Blaine Higgs est un personnage qui n’a pas froid aux yeux. Un peu comme Donald Trump, le premier ministre aime briser les normes en allant au-delà des limites établies.

Au fil des années, l’audace de Blaine Higgs a donné à son leadership un parcours en dents de scie, souvent marqué par des volte-face spectaculaires. On a qu’à penser à sa réforme de la santé avortée lors de son premier mandat, au fiasco des négociations avec le Syndicat canadien de la fonction publique en 2021 et, plus récemment, à sa tentative d’éliminer l’immersion française.

À quelques reprises, son attitude de fonceur lui a permis d’arriver à ses fins et de transformer le visage de la province. Ici, on peut penser à son accueil à bras ouverts des députés de l’Alliance des gens, qui pourrait bien avoir cimenté l’image de son parti en tant que confédération de régions anglophones. Sur un ton plus positif, son intrépidité a permis à son gouvernement de mettre en œuvre la plus grande réforme de la gouvernance locale depuis l’ère Louis J. Robichaud.

L’autre grand dossier dans lequel le cran du premier ministre lui a permis de changer le cours de l’histoire néo-brunswickoise, c’est les finances publiques.

Blaine Higgs aime nous rappeler qu’il n’est pas un politicien comme les autres. C’est vrai. On ne peut dire de lui qu’il est un politicien de carrière qui gère la chose publique au gré des sondages d’opinion. Il est plutôt ce que le professeur Donald Savoie appelle un « politicien de mission », c’est-à-dire quelqu’un qui est motivé par des buts précis bien davantage que par l’obsession de rester au pouvoir le plus longtemps possible.

Cela se voit notamment dans le langage utilisé par le premier ministre. Blaine Higgs a souvent dit vouloir se lancer en politique parce que le Nouveau-Brunswick courrait à sa perte. Tel un bon puritain, Blaine Higgs se voit comme celui qui doit « sauver » le Nouveau-Brunswick, ou à tout le moins, ses contrées anglophones.

Bien sûr, en bon puritain, Blaine Higgs abhorre la dette, la voyant comme un signe d’échec ou de faiblesse morale. À cet égard, il considère sans doute son passage en tant que premier ministre comme une occasion d’obtenir sa rédemption.

On se rappellera que, comme ministre des Finances dans le gouvernement de David Alward, Blaine Higgs a dû livrer quatre budgets déficitaires qui, ensemble, ont représenté l’un des pires bilans financiers de l’histoire du Nouveau-Brunswick.

Bien sûr, Higgs n’était pas vraiment responsable du déclin financier de la province à l’époque. Celui-ci était plutôt le reflet d’un contexte fort morose. Le Nouveau-Brunswick se trouvait alors coincé dans l’une des plus longues périodes de stagnation économique depuis la Grande Dépression. Les transferts d’Ottawa étaient également figés dans le temps. De plus, en tant que ministre des finances, Higgs n’avait pas le dernier mot sur la politique fiscale du gouvernement.

Aujourd’hui, la donne est radicalement différente. En tant que premier ministre, Higgs est désormais fermement aux commandes de la province. Et avec la flambée des prix, une croissance démographique qui explose et des transferts fédéraux en forte hausse, l’argent coule à flot dans les coffres de son gouvernement.

Plutôt que d’utiliser cette manne pour venir en aide aux Néo-Brunswickois ou encore bien préparer l’avenir, Blaine Higgs a essentiellement choisi de garnir le bas de laine de la province. En conséquence, le Nouveau-Brunswick connaît depuis le début de la pandémie ce qui pourrait bien être la plus rapide et importante amélioration de sa posture financière de son histoire.

C’est mardi le 21 mars que nous saurons si le premier ministre entend continuer de renflouer les coffres de la province avec son zèle de missionnaire. Qui sait, peut-être aura-t-il une épiphanie et que, réalisant que sa mission de « sauver » la province est largement accomplie, il déliera les cordons de la bourse pour s’attaquer aux vrais problèmes auxquels sont confrontés les Néo-Brunswickois.

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