps à crier après nos enfants pour qu’ils sortent dehors en attendant le souper. On vivait dehors. On sortait même nos jeux de société sur le balcon pour ne pas manquer une minute de soleil. L’hiver, on rentrait chez nous seulement quand notre habit thermos était tout’ trempe. Pas avant. D’ailleurs, on n’appelle plus ça «habit thermos», mais bien «habit de neige»… pourtant, de la neige, il y en avait plus dans mon temps que de ce temps-ci. Disons que mes bonhommes avaient pas mal moins de gazon dans la face que ceux de mes enfants.

Quand j’y repense, on était probablement toujours dehors parce qu’on n’avait pas autant de jouets que nos enfants. Moi, ma salle de jeu était dans la cave pas finie chez papa et maman. J’avais un tapis beige qui délimitait en quelque sorte mon espace et une bibliothèque me proposait des camions, des G.I. JOE, des bonhommes de lutte… Et c’est pas mal ça qui est ça. Mes jouets entraient tous dans une seule bibliothèque. Aujourd’hui, c’est pratiquement l’inverse: mon sous-sol est un Toys ‘R’ Us dans lequel j’ai réussi à m’installer un petit bureau pour travailler de la maison de temps en temps. Et malgré tout, mes flos finissent par me quémander un Kinder Surprise à chaque visite au IGA du coin.

En 1985, le diable est débarqué dans nos maisons, armé de deux manettes et d’une cassette dans laquelle il fallait parfois souffler pour la nettoyer. Mes parents m’achètent ma première console de jeu vidéo: la Nintendo. J’ai passé des heures et des heures, dans la chambre à papa à la noirceur, à faire sauter Mario Bros sur des tortues pour essayer de «faire le tour de la cassette». Aujourd’hui, les jeux vidéo n’impressionnent plus beaucoup d’enfants, mais dans le temps, c’était la grosse affaire. Avant Nintendo, il y avait eu les Coleco, Atari et Commodor 64, mais rien n’arrivait à la cheville «du vrai jeu de puissance». De nos jours, avec tous les jeux de iPad, iPhone et iYayaille de ce monde, les enfants n’ont plus l’excitation qu’on avait de se rendre louer un jeu pour la fin de semaine, mais de se rendre compte que quelqu’un l’a loué avant nous.

Quand on était petit, aller courir dans le parc était une activité trippante; aujourd’hui, c’est presque une punition. Avant, nos parents nous transportaient en char, assis entre leur deux, sur le banc d’en avant, pas attachés, les fenêtres fermées pendant que les deux fumaient leurs rouleuses Matinée. Aujourd’hui, c’est juste si l’on ne leur fait pas porter leur casque de vélo, couché dans la valise de l’auto. À sept ans, on choisissait tous nos cadeaux de Noël dans le catalogue Sears, après la section des gâteaux aux fruits et celle des bijoux laids; mon gars, lui, peut choisir dans une revue, dans une boutique, sur un site web, sur une circulaire, dans son imaginaire. Il n’y a plus aucune limite.

Ces enfants d’hier, c’est nous. Nous, qui avons vécu l’arrivée de l’internet dans nos maisons. Nous, qui sommes passés des vinyles, aux cassettes, aux disques compacts, aux MP3, au vol de droits d’auteurs en streaming. Nous, qui avons subi le passage du téléphone roulette à celui à boutons; du téléphone portable à flip, au flop du BlackBerry jusqu’à la secte des iPhones. Nous, qui sommes passés d’individus vivant en groupe à groupe d’individus.

Nos enfants d’aujourd’hui, de demain, seront ces enfants d’hier. Espérons que nous serons tous encore là pour entendre ou lire ce qu’ils retiendront de leur passé.

On se r’parle!

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle