Le troisième chapitre de la franchise Creed (en salles) est assurément le moins réussi de la saga. Ça n’en fait pas pour autant un mauvais film. Bien au contraire.

Il faut dire que la barre était haute. Le premier opus de la série est arrivé comme une bouffée d’air frais avec son rythme endiablé, la cinématographie innovatrice et presque parfaite de Ryan Coogler, et un Rocky Balboa (Sylvester Stallone) tellement attendrissant qu’il a été nominé pour un Oscar.

La suite, elle, puisait à fond dans la nostalgie en opposant le dauphin de Balboa au fils d’Ivan Drago, près de 25 ans après le légendaire combat entre les deux immortels dans Rocky IV (1985), un des meilleurs feel-good movies de l’histoire.

Dans ce troisième chapitre de Creed – le neuvième de la saga Rocky -, Adonis Creed (Michael B. Jordan) occupe sa retraite en prenant le thé avec sa fille et en veillant aux intérêts du nouveau poulain étoile de son entreprise, le coriace Felix Chavez.

Un jour, Adonis est accosté par Damian Anderson (Jonathan Majors), un vieux copain, ancien champion amateur de boxe, qui sort de prison après un séjour de 18 ans.

Ce qu’Adonis ignore, c’est que son passé vient de la rattraper. Et que pour exorciser ses démons, il va devoir remonter sur le ring pour affronter Anderson, un boxeur vicieux et arrogant qu’il considérait pourtant comme un frère deux décennies plus tôt…

Deux éléments importants manquent cruellement à Creed 3: le Rocky de Stallone et un cinéaste doté d’un sens artistique supérieur à la moyenne.

Non convaincu de la qualité du scénario et en guerre ouverte avec le producteur de la franchise (Irwin Winkler), le vétéran Stallone a fait le choix de ne pas participer au tournage. Sa bonhommie et sa sagesse manquent au récit, d’autant plus que son absence n’est étrangement pas expliquée à l’écran.

Quant à la qualité visuelle de l’oeuvre, elle repose entre les mains de Jordan, qui signe la réalisation d’un premier film. Le jeune homme fait un travail honnête grâce à une approche prudente, mais il n’est malheureusement pas à la hauteur des standards qu’avait établis Coogler dans le premier film – notamment dans les scènes de combat.

Le scénario, lui, emprunte au Rocky original alors que – comme Appollo face à Rocky – Felix, puis Adonis, font face à un gros cogneur inconnu et négligé qui n’a absolument rien à perdre.

Heureusement, Majors est exceptionnel dans le rôle d’Anderson, un pugiliste dont la puissance brute et le comportement quasi animal rappellent l’ancien champion poids lourds Mike Tyson.

Si le scénario est très prévisible, Creed 3 parvient quand même à nous tenir en haleine (surtout au 3e acte) et à nous émouvoir. C’est un film de boxe avec de vrais sentiments, qui porte un regard très humain sur un homme, ses erreurs et leurs conséquences.

Ça peut sembler mielleux, mais croyez-moi, ce n’est pas du tout le cas et la tension exceptionnelle du combat final vaut à elle seule le coût du billet.

(Trois étoiles et demie sur cinq)

 

Ce qu’elles disent

En nomination pour deux Oscars, dont celui du meilleur film, le drame Ce qu’elles disent (Women Talking), de la cinéaste canadienne Sarah Polley, est une puissante fable féministe.

Sorti en salles à la fin de la dernière année, ce petit bijou du cinéma de répertoire est enfin disponible en vidéo sur demande.

De 2005 à 2009, une centaine de filles et de femmes mennonites ultra­conser­va­trices de la Bolivie ont été droguées et violées à maintes reprises par des hommes de leur communauté. Les coupables ont été traduits en justice.

Dans le roman Women Talking, la Canadienne Miriam Toews s’est demandé ce qui se serait produit si, après l’arrestation des coupables, les femmes les plus influentes de la communauté s’étaient réunies pour discuter. Auraient-elles choisi de pardonner, de fuir ou de lutter?

Le fruit de ces réflexions est brillamment porté à l’écran par Polley (Stories We Tell, Away from Her), qui signe le scénario. Il faut dire que les dialogues sont aussi exceptionnels que la distribution, avec en tête de liste Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley et Frances McDormand.

Polley et Toews brossent le navrant (mais très inspirant) portrait d’un groupe de femmes sans éducation, qui servent deux maîtres (les hommes et Dieu) sans avoir la moindre liberté ou identité.

Il en résulte un film dépourvu d’action, émouvant et innovateur qui, malgré son contexte à des lieux du nôtre, parvient à nous faire réfléchir sur le pouvoir de la solidarité féminine.

(Quatre étoiles sur cinq)

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